InvitéInvité | Sujet: Quelques histoires Mar 17 Mai - 23:12 | |
| N'étant pas douée pour le graphisme et pour la poésie, je me contenterais donc de l'écriture. Voila la première histoire: - Spoiler:
Bonjour docteur... Je suis le Docteur Jason Patch (J.P pour les intimes), psychiatre de profession et psychologue à l'occasion. Je suis reconnu dans mon milieu comme étant un expert en la matière, quelques gazettes médicales m'ont déjà adressé leur éloges et leurs critiques. A mon compteur, plus de 20ans d'expérience avec quelques ouvrages best sellers auprès de mes confrères. J'exerce à Paris depuis mes débuts mais plus pour longtemps, trop de patient mais aussi, et surtout, pour la météo: temps gris toute la semaine pendant près de 20ans m'ont déprimé. D'ailleurs, cette après midi je recevais ma dernière patiente avant de partir à Marseille, une jeune fille nommée Marie Travis qui avait environ la quinzaine avec une crise de la quarantaine. Autant vous dire qu'avec celle là, ce n'était pas tâche facile! Jusqu'à cette après midi d'ailleurs, nos consultations s'en tenait seulement à "Bonjour! Comment allez vous? Bien et vous? Merci beaucoup! A la semaine prochaine!" , mon cabinet devenait alors aussi reposant qu'une crypte. Cela ne me dérangeais pas tellement en fait, vu qu'elle n'arrivait qu'en fin de journée cela me faisais une pause avant de rentrer. Sa mère payait pour rien, elle me reprochait toujours de ne rien faire pour elle mais ce n'est pas de ma faute si sa fille est aussi peu coopérative! Elle n'avait qu'à ouvrir le dialogue car après tout, c'est sa mère! Les mères se doivent de parler avec leur enfant, c'est bien connu! Bref, elle fréquentait mon cabinet pendant près de 5mois avec une visite hebdomadaire ponctuelle. Toujours à l'heure, jamais une minute de retard même en plein hiver où le verglas couvrait la rue. J'en venait à croire qu'elle était équipée d'une horloge interne, peu ordinaire pour son âge. Elle sonnait à porte, je venais lui ouvrir et c'était partit pour 1h de silence total car une fois allongée sur le divan, silence radio! Pas le moindre mot, le moindre soupir, je passais mes heures à m'occuper ou à la contempler: son regard bleu gris cachés par sa longue mèche brune, emprunt éternellement d'un air mélancolique, chétive et le teint blême, Mademoiselle ne devait manger beaucoup. Et, autant que je m'en souvienne ( Dieu sait que j'ai bonne mémoire), je l'ai toujours vu en jean avec un tee-shirt blanc. Même en plein coeur de l'hiver, elle était en tee-shirt blanc pour la visite. A croire qu'elle n'avait que ça dans sa penderie ou bien qu'elle était touchée par cette maladie génétique, l'insensibilité congénital à la douleur si mes souvenirs sont bon. Même si ses lèvres ne s'ouvraient jamais pour parler, je ressentais comme une intense douleur intérieur qui la rongeait petit à petit et cela me dérangeais de ne pas savoir pourquoi. Oh mais ce n'était pas ça qui allait m'empêcher de dormir! Non monsieur! Chacun ses problèmes et les miens en premiers! Non, juste une sensation désagréable d'être en fin de compte inutile... Mais tout ça avait changé cette après midi.Allongée sur le divan comme d'habitude, elle engagea d'elle même la conversation. -Alors docteur, vous partez?Surpris d'entendre pour la première fois sa voix, je répondis sans vraiment réfléchir:-Et oui Mamzelle! Je n'aurais plus a subir ta mélancolie! -Sympa doc! Elle ria, un rire discret mais tellement doux, un rire sonnant comme du cristal. Elle se tut, une rechute. Je me disais aussi que cela ne durerait pas longtemps mais la gamine est pleine de surprise, elle m'étonna encore une fois.-Voila donc, je vais vous raconter mes problèmes. Depuis le début.-Je t'écoute, ta mère me paye bien pour ça. *Je sens que ça va être épique!* -Donc, je vais commencer par le commencement. Quand j'étais petite, j'avais une enfance dorée d'enfant unique. Chez moi, tout allait bien c'était la période que je regrette tant aujourd'hui car, vous le savez peut être docteur, mais arrivée à l'année 2004 tout à basculé. D'abord, mes parents ont divorcés, j'en étais très attristée mais encore, je comprenais bien leur choix même si je n'étais encore qu'une petite fille. J'étais même enthousiaste à l'idée de vivre ici avec maman, je voulais me montrer comme étant mature. Ce qui a été le plus dur, c'était de changer d'école. Je m'en souviens encore du début d'année, quand je disais que je ne partirais jamais. Héhéhé, j'avais tort...dit elle en baissant d'un ton, presque en murmurant, Je me souviens encore sur le quai, quand je disais adieu à mes 2 meilleurs amis. Vous savez doc, à cause de ma timidité je n'avais pas beaucoup d'amis mais il ne m'en fallait pas plus pour être heureuse. Elle se tut pendant quelques minutes, soupira en murmurant, Aaaaah, Anna et Bastien. Comme ils me manquent encore...sur ce dernier mot, je vis couler sur sa joue une larme cristalline. Elle reprit, avec la voix tremblotante de quelqu'un sur le point de pleurer:-J'ai atterris dans une nouvelle école et sa ne s'est pas bien passé. Pas du tout même. Dites moi docteur, savez vous ce que sa fait d'être seul pendant tout une année? Moi oui....Je....je me souviens encore de ce banc où je passais le plus clair de mon temps, seule comme une paumée. Je j'étais et je reste timide, mais les autres n'ont rien fait pour m'accepter eux non plus...Ils n'ont rien fait....à part rire dans mon dos....Oui....je m'en souviens comme si c'était hier. On me poussait dans la cour, on me faisais des croches pattes, on m'ignorait quand je parlais, comme si je n'existais pas. Personne ne voulait jouer avec moi et au sport, lorsque j'étais, contre mon gré docteur, chef d'équipe, les élèves se cachaient ou me faisaient de grand signes pour me dire de ne pas les choisir et quand je désignais quelqu'un, il soupirait systématiquement. A la cantine, j'étais la seule qui n'avais pas l'embarra du choix concernant la place. Les animateurs étaient obligés de me placer et dans la table qui m'accueillait, comme pour me punir d'être à leur côtés, les élèves me piquaient les desserts, me tapaient sur la jambe, les bras avec la fourchette, ils renversaient de l'eau dans mon plat en plus. Je ne pouvais jamais manger...je crois que les seuls amis que j'avais c'étaient les animateurs. Des fois, lors de parties de foot dans la cours, les élèves envoyaient le ballon à l'étage du dessus et une fois, alors que j'allais chercher le ballon, l'un des joueurs m'a attrapé par le col et m'a tiré en arrière alors que je montais les escaliers! Si je ne m'étais pas rattrapée par la rampe, je pouvais me blesser ou encore me tuer. Il aurait pu montrer un signe d'excuse ou de remord, RIEN docteur! Comme si je n'étais rien! En réfléchissant à ce geste quelques minutes plus tard, je regrettais de m'être rattrapée. A seulement 9ans docteur, je songeais déjà à la mort! A l'époque, je ne connaissais pas le mot "suicide" mais je voulait l'expérimenter...-N'est ce pas un peu exagéré? dis je, Vous m'auriez retiré une source de profit! -Non docteur, je vous jure que tout cela est la vérité! Elle continua son récit, Une fois d'ailleurs, j'étais à table les gens de ma classe. On a commencé à m'échauffer, j'étais folle de rage et je disais n'importe quoi pour évacuer. Je criais que je pouvais tous les mettre à terre, les 6 de ma table même si ils étaient plus grand et plus fort que moi. La fille qui était assise à côté de moi commença à m'insulter, et me fit un doigt d'honneur caché. Elle mima le geste en couvrant son majeur droit avec sa main gauche, Quand l’animateur est arrivé et qu'il demanda des explications, j'avais dit ce qu'elle m'avait fait mais elle se défendait la garce! Elle soutenait qu'elle cachait son index! Elle me prenait vraiment pour une conne! sa voix monta d'un ton et ses yeux étaient rouge de colère. Mais heureusement, c'était la première fois que je l'entendais dire "heureusement", l'animateur avait cru à ma version des faits et cette garce a été punit. Héhéhé....Cet à ce moment que je comprit qu'elle m'avait oublié, elle parlait librement comme si personne n'était à ses côtés. Bien ma veine ça! J'allais être obligé de tout écouter comme l'exige la profession. Je jetai tout de même un petit regard sur l'horloge, encore 20minutes d'écoute. Elle continua: -Je pense que je vais m'arrêter là pour l'enfance, le reste de ma scolarité ressemble étrangement à cette année de CM1, en moins pire. J'ai rencontré ma nouvelle meilleure amie, Anastasia qui est à l'opposé de moi. Elle est belle, souriante et extravertie, intelligente et elle se fait plus d'amis en une semaine que moi en une année. Elle était avec moi durant toutes mes années au collège, mais nous nous sommes séparées pour le lycée. Maintenant dans ma classe, je suis seule....terriblement seule.....mais les effets de la solitude ne m'affectent plus depuis. L'habitude sûrement.Dit elle avec un léger sourire, je devinais aisément l'amertume et l'ironie d'un tel sourire, Aujourd'hui, je suis plus inquiète par mon avenir. En effet, je suis nulle en tout docteur! J'ai tout juste la moyenne et pourtant, je ne ménage pas mes efforts! -Que veux tu que je te dises? C'est comme ça... -Vous avez sans doute raison docteur....quand on est nul on y peut rien. Et je vois déjà mon avenir d'ici: balayeuse ou éboueuse.-Non, ça c'est pour ceux qui ont 2 de moyenne. -Alors, je vais finir opératrice téléphonique chez Orange ou Bouygue télécom et après, disons, une vingtaine d'années, je me suiciderais comme ont fait d'autres avant moi. Alors je deviendrai une simple statistique...-Tout le monde est considéré comme une statistique. -C'est vrai...et dire que j'ai osé avoir un rêve....j'en reviens pas!-Quel est ce rêve? dis je intrigué. -Je voulais être Médecin généraliste. Non pas pour le prestige ni même l'argent, mais pour être utile à la société et pour me venger. -Te venger? De qui? -De toute le monde et en particulier, de cette maladie orpheline qui a tué mon cousin. Je veux devenir médecin, pour éviter que d'autres finissent comme lui. Mais je suis trop nulle en Math pour faire ça...qui voudrait d'un médecin qui n'est pas capable de trouver la forme canonique d'une fonction? dit elle pleine d'amertume et les larmes aux yeux. Comme pour se cacher, elle mit ses mains de façon à cacher son regard nuageux. -Bah! A une époque, on ne savait même pas ce que c'était la forme canonique et pourtant, il y a bien des médecins qui exerce sans savoir ce que c'est. Moi par exemple. Je m'arrêtais quelques secondes, Serais tu prête à tout donner pour réaliser ton rêve? -Evidemment! Tout ce que j'ai! Tout mon temps libre! -Alors, si tu fais preuve de beaucoup de volonté, tu devrais y arriver...après ce que tu as vécue, je pense que tu es capable d'avoir la force nécessaire pour soulever des montages. Je voulais me faire rassurant. Je vis alors dans son regard, une étincelle d'espoir briller dans son oeil mouillé. Avais je dit la phrase magique. Reconnaissante, elle me remercia mille fois avant d'entendre la cloche sonner 19h. Il était l'heure des adieux, la seule heure où la jeune fille s'était exprimée était l'une des heures les plus marquantes de ma vie. Elle me rappelais, en quelques sortes, mon état d'esprit alors que j'étais un adolescent perdu et aidé par quelques rares amis. -Allez! Paie moi et barre toi morveuse! dis je. Je vis sur ses lèvres un sourire radieux et me laissa son chèque avant de partir. Plus jamais je n'ai entendu parler de Marie Travis....si ce n'est dans mes revues médicales...FIN
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InvitéInvité | Sujet: Re: Quelques histoires Mer 18 Mai - 1:46 | |
| Bon, je l'ai pas encore lu, car je viens de le voir, mais je le lirais demain. A première vue (lecture diagonale), ca a l'air pas mal cette histoire de médecin.
EDIT : Belle histoire. Bien écrite et tout. Franchement, si tu en a d'autre du même cru, mets les |
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