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 Le dernier refuge

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Elfwyn
Elfwyn
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MessageSujet: Le dernier refuge   Le dernier refuge Icon_minitime1Jeu 16 Oct - 15:54

Le dernier refuge

Le dernier refuge 1810

Rares sont les lieux regorgeant d'une histoire aussi immense que celle Du dernier refuge. Le plus intéressant n'est pas tant son existence, mais le pourquoi ! Pourquoi cette bâtisse est-elle perdue au coeur des plaines ravagées ? Pourquoi cet endroit lugubre se nomme t-il ; Le dernier refuge ? y en a t-il eu d'autres ? si oui, à quoi ont-ils pu servir ? Il n'existe qu'une entité au monde qui serait à même de vous répondre. Quant au récit qui va suivre, vous la devez à un ancien Vampire qui finit par abandonner ses idéaux afin d'embrasser une vie d'ermite. Il avait pour habitude de torturer ses victimes avant de les saigner à blanc. Il avait tout son temps, ainsi l'utilisait-il pour assouvir ses fantasmes les plus enfouis. Jusqu'à cette fameuse nuit à l'an 12.047 avant G.C...


La nostalgie de la tombe

Au crépuscule du 9 Phobos du mois de Nero, une silhouette se dessina à l'horizon des contrées ravagées. Et plus elle avançait, plus elle intriguait... Une aubaine pour le prédateur terré dans sa grotte ! Ce n'était pas toutes les nuits qu'il était ainsi servit dans sa couche. Arborant son plus beau sourire édenté, le Vampire fondit sur sa proie avant même que celle-ci n'eut le temps de briser le silence. Grâce à son odorat, il sut ce qui lui était essentiel de savoir ; c'était une fille âgée d'une vingtaine d'années, vierge et déprimée. Or, si la peur venait à s'y ajouter ! son cocktail favori serait fin prêt. Emmitouflée dans une épaisse fourrure visiblement trop grande pour elle, le Vampire la déballa comme un enfant le ferait avec son cadeau... Il avait hâte de découvrir ses traits ! hélas...

Elle était plus mystérieuse que belle ; des cheveux noirs aussi raides que des baguettes de tambour, le teint blafard et les yeux noirs... Au vu de son odeur, il eut l'audace de croire en la beauté incarnée ! Mais son étrange visage effilé raviva des souvenirs que le Vampire n'avait pas forcément envie de garder. D'ailleurs, son air pensif poussa la demoiselle à lui demander si tout allait bien. Le prédateur se mit alors à rire d'elle à gorge déployée tout en lui signalant qu'elle ferait mieux de s'inquiéter de son propre sort ! Mais cette dernière lui révéla avec la même spontanéité qu'elle n'en avait cure de ce qui adviendrait d'elle, d'où sa présence en ces lieux sordides. Quoi ? une suicidaire ?! Mais comment allait-il lui faire peur si elle avait parcouru tout ce chemin dans l'unique but de trépasser ?! Frustré, l'ermite s'éclipsa abandonnant la jouvencelle à la solitude de son antre.

Ca ne sera que bien des heures plus tard qu'il fera son retour. La gorge rincée du sang des innocents, la colère apaisée... il allait pouvoir jouir de son habituelle quiétude afin de savourer ce doux nectar qui circulait en lui. Mais c'était sans compter sur la présence indésirable de cette femelle au regard vitreux ! Que faisait-elle encore là ? Ha oui... il était vrai que son désir était de mourir... Le Vampire lui promit alors d'accéder à sa demande si elle trouvait le moyen de faire disparaitre les souvenirs que son apparence avait fait ressurgir depuis les tréfonds de sa conscience. À cela, la jeune femme lui somma de tout raconter. Selon elle, il n'y avait pas meilleure purge pour extérioriser et ainsi se débarrasser de l'insaisissable !


Plongée dans l'immensité du passé

L'étrange récit du vieux Vampire débuta il y a près de 15.000 ans, ces terres où la vie battait son plein en association avec la nature. À cette lointaine époque, l'homme ne savait ni lire ni écrire, un art Elfique qui fit son entrée bien des siècles plus tard. Le jeune garçon qu'il était habitait une petite chaumière à la base d'une montagne, ses parents étaient chasseurs, comme tout un chacun. Une vie simple et agréable se traçait devant lui. Mais lorsque le jour de faire ses preuves arriva, son monde bascula dans l'horreur !

Tout jeune chasseur devait surmonter ce qu'ils appelaient en cet âge ; Le rabat. Cette coutume dut son titre à un imprudent, ou un imbécile, qui rabattit le gibier qu'il avait débusqué jusque dans le logis de ses voisins, la bête massacra la petite famille avant de se retourner contre son traqueur. Depuis lors, les anciens jugèrent bon d'éduquer leur progéniture à la chasse. Le rituel du rabat en est l'heureux résultat ! C'est toujours impressionnant au début ! ; lui confia son père. Puis d'une tape sur l'épaule, il fit comprendre à son fils qu'il était temps ! La glotte bloquée, le soufflé coupé, le petit disparut dans les épais feuillages... et plus jamais, ses parents ne le reverront !

Il marcha sans trouver la moindre trace durant près de six jours, en cette saison, les baies se faisaient rares et l'eau ne sortait que durant les nuits de pleine lune... Ses yeux rivés sur le sol, le petit ne fit pas attention à l'imposante bâtisse qui se dressait devant lui ! Son front heurtant une porte à moitié pourrie suffira à lui faire prendre conscience de cette découverte pour le moins... sinistre ! Hélas... son petit accident généra au coeur de ces murs, des bruits semblables à des pas foulant un plancher grinçant... Effrayé, l'enfant voulut se cacher, mais en se retournant il plongea dans le pan d'une robe, avant que deux mains ne s'en viennent lui agripper le dos ! Un cri strident retentit dans toute la forêt, mais nul réconfort ne s'en vint le faire taire. Trainé de force dans la maison, le petit se retrouva face à quatre femmes. Elles portaient toutes une robe sombre, aussi sombre que leur cheveux encadrant leur visage sans teint...

Peut-être était-ce dû à la peur, mais il ne comprit pas un mot de ce qu'elles baragouinaient. Si c'était une autre langue, alors elle avait le mérite de donner la migraine ! Étant ce qu'il était, l'enfant s'excusa de les avoir dérangé, et leur promis de ne plus revenir les embêter. Sur cette supplication branlante, la plus ridée se pencha sur lui, à portée d'haleine ; Sileeeeeeeeeeence... Lui chuchota t'elle. Sa voix éteinte nimbée de mystère fit se dresser le duvet qui parcourait son échine. De là, il ne lui était plus guère possible de bouger... il était comme qui dirait ; littéralement pétrifié !


Les Mallevs

Le garçonnet demeura ainsi figé durant près de trois jours. Les femmes ne dormaient jamais... elles passaient le plus clair de leur temps à griffonner d'étranges symboles sur des planches de bois. L'enfant quant à lui n'éprouvait pas la moindre sensation de tenaillement due à la faim, ni aucun autres besoins dont la nature avait le secret. C'était comme si son organisme tout entier avait cessé de fonctionner, sans toutefois lui ôter la vie ! Malheureusement, la plus ridée n'avait pas oublié son petit invité. Ainsi finit-elle par s'en venir jusqu'à lui... si seulement il pouvait s'isoler derrière ses paupières ! C'était une personne franchement laide, bien que le plus effrayant résidait dans son oeil gauche complètement laiteux... De là, elle se mit à lui parler.

Selon ses dires, l'enfant était désormais sien ! Son existence serait vouée à l'esclavage pour le groupuscule. Et afin de pallier à la faiblesse des êtres de son âge, la femme effleura la joue du jeune garçon le libérant ainsi de sa prison spirituelle. Mais dans les secondes qui suivirent, une atroce douleur le submergea ! Ses os se mirent à craquer, sa peau lui démanger, son visage lui brûler... Cela dura, et dura encore ! Et quand enfin le supplice s'acheva, l'enfant n'était plus. Désormais adulte, il pouvait s'acquitter avec aisance des diverses besognes que ces femmes lui assigneraient.

Deux semaines passèrent, et l'enfant désormais prisonnier dans un corps d'adulte n'avait d'autres choix que d'être au petit soin pour cette inquiétante fratrie. Son libre arbitre l'avait déserté, il ne pouvait alors échapper à son funeste Destin ! Ces femmes étaient aussi proches que pouvaient l'être les doigts d'une main, mais la plus jeune des quatre nourrissait néanmoins un désir qu'aucune de ses ainées ne pouvaient étancher. Elle avait envie du jeune homme, elle voulait le toucher, le caresser, le sentir en elle ! Alors peu à peu, elle s'approcha de lui afin de laisser libre cours à ses pulsions. Ses attouchements n'avaient rien à voir avec l'idée que l'on se fait de l'amour ! Elle était brutale, perverse, vulgaire. Mais d'un autre côté le vieil enfant espérait que dans un accès de démence elle finisse par le tuer, ce qui le libérerait de son carcan !

Plus les jours passaient, plus elle se faisait exigeante ! Mais à la quatrième aurore, elle se fit surprendre. Son châtiment fut sans appel ; l'exil ! Il se souvenait encore des paroles prononcées, grâce à la malédiction qui pesait sur lui, il pouvait comprendre leur langue. La plus ridée était furieuse, mais une Mallevs ne pouvait en tuer une autre, leurs propres maléfices les en privaient. Mallevs signifiait Maléficienne en langue des Diablotes. Le jeune "homme" le comprit facilement lorsque la vieille se prononça sur leur origine. Au nom du mobile le plus vieux du monde ; elle fonda cette communauté afin de pouvoir régner sur Astrune. En ce temps là, il n'existait point de but précis pour ces êtres à l'âme noire, sans l'influence des Divinités Abyssales, la précarité du Mal était de mise. Lolth était encore une Déesse Céleste, elle qui pourtant fut la première à être bannie ! Mais si l'on se fiait à cette même logique, il fallut pourtant une intervention pour que germe une telle idée dans l'esprit de cette cinglée.


L'incursion des Mallevs

Deux ans après l'exil de la quatrième phalange, quelqu'un toqua à la porte de la sinistre bâtisse. La plus ridée s'en alla ouvrir et laissa entrer l'inconnue sans même poser la main sur elle. Le vieux garçon comprit le pourquoi dès l'instant où il la vit... Des cheveux noirs comme la nuit, une peau terne, et ce même regard froid ! C'était une Mallevs ! Elle devait avoir dans les alentours de neuf ou dix ans, et visiblement, c'était seule qu'elle avait fait le trajet. Avide de connaissances la fillette voulut tout savoir, or, la harpie comptait bien faire son éducation, aussi lui livra t-elle nombre de secrets que seule une Mallevs était en droit de connaitre. Tapi dans un coin, l'esclave assista à l'intégralité des échanges...

    - Qu'est-ce que je suis ? Questionna l'enfant.

    - Tu es notre fille ! Répondit posément la vieille de sa voix tremblante dénuée de toute expression.

    - Votre fille ? Mais j'ai des parents, j'ai un père et une mère ! Rétorqua t-elle complètement perdue.

    - Eux ? ils ne sont que les artisans ! Ils ont simplement contribué à façonner ton corps, mais pour le reste, c'est de notre fait ! Devant le silence interrogateur de la gamine, la ridée poursuivit ; Tu es née d'une malédiction, une Mallevs ! Nous sommes capables de maudire nombre de choses, choses dont la nourriture et l'eau font parties. Nous pouvons maudire pour donner la mort, mais aussi pour faire don de vie à notre descendance ! Comme tant d'autres aujourd'hui, tu fais partie intégrante de cette lignée mon enfant !

    - Et ça sert à quoi une Mallevs ?

    - À imposer son règne, à assoir sa place légitime ! Tu l'ignores sans doute, mais l'espèce dont tu découles se meurt. Elle n'est qu'un test, et nous ? nous sommes l'opportunité !

    - J'y comprends rien ! l'opportunité de quoi ?! Cria la petite.

    - Crie encore et je fais disparaitre ce trou putride qui te sert de bouche ! Vociféra la vieille, avant de reprendre sur un ton quelque peu radouci. Le visage de mes rêves m'a fait ce don afin que nous puissions survivre à ce petit jeu. Les entités Célestes se permettent bien des écarts, et celle qui a conçu en secret la race de tes parents se moque bien de l'extinction qui s'en suivra ! Nous sommes à la fois l'avènement et le châtiment ! Nous sommes les Mallevs !

    - Et on va faire quoi ?

    - Tout d'abord, laisser les évènements suivre leur cours. Et quand notre heure sera venue, les autres races ayant droit de vie en ce monde par décret Divin, périront sous le coup de nos maléfices ! Je devine alors que nous sommes l'instrument d'une jalousie Céleste, n'est-ce point une perceptive réjouissante ?

    - Oh ça oui alors ! Gloussa l'enfant au regard pétillant de bonheur.

La race sans nom dont faisait mention la harpie s'élevait à une centaine d'individus disséminés ça et là afin de demeurer discrète sous l'étroite surveillance des cieux. Et comme elle l'avait prédis, celle-ci finit par s'éteindre au bout de deux-cents ans. Mais les Mallevs, invisibles aux yeux Célestes, édifièrent neuf refuges de par le monde. Ces bâtisses servaient de base à cette organisation composée essentiellement de femmes, quant aux quelques hommes que l'on pouvait dénombrer sur les doigts d'une main, leur rôle ne dépassait guère celui de l'esclave. Puissamment maudits, leur longévité se poursuivait au-delà du naturel !


Les neuf refuges

Deux mille ans s'écoulèrent, et notre vieil enfant souffrait de plus en plus de son affliction. Son corps ne semblait point altéré par les ravages du temps, mais en sa matrice, il n'était qu'un vieillard depuis longtemps éteint... Ses dents trahissaient son apparente santé, à cela une question se posait : Allait-il demeurer sous cette emprise encore longtemps ? De toute évidence, sa vie était liée à celle qui l'avait maudit ; soit la harpie ! et à en juger la manière dont elle s'afférait à son devoir de "Reine", ce n'était pas le millénaire prochain qui en serait la veille... Cela dit, elle n'avait pas son pareil pour mener les troupes. Chaque refuge fut construit à un point stratégique ; un dans la forêt de Lalwende, un dans la forêt de Silmariën, et les sept autres bien à l'abri des regards. Depuis l'incursion des Mallevs, la campagne vengeresse était prête à délivrer toute sa cruauté.

Contrairement à ce que nous racontera l'histoire sur les empires forgés par la guerre dans les siècles à venir, les Mallevs ne s'engagèrent pas frontalement contre les Elfes et les Fées. Avec subtilité, elles jouèrent de leurs maléfices. Et pourtant, malgré toutes les précautions prises par la ridée, leur tentative de corruption se solda par un cuisant échec ! Au nom d'un miracle des plus douteux, les Elfes les débusquèrent avant qu'elles n'eurent le temps de mettre en pratique leur sordide machination. La harpie était hors d'elle ! et dut assister impuissante à la destruction du refuge de Lalwende... Hélas, elle n'était pas au bout de ses peines, car peu de temps après ce soudain revers ; elle fit un rêve... et ce dernier lui révéla que la cause de tout ce chaos était due à l'exilée ! La seule Mallevs qui avait déshonoré son titre. Elle voulut en avertir ses soeurs, mais il était trop tard... le refuge de Silmariën venait de tomber !

La vieille ne contenait plus sa colère, car ajouter à la chute de deux de ses refuges, elle ne parvint guère à mettre la main sur cette traitresse. Les semaines, les mois, les années puis les siècles filèrent sans que rien ne se passe ! Aussi bien pour mettre à mal les Elfes et les Fées que pour retrouver l'exilée ! Rabaissée alors au rang d'incompétentes, les Mallevs finirent par sombrer dans l'oubli, et perdirent ainsi le lien qui faisait ce qu'elles étaient...


La dernière malédiction

Le monde avait bien changé après tous ces siècles, et depuis la perte de son lien, la ridée fut en mesure de prédire sa fin. Il ne lui restait que trois mois à vivre, et elle comptait bien traquer cette garce d'exilée jusqu'à son dernier souffle ! Mais pour mener à bien sa vengeance, elle tut ses intentions à ce qui restait de sa communauté, soit une dizaine de Mallevs... Aussi, son esclave et elle arrachèrent une fillette à sa famille terrée dans une contrée dénommée Elminswood. L'enfant répondait au doux prénom d'Aimée, et ce fut sur cette innocente âgée d'à peine sept ans que la harpie jeta sa dernière malédiction ! Le maléfice fut si puissant que la petite en perdit la vie, mais... à l'instar de l'esclave à l'âme meurtrie, elle se mouvait et parlait comme tout être vivant ! La ridée avait réussi, elle venait de créer une Revenante !

Insufflant à sa créature l'intégralité de son savoir et de ses souvenirs, la harpie indiqua à cette dernière de trouver et tuer l'exilée ! Mais c'était sans compter la longueur d'avance que celle-ci avait sur sa rivale. Ce fut donc l'exilée qui trouva la créature et lui rendit sa conscience d'enfant, offrant ainsi à la Morte-vivante son libre arbitre. À la suite de quoi, la fillette sans âme s'échappa...

Abattue par tous ses échecs, la harpie se livra à un ultime acte. Remettant une étrange fiole à son esclave de toujours, elle lui somma d'aller en faire tomber une goutte sur chacune des contrées de ce continent. N'ayant guère le choix, il s'y employa avec l'énergie du désespoir... Et ce fut lors de cette mission qu'il fit la rencontre d'une femme qui allait donner lieu à sa troisième naissance. Contrairement aux Mallevs, celle-ci avait un prénom ; Syriona...

À l'époque, elle avait l'esprit d'une jeune femme, et ne savait rien sur l'étendue de ses pouvoirs. Ainsi donc, où des siècles plus tard elle l'aurait tué à vue, Syriona fit de cette loque un Vampire ! Lorsqu'elle l'étreignit, l'esclave laissa s'échapper la fiole, laquelle se brisa en heurtant le sol rocheux... Seules quatre gouttes auront été versées. À sa métamorphose, la malédiction qui pesait sur lui se rompit, supplanter par le baiser des ténèbres ! Hélas, dans les faits il ne fit que changer de maitresse, et non d'existence... Quant à la harpie, elle appartenait désormais au passé.


Une Destinée s'achève, une autre commence

Son histoire terminée, la jeune fille demanda au vieux Vampire ce qui avait bien pu le traumatiser de la sorte. Ce dernier lui répondit alors ; la douleur. Une fois devenu l'enfant de Syriona, il trouva le moyen d'apaiser son mal. Les pouvoirs du sang étaient immenses ! Il lui suffisait de faire atrocement souffrir son déjeuner pour que son jus agisse comme un antidote. Et pour la première fois depuis des millénaires, le vieil esclave put enfin se sentir bien dans sa peau, et ce, même si ce n'était que pour quelques heures... Mais savait-il ce qui était advenu des Mallevs après qu'il eut embrassé le monde de la nuit ?

Oui, elles finirent pas s'éteindre comme la flamme d'une bougie soufflée par le vent. Elles n'avaient plus ce fameux "lien", et sans lui, elles ne pouvaient poursuivre leurs desseins... En revanche, il fut surpris de revoir la créature de la harpie. Elle avait élu domicile dans un petit cimetière de cambrousse, et se faisait désormais appeler ; Cymetia ! Mis à part ça, plus aucune trace des Mallevs ne fut recensé depuis...

La jeune fille ne comprenait pas cependant... si les Mallevs n'étaient plus, pourquoi une telle crainte après avoir vu son visage ? Le vieux Vampire s'était toujours demandé à quoi avait bien pu servir la fiole que la ridée lui avait remis. Et si c'était pour permettre aux Mallevs de renaître ? Après tout, elles venaient au monde par le biais d'une malédiction, et il était peu probable que la fiole soit emplie d'une banale eau de source... Quoi qu'il en était, le mystère des quatre gouttes n'était pas prêt d'être résolu.

Quand soudain, un petit rire glacial s'éleva dans les airs... L'espace d'un instant, la jeune fille se serait crue dans un de ces contes à dormir debout qui finissait par prendre le pas sur la réalité. Et pour cause ; peu après le gloussement, une femme qui fit hurler de peur le Vampire par sa seule présence, fit son entrée. L'édenté balbutia le prénom de Syriona... avant que cette dernière ne le colle au mur d'une seule main !

    - Petit petit petit ! Tu vas comprendre ce qu'il en coute de tourner le dos à ton clan ! Rugit-elle ses griffes à moitiés plantées dans son abdomen. Je t'avais prévenu que je ne cesserais jamais de te traquer, et cette nuit est bel et bien ta dernière !

    - Pitié ma Reine... Implora le Vampire de sa voix étranglée. Me faites pas... souffrir...

    - Oh mais si tu vas souffrir, tu vas même agoniser ! Offre au moins ce dernier plaisir à ta Reine, misérable !

Sous les yeux écarquillés de la jeune fille, Syriona éviscéra le vieux Vampire ! Elle prit tout son temps pour le faire, centimètre par centimètre... et une fois que la caverne fut saturée de ses cris, elle lui arracha la tête comme d'autres enlèveraient leur chapeau... Puis, son corps tout entier se changea en cendre. La jouvencelle était néanmoins toujours désireuse de mourir, aussi saisit-elle l'opportunité ! Telle une démente, elle voulut se jeter sur le dos de la meurtrière, mais celle-ci disparut ! Désormais tapie derrière elle, un chuchotis lui parvint...

    - Non ! je ne te tuerai pas ! Sur ces mots, elle retourna la jeune fille afin de la regarder fixement. C'est toi que je veux ! Depuis ton arrivée sur ces terres, je t'ai suivi. Je savais que ton odeur pousserait les Vampires a aiguiser leurs pointes. J'ai besoin d'une compagne, un Vampire de confiance pour me seconder.

    - Qui... moi ? Bégaya la jeunette.

    - OUI toi ! Rétorqua tout à coup Syriona en le secouant comme un prunier.

    - HaaAAAaaaAAaaa ça va ça va ! mais vous qui avez l'air si puissante n'êtes pas sans savoir que je me fiche de votre proposition ! Je ne veux pas de nouvelle "vie"... je veux juste mourir ! Vous savez ; cadavre, morte, plus bouger, putréfaction...

    - Je le sais oui ! Répondit la Reine d'un calme déroutant. Je sais aussi le pourquoi de ton désir ! Et si je t'avouais que tu pouvais éviter à d'autres que toi cette macabre envie de crever ?! Genre Ymilsé !

    - Qu...

    - Tu n'es pas une lâche Mina ! Alors viens avec moi, et deviens Reine de ta Destinée !

S'avérant fine psychologue, Syriona finit par obtenir l'approbation de la jeune Mina. Il n'était cependant point à exclure le coup de pousse de l'hypnose... Et ce fut au coeur de l'antre du vieux Vampire, que Mina se fit étreindre par Syriona ! Lorsque celle-ci lui enfonça ses crocs dans la chair, une sensation de laisser aller l'envahit. C'était comme si son corps tout entier s'offrait à la prédatrice. Elle se sentait si bien, malgré le fait que son sang se raréfiait... Le son de sa propre chute lui parut si lointain. Puis quelque chose s'écoula dans sa bouche, elle ne ressentit aucune saveur, juste de la chaleur. Ce fut seulement lorsqu'elle se mit à suffoquer que Mina sortit de son état second...

    - Ton corps est en train de mourir, n'y prête pas attention ! Lui expliqua Syriona avec dédain.

Si seulement c'était aussi simple... et quand la vie la quitta enfin, ce fut au travers d'une profonde et bruyante inspiration qu'elle revint à elle !

    - C'est... étrange, j'inspire mais... ça ne me procure aucun effet. Se prit-elle à constater alors que déjà elle se relevait. Et.. tout est si... clair, clair comme le jour !

    - Ta respiration n'est utile que pour parler, non pour survivre ! Répliqua froidement la Reine. Et grâce à tes yeux de Vampire, tu découvres que les ténèbres n'appartiennent finalement qu'aux Mortels ! Allons, il est temps d'y aller !

Ainsi naquit Mina au cours de cette même nuit du 9 Phobos du mois de Nero en l'an 12.047 avant G.C ! Après quoi, nul n'entendra plus jamais parler des Mallevs ou d'un quelconque refuge. Et pourtant... la question demeurait ; qu'en était-il de l'Exilée ?
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