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Énide | Sujet: Re: Le filin pernicieux Jeu 4 Aoû - 2:53 | |
| Quand j'eus terminé mon office, je me décrochai du balèze à l'instar d'une sangsue repue. Et alors que je m'écrasai sur le plancher, désorientée, la brute épaisse chut à son tour, allant presque jusqu'à me faire rebondir! Incapable de reconnecter tous les fils, mon corps refusait de répondre, tel se voulait le prix à payer pour avoir fleurter avec la mort. Les sons fluctuaient, cheminant en moi comme des bruits sourds dénués d'identité, tandis que mes yeux voyaient des formes sans toutefois parvenir à les reconnaître. Avec mon air débile tout au long de ma passivité, n'importe qui pouvait me tomber dessus. Je crus percevoir un des laquais se saisir de mon bras, mais sa tentative avorta. Même amorphe je pouvais encore me tirer d'affaire? Non, sérieusement? quand ce n'était pas moi qui me sortait d'une galère, c'était la galère qui se chargeait de me brancarder dehors.. Ignares au point de ne pas pouvoir s'entendre sur la direction du vent, les dépravés se lancèrent dans une déculottée générale, pendant que moi, je me retrouvais comme une nouille au milieu de toute cette agitation. Heureusement, le malaise que j'éprouvais finit par s'estomper. En proie à des vertiges, je me relevai avec précaution, m'accrochant à tout ce qui me tombait sous le main. Et quand mon environnement cessa enfin de se dédoubler, je me mis à observer les hommes qui se castagnaient. Cela avait l'air drôle, au moins aussi drôle que douloureux.. J'avais déjà assisté à des bagarres, mais aucune qui impliquait autant de gens à la fois! Pour dire, une douzaine de ces êtres supposément virils se rectifiaient le portrait pour une raison qui m'échappait encore. Puis la raison finit par me sauter aux yeux lorsque je vis l'elfe toute noire d'un côté, et le mastodonte de l'autre. La fine fleur de se rafiot se dorait la pilule pendant que l'équipage était livré à ses turpitudes. Résultat, l'anarchie s'empara du pouvoir! J'étais donc libre de prendre mon envol et de m'en aller comme si de rien n'était? -*Ah! oui.. il voudra sans doute récupérer son cure-dent l'autre nigaud.* Songeai-je soupirante. Voilà une corvée qui ne me convenait guère d'exécuter. Ce truc pointu m'avait presque expédié dans l'autre monde, et je devrais prendre sur moi de le lui rapporter en bon petit toutou? qu'il aille au diable! Il en avait un autre de toute façon, et ainsi délesté de son jumeau, il coulera moins vite. Par ailleurs, maintenant qu'ils étaient tirés d'affaire, je n'étais plus tenue de les rejoindre. Cela prendra le temps que ça prendra, mais ainsi protégés du youyou, ils finiraient tôt ou tard par rejoindre la côte, ou se faire repêcher par le prochain navire qui passerait par là. Mon rôle les concernant touchait à son terme, on s'était bien marrés, mais le feu n'attendait pas! Rhaa, ils étaient obligés de crier comme ça pour se taper dessus?!! à croire que leur poing ou leur pied leur faisait mal chaque fois qu'ils s'en servaient.. c'était d'un ridicule! Heureusement alors que mon petit coin d'oeil sut me montrer quelque chose de plus captivant, et pour cause; je vis le gamin à la coiffe au moins aussi cradingue que son rival, attraper quelque chose, avant de le planquer sous son vêtement. L'espace d'un instant, je fus tentée de l'aborder à la seule fin de subtiliser ce qu'il dissimulait, mais ce caprice me passa. Quand d'un coup! un vacarme à réveiller les morts éclata depuis Timur! un immense stroboscope satura ma vision, me forçant à froncer les paupières, tandis que mon buste essorait ma taille tellement il se contorsionnait pour me détourner de la source. Un souffle ébranla le bâtiment, mes cheveux valdinguèrent jusqu'à fouetter mon visage, et le climat se mit à déconner plein tube! ou était-ce une bouffée de chaleur? Non, ce ne pouvait être un hasard! Aussi, une fois que je fus assurée de pouvoir à nouveau faire usage de mes énormes pupilles, je sondai les alentours! Mais une voix de momie desséchée fut plus rapide que mon cou qui ne cessait de se tordre. Me laissant guider par ce son pas très enchanteur, je finis par l'apercevoir. En surplomb de ma position, une fée plus noire encore que la donzelle de ce rafiot, s'annonça. De la sueur se mit à perler de mon front jusque sur mon nez, la goutte enfla, puis s'écrasa sur le sol boisé du pont. Je n'étais pas certaine de comprendre ce qu'elle voulait dire par: tu l'as gnin gnin, tu l'as gnin gnin gnin, et tu l'as gnin gnin gnin! C'était sensé me mettre en émoi? Pour cela, le crépitement du feu suffit amplement à me faire frétiller, nul besoin de mots décousus dans le seul but de faire sensation. Je finis donc par m'envoler afin de me mettre à sa hauteur. Sa tronche me semblait étrangement familière maintenant que je pouvais d'avantage la détailler, mais impossible de mettre le doigt dessus. Il fallut qu'elle me nomme pour que le déclic se fasse dans ma caboche. Par la crevette à tête carrée de Gambil! elle n'aurait pas pu se ramener plus tôt?! si j'avais su qu'elle n'avait pas claqué, je ne me serais jamais mise dans tous mes états!! Limite je lui en voulais d'être encore en vie maintenant que j'avais bien déprimé sur sa mort! Les poings enfoncés dans mes hanches, je ne décrochai plus mon regard de sa face fondue, si bien que j'en oubliai la chaleur qui l'auréolait. - J'ignore d'où tu sors, mais chez nous, lorsqu'un gens se fait enlever, son prénom n'est pas la première chose qui lui passe par la tête! Elle était cruche ou quoi? avec sa coiffure qui me faisait penser à ses religieuses que les humains dévoraient avec appétit lors des banquets festifs. Alors à moins que tu ne t'appelles; libère-moi! ou encore; je vais t'arracher la tête! Je n'ai aucune idée du nom débile qui te qualifie, et je m'en contrefiche! Cela ne se voyait pas trop que j'étais en pétard? Les joues gonflés, j'attendais la suite. Et là, comme si elle savait que j'adorais les surprises, elle s'enflamma, là, juste devant moi! Un spectacle de feu rien que pour moi! Ma moue disparut aussitôt, je tapotai dans les mains comme une gamine à qui l'on apporterait son cadeau, lesquelles finirent par se refermer juste sous mon menton, l'air contemplatif. Les yeux dilatés par l'euphorie, je relevai vite fait sa question. Un dernier mot? pourquoi faire? Nul besoin de causer devant ce genre de scène, il n'y avait qu'à savourer. Finalement, c'était le feu qui était venu à moi, et je comptais bien en profiter. Par chance, je finis toutefois par comprendre qu'elle attendait peut-être de moi que je lui donne le top départ, c'est que dans cet état là, mon ciboulot avait la fâcheuse tendance à tourner au ralenti.. Pour sûr, elle n'allait point être déçue! - Donne tout ce que t'as! surprend moi! Avais-je aboyé. Seulement, il fallait bien que je la châtie pour m'avoir ainsi laisser croire à sa mort! C'est pourquoi, tout à fait sournoisement, j'insinuai en elle mon petit sortilège du fêtard dans l'âme. La tourner en ridicule, c'était la moindre des choses après les larmes qu'elle m'avait fait verser. ¤ 7 Khole Gaïa ¤ ~ Il est 9 heures 38 ! ~ |
| | | P.N.J | Sujet: Re: Le filin pernicieux Jeu 22 Sep - 12:19 | |
| Insouciante, impétueuse, téméraire ou simplement folle à lier... Minuit ne savait que penser de cette Fée qui soutenait son regard de braise sans faillir. Celle-ci semblait fascinée par le feu, peut-être même souhaitait-elle mourir par lui. Dans tous les cas, la manière dont elle se défendit de sa question n'était pas à prendre par-dessus la jambe. Entière, en phase avec elle-même dans ses propos, Énide affichait là un caractère étrangement identique à celui de Vi. Bien qu'elle savait qu'il ne s'agissait point d'elle, la passagère clandestine ne pouvait s'empêcher de faire un comparatif. Chose qui l'invita par ailleurs à s'attarder sur ce qu'il se passait sous ses pieds. Partout s'étendait le chaos, or, la seule qui ne semblait guère en souffrir, se trouvait justement devant elle. Etait-il seulement possible que cette Énide puisse être une adepte de Vi ? Qu'importe que la voix hurle, il n'était pas question pour elle de tuer une servante du Chaos. Bien sûr, il se pouvait qu'elle s'avance de trop, mais en proie au doute, elle préférait encore courroucer l'Esprit du corps dans lequel elle gîtait, plutôt que de trahir Vi. Maintenant, restait à déterminer comment prouver à Énide qu'elle était l'obligée de son idole ? Ah ben oui, facile ! il lui suffisait de surenchérir sur le bazar existant. Heureusement pour Minuit, le domaine en question ne lui était pas complètement étranger. Chérie par le feu depuis son arrivée sur Astrune, la jumelle illégitime de Vi libéra un torrent de flammes depuis chacune de ses mains, tout en veillant à ne pas toucher la Fée. Mais les choses ne se passèrent point comme prévu... Car au lieu d'assister au jaillissement de l'élément chatoyant, une multitude de paillettes multicolores accompagnée d'un bruit aussi saisissant que dérangeant, remplacèrent cette magie qu'elle était pourtant certaine de détenir ! Un sentiment de honte enserra son coeur, avant que son esprit ne comprenne qu'un tiers s'était joué de sa personne. Sondant rapidement les alentours tout en ignorant Énide qui aurait toutes les raisons de se moquer de sa prestation. Minuit fit rapidement le lien entre ses soucis magiques, et le môme qui la fixait depuis sa barque. A l'évidence, le marmot avait jugé opportun de la ridiculiser devant une adepte du Chaos ? Voilà un affront qui serait inconvenant d'occulter. En réaction, Minuit détona de colère ! Un souffle ardent s'échappa de sa silhouette, gonflant les voiles restantes, et causant de nouveaux foyers. - Alors lui ! Ronchonna la jumelle furieuse. Exténué, aux limites de l'évanouissement, Mirdo s'écoeurait de cette tartine de galères qui consistait à être Mortel. Le plus ironique dans tout cela, c'est que s'il venait à reconquérir son statut Divin, il trouverait encore le moyen de se plaindre comme si cet épisode n'avait jamais eu lieu. Et alors que le jeune garçon ne cessait de s'agiter, tantôt pour le questionner, tantôt pour s'afférer dans le canot, l'ancien Dieu de la bêtise lutta tant et si bien contre cette irrépressible envie de dormir, qu'il parvint finalement à s'assoir. La sueur de Kirenna à hauteur de cheville fut salutaire pour l'aider dans sa démarche. L'espace d'un instant, tout son environnement bascula. Et bien qu'il s'agissait là d'un caprice de l'esprit, Mirdo se cramponna par pur réflexe, ce qui en soi, était complètement idiot. Et dans la mesure où le défaillant aurait raison, quel demeuré en dehors de lui, s'appliquerait à empêcher l'univers de chavirer ? Quoi que l'on puisse en dire, cette sensation était une fatalité, or... le principe même d'une fatalité n'évoquait-il point le fait que l'on ne puisse l'endiguée ? Non content de lui chatouiller les profondeurs du ventre suite à cette impression de tomber, voilà que son corps miséreux se mit à chauffer. Mirdo avait toutes les peines du monde à comprendre ce qu'il lui arrivait, mais en se fiant à une logique bien à lui, il supposa que le mieux résidait en l'abdication. Aussi se laissa t-il glisser de telle manière à ce que Sinah puisse le bercer aussi longtemps que nécessaire. Au même moment, sur le pont du navire, Minuit se changea en torche humaine avant de fondre tel un météore, directement sur le gamin en lutte contre l'océan ! ou bien s'agissait-il d'un nouveau rituel visant à lui nuire ? N'attendant point de le découvrir, la jumelle bafouée replia ses bras contre sa poitrine afin de libérer toute sa puissance contre la frêle embarcation et ses occupants. Dans moins de deux secondes, toute vie se trouvant à moins de trente mètres de l'explosion sera pulvérisée ! Et alors que le youyou était menacé d'extinction, un des braseros laissés derrière elle s'étendit jusqu'à la gauche de Randar. La jambe en partie écrasée par le canon qu'il avait remonté de la cale, le géant à l'agonie eut tout juste le temps de détourner les yeux du ciel que la détonation se produisit ! Les flammes léchant la culasse de l'artillerie précipitèrent sa mise à feu. Le colosse libéré du poids de l'engin après qu'il eut été propulsé par la déflagration, ne put guère profiter du soulagement éprouvée que l'inconscience le submergea. Un cri d'effroi suivit l'explosion, son demi-masque métallique fiché dans ce qui restait du mât, la tête de Xune, alias le Dragon des mers, éclata littéralement lorsque le boulet de canon lui traversa l'esprit ! Selon les codes de la piraterie, c'était une fin digne d'un capitaine. En revanche, la vision qu'en aurait Le mioche en découvrant sa maman dans cet état, n'était pas prête d'être perçue comme telle... ¤ 7 Khole Gaïa ¤ ~ Il est 9 heures 39 ! ~ |
| | | Meallán | Sujet: Re: Le filin pernicieux Dim 25 Sep - 10:39 | |
| Je brassai, brassai, mais malgré tout mon remue ménage, le youyou ne semblait pas bouger des masses... et M'sieur Mirdo était toujours apathique... Me sentant atrocement seul dans mon entreprise, je résistai toutefois à l'envie de l'éclabousser pour tenter de le faire réagir, après tout il avait au moins fait l'effort de se redresser un peu. Tout portait à croire cependant, qu'il ne captait toujours rien de ce qu'il se passait, je le sentais complètement ailleurs, indifférent à mes questions et mon affairement, la chaleur soudaine ne l'avait sans doute pas aidé non plus... mais je lui en voulais quand même de ne pas s'inquiéter pour Énide, enfin quoi, il pourrait faire un effort ! En parlant de la fée, où était-elle passée ? Plissant mes yeux, je passai en revue toutes les silhouettes. La créature sombre était toujours là, au-dessus du navire, je me demandai bien ce qu'elle cherchait à faire, elle était immobile, semblant fixer ou examiner quelque chose. La réponse ne tarda pas, lorsque je vis un autre être la rejoindre à sa hauteur, je devinai sans mal que c'était Énide. Était-ce une de ses connaissances ? Pour s'approcher ainsi c'est qu'elle ne devait pas la craindre ? Je supposai qu'elles discutaient. Ma foi, si c'était une amie, elle le serait à moi aussi. Le cœur léger, je diminuai mon agitation, observant le moindre indice qui me révèlerait leur lien. Elles avaient à peu près la même taille, j'en déduisis que mon hypothèse sur la race fée de l'inconnue était finalement possible. Cela me paraissait réjouissant de prime abord, les yeux pétillants, j'imaginais déjà notre bande de trois fées, mains dans la main, à fouler sans peur le monde... et puis je me souvenais... que moi je ne pouvais plus voler... Dépité, ma vision idyllique se changea en cauchemar, la fine équipe que j'avais imaginé se réduisit, me laissant seul très loin derrière... Me devinant abandonné, j'arrêtai de vouloir faire avancer le youyou, m'asseyais et contemplais mon destin de solitude se mettre en œuvre. Voir des flammes surgir de la noiraude me fit me relever d'un bond. Cela ne me semblait pas bon, ne me dites pas qu'elles se disputaient en fait ? Terrifié, je m'attendais à assister à un drame, une boule de feu en plein dans Énide et la voir réduite en cendres... mais non ! Ce fut un jaillissement de trucs colorés qui apparurent, des confettis ? Elles s'amusaient finalement ? Je n'y comprenais plus rien, d'abord du feu et après des paillettes ? Cela n'avait pas de sens... Et la noiraude semblait aussi être surprise puisqu'elle regardait partout autour d'elle. Clairement ce n'était pas voulu. Et elle me vit. Mon instinct m'alerta immédiatement que ce n'était pas bon du tout, certitude qui s'affirma dès qu'elle s'embrasa, elle était furax et il ne fallait pas rester dans le coin. Surtout qu'elle... fonçait vers nous ?! Je ne cherchais pas à savoir pourquoi, sans doute parce qu'on avait été témoins de son sort bizarre... Je me baissai pour éclabousser M'sieur Mirdo toujours aussi atone, en lui hurlant : DANGER !!! PLONGEZ !!, tandis que dans le même temps je dégainai mon piccolo. C'était le tout pour le tout, soit j'invoquai un instrument utile, soit on subissait une collision avec une fée-météorite ! On fonction de ce que cela serait, j'espérai avoir le temps de me jeter à l'eau, je n'avais aucune envie de noircir comme elle... ¤ 7 Khole Gaïa ¤ ~ Il est 9 heures 39 ! ~ |
| | | Le Destin | Sujet: Re: Le filin pernicieux Dim 25 Sep - 10:39 | |
| Le membre ' Meallán' a effectué l'action suivante : Dédé
'Musicol (Meallán)' : |
| | | Énide | Sujet: Re: Le filin pernicieux Ven 7 Oct - 12:56 | |
| Lorsque les serpentins entre autres paillettes jaillirent de ses petites mimines, je me laissai emporter par mon hilarité légendaire! Moqueuse à souhait, je pouffai en crachant molard sur molard tellement l'expectoration me désopilait. J'étais heureuse de ma sottise, si heureuse que l'idée que vous vous faites du bonheur n'effleurerait même pas cette sensation qui me transcendait! J'aurais voulu voir sa tronche, mais mes yeux refusaient ostensiblement de s'ouvrir. Des larmes parvinrent toutefois à s'en extraire, témoignant ainsi au nez et la barbe de tous, combien cela me complaisait! Comment pourrait-il en être autrement? Jamais encore mon fêtard dans l'âme ne fut aussi prolifique qu'à cet instant! Le sortilège utilisé devait être d'une violence rare, car un bruit, nouveau à mes oreilles, retentit. Un son à la note singulière, j'irais même jusqu'à confesser qu'il avait un petit côté disgracieux tout à fait ridicule, et donc, à mourir de rire! Une bouffée de chaleur ne tarda guère à me faire comprendre ce que la fée carabosse pensait de mon comportement. Et en dépit de tous mes efforts pour admirer son faciès déconfit, je ne parvins à me défaire de mon allégresse. Elle était trop velouté, trop savoureuse pour m'oser à refuser une autre cuillérée. Les confettis pleuvaient tout autour de moi, sur moi. L'une d'elles se déposa sur le bout de mon nez, orientant alors mes pensées sur le mouchoir de la rousse. C'était quoi son patronyme déjà? ah oui, Orage! Se pouvait-il qu'à ce moment précis, celle-ci soit exactement en train de faire ce que cette lamelle colorée de rose tentait de m'illustrer; soit récurer la morve de cette rapiat? Je la chassai d'une pichenette, quand enfin! mes paupières acceptèrent de se décoller de leurs jumelles inférieures. La vision noyée de mes larmes de rire, je devinai la présence de ma faiseuse de feux en cette silhouette chatoyante qui me roussissait la face. Sans perdre une seconde, je passai la raclette sur mes lentilles en une série de battements de cils. Et c'est avec le regard papillonnant que je découvris, non pas ses yeux ardents, ni sa bouche tordue pour se donner l'air très méchant, mais un dos décharné! Je fronçai des sourcils sous le coup de ma réflexion. Me boudait-elle? j'adorerais pour sûr! Mais sa posture m'invitait à ne point tirer de conclusions hâtives. Une réflexion somme toute intelligente, car voilà que la torche-fée taillait la route en mode comète sans même une flamme pour moi! - HEY!!! Couinai-je en prenant de l'altitude. Et alors que l'incendie naissant déclenchait un tir de canon, l'intention meurtrière de la fêtarde m'apparut alors! Non contente de me planter sur place, voilà qu'elle attentait à la vie d'un gamin qui n'avait rien à faire dans notre conciliabule! Basculant de la joie à la colère en un clin d'oeil, je me lançai à ses trousses sans trop savoir ce que je ferais si je venais à la rattraper. J'en aurais voulu à Meallán s'il m'avait simplement volé la vedette, or là, il était question d'un tout autre son de cloche! Aussi, dans le hasard de la panique d'être derechef confrontée à la mort, je soumis la garce à mon pantin désarticulé, tandis que dans le même temps, un jumeau au meuble qui s'était crashé précédemment sur le rafiot, s'enlumina dans la lumière rasante du levant. Plongeant aussitôt en direction du youyou, j'hurlai d'une voix dramatiquement aigue! - STOOOOP!!!C'est bon quoi! on n'allait pas encore crever à cause de moi?!! J'ignorais le pourquoi de ce songe, car rien ne m'indiquait que j'étais en quoi que ce soit responsable des agissements de la torche-fée. Peut-être alors que mon esprit établissait de lui-même une connexion entre le drame qui était en train de se jouer, et le fait qu'elle me parlait juste avant de perdre les pédales! D'une manière ou d'une autre, j'étais intimement liée au tableau qui se dressait devant moi, une toile que je pouvais décrire en quatre mots: comète, piano, youyou, décès.. ¤ 7 Khole Gaïa ¤ ~ Il est 9 heures 39 ! ~ |
| | | P.N.J | Sujet: Re: Le filin pernicieux Lun 3 Avr - 1:17 | |
| L'atmosphère devenait étouffante, et ce bruit ! Soupirant intérieurement, las de ne pouvoir jouir d'une juste quiétude, Mirdo ouvrit paresseusement les yeux. Et bien que ses oreilles donnaient tout pour l'alerter du danger qui couvait, son regard lui, ne releva rien d'anormal. La lueur orangée du levant, les nuages qui dérivaient, quelques volatiles... Puis ses pupilles se greffèrent sur l'enfant cramponné au rebord du canot. Il était figé, comme hypnotisé par une force surnaturelle. L'ancien Dieu de la bêtise, désormais malmené par la sueur de Kirenna, comme si l'océan tout entier n'était plus qu'un gâteau de gelée posé sur le ventre d'un géant grelottant de froid, fut contraint d'abandonner sa position horizontale. Elle qui était pourtant si salutaire... Toutefois poussé par la curiosité devant le comportement du mioche, et aussitôt bousculé par celui-ci, Mirdo eut peine à croire ce qu'il voyait ! L'immense navire était désormais la proie des flammes, et tandis qu'un son strident retentissait tout près de lui, l'incitant à presser sa paume de main contre sa feuille meurtrie, l'homme, en se détournant du sifflement, finit par remarquer la boule de feu qui leur fonçait droit dessus ! L'ambre de ses iris illuminé par l'objet incandescent, l'ex Divinité se pétrifia. Alors c'était ça que les Mortels nommaient, la fin ? cela faisait-il mal ? Fataliste, Mirdo ne releva même pas le piano qui se matérialisa en surplomb de sa position ! Meallán eut beau hurler les meilleurs ordres de sa vie, rien n'y fit. Résolu à s'appliquer à lui-même ce qu'il ne pouvait contraindre à l'adulte au cerveau lent, le Barde courut pour piquer une tête, mais c'était sans compter sur la réaction retardée de Mirdo qui, prit d'une peur panique, se jeta sur le côté. De son dos, il imposa à l'enfant un mur de chair humide contre lequel il se heurta, les faisant tous deux s'écraser lourdement dans le centre du canot. L'un sur son épaule gauche, et l'autre sur le dos...Entièrement immolée, Minuit fonçait sans penser à demain ! Les bras toujours accolés à son buste, elle ne cessait d'engranger de l'énergie. Oser interférer dans sa quête pour retrouver Vi, c'était bien la dernière folie que ce chiard causera en ce monde ! Déterminée à le faire exploser dans une boule de feu vengeresse, l'Istën déplia brusquement ses coudes afin de quadrupler sa vitesse ! Se causant dans une douleur méconnue de ses sens, divers craquements osseux ! A l'instar d'une épaisse branche desséchée que l'on casserait, ses jambes se disloquèrent, ballottant tel un fanion sous la seule force de son élan. Complètement désorientée par ce mal aussi soudain qu'inattendu, Minuit changea brusquement de cap pour finalement détoner dans un meuble qui n'avait rien à faire là ! La déflagration fut retentissante, tandis que le canot, miraculeusement préservé, assista à une splendide rincée de flammes. Sonnée et abrutie par le supplice qu'elle venait de subir, ou de s'infliger, Minuit chut dans les flots à seulement quelques mètres du youyou. Sa silhouette décharnée et désarticulée remonta peu après sa disgrâce, les bras écartés faisant face à l'obscurité des fonds marins, elle errait tristement, prête à rendre l'âme. - Mais arrêtez ! ARRÊTEZ !! ARRÊTEEEEEEZ !!!! Hurla Mirdo la tête enfouit dans les vêtements du garçon qu'il eut agrippé au moment de l'explosion. C'en était trop ! L'ancien Dieu voulait bien se prendre une baffe ou deux, mais là, on avait largement outrepassé ce cotât ! Balancé par une excroissance d'Hithar, DEUX FOIS, dont la deuxième le fit atterrir à la baille, le laisser mariner, lui envoyer une carpette de Sirène, lui tirer dessus à coup de canon, pour en définitive tout faire péter ! Ca va quoi ! Il ne voulait pas mourir, ça faisait trop peur, et certainement très mal aussi... Comment faisaient les Mortels pour vivre dans un monde aussi foldingo ?! Il fallait vraiment être fêlé pour s'y trouver bien ! Et pour la première fois depuis son existence, il pria pour que son malheur cesse. S'adressant à la première oreille qui l'entendrait, Dörim propulsa ses dernières forces jusque dans les cieux. -***Toi qui m'entend, oui toi ! Qui que tu es ou quoi que tu sois, sors moi de cet Enfer, fais que je sois Dörim à nouveau ! PRESTEMENT !!***Plus exigeant que priant, Dörim se dédouanait de sa peau de Mortel, cela ne l'amusait plus. ¤ 7 Khole Gaïa ¤ ~ Il est 9 heures 40 ! ~ |
| | | Meallán | Sujet: Re: Le filin pernicieux Lun 3 Avr - 21:26 | |
| La musique terminée, je vis le piano se matérialiser. Je n'avais pas besoin d'en savoir plus, je m'élançai pour plonger tête la première dans les eaux. Enfin ça c'était ce que j'avais prévu... Mirdo, qui semblait encore groggy malgré le danger, se décida à agir pile au moment de mon saut. De toute évidence il n'avait pas comprit un traître mot de mon alerte : quand j'avais dit "plongez", évidemment que c'était pour glouglou ! mais non cet idiot se jeta stupidement dans le youyou ! Devant moi ! Mon visage heurta son dos imbibé dans un splutch. Le choc, bien qu'amorti, me fit mal au nez mais je n'eus pas vraiment le temps de m'en soucier que déjà je tombais à la renverse dans un plouf. *C'est fichu, on est mort...* pensais je en regardant le ciel. Le bruit d'une violente explosion retentit mais je voyais toujours la voûte céleste qui avait prit des teintes orangées, une belle flambée s'était produite mais pas sur nous. *Tiens ? On est vraiment encore vivant ? * Je m'attendais à de la souffrance, hurler, bruler vif et puis plus rien, le néant, mais non c'était curieusement plutôt paisible. Mirdo, s'était agrippé à mon vêtement et hurlai bruyamment d'arrêtez. Je ne voyais pas trop de quoi il parlait mais il semblait au bout de sa vie. Je tapotai sur son épaule pour le rassurer puis me redressai. Je regardai étonné le lieu supposé de l'impact. Il y avait encore de la fumée mais plus de piano et plus de fée-fusée. Je supposai que mon instrument l'avait finalement touché par je ne sais quel miracle. Je souriais à pleine dents quand j'aperçu Énide, lui fit coucou, heureux qu'on est survécu, quand un liquide s'infiltra dans ma bouche. Beuuurk le goût du sang ! Je ne m'étais pas aperçu que mon nez coulait. Je crachai par dessus bord cette saveur intruse puis je touchai vite fait mon nez pour estimer les dégâts, il n'était pas cassé, ouf. D'une main j'appuyais la narine qui fuitait pour stopper l'écoulement. Le danger ne semblait plus d'actualité, devinant Mirdo encore bien éprouvé des récents évènements je ne pus m'empêcher de lui faire un petit câlin en l'enlaçant. Il faisait tellement pitié... - Là làà tout va bien maintenant. Me rappelant d'un coup qu'il avait failli nous tuer tout à l'heure, je stoppai net la cajolerie, me reculai et le grondai en lui faisant les gros yeux - Qu'est-ce qui n'était pas clair dans le "PLONGEZ" sérieusement ? On aurait pu agoniser sur le youyou au lieu de barboter ! ... Regardant en direction d'Énide, je finis par remarquer parmi les débris boisé, une silhouette. Je grimaçai, sans doute les restes de la fée-météorite... Éniiiiiiide ! On fait quoi maintenant ?¤ 7 Khole Gaïa ¤ ~ Il est 9 heures 40 ! ~ |
| | | Énide | Sujet: Re: Le filin pernicieux Ven 28 Juil - 16:46 | |
| Me souciant peu ou prou du vent qui me sifflait dans les oreilles, telle une bouilloire sur le point d'exploser, je ne cessai ma poursuite! Malgré l'ignorance qui me hantait quant à ce que je ferais si je venais à la rattraper, mon instinct primaire au commande me privait de tout raisonnement. Tout ce qui prévalait en cet instant, était d'empêcher que ça arrive! Si la torche-fée pulvérisait le youyou et ses occupants, ma vie serait foutue, FOUTUE!! Aussi, pour m'épargner ce funeste destin, je redoublai d'efforts! La trainée de plasma qui formait la queue de la comète, ne tarda guère à me lécher le visage.. De sa langue brûlante et aveuglante, elle me roussit les joues, le nez ainsi que le front. Et au moment où la douleur au limite du soutenable manqua de délivrer ma lucidité de son carcan, une onde de choc me heurta de part en part! Pas une partie de mon corps ne fut épargnée. Le souffle fut en outre si puissant, que je fus projetée, tournoyante, jusqu'au-dessus du navire que je venais de quitter. Complètement sonnée, il me fallut plusieurs secondes pour me stabiliser. Désormais en vol stationnaire en surplomb du pont supérieur, j'observai l'esprit vide, les vestiges d'une explosion. Mécaniquement, mes ailes finirent par me pousser jusqu'à la silhouette navrante d'un canot, qui, flottant au milieu des flammes, donnait l'impression de m'appeler de ses voeux. La conscience toujours embrumée, je discernai toutefois la gestuelle qu'un des occupants me réserva. Je secouai légèrement la tête afin de précipiter mes neurones à se reprendre la main. Observant le duo survivant qui alla jusqu'à se blottir dans les bras l'un de l'autre, ma sagacité légendaire daigna enfin clarifier la situation! La torche-fée, le youyou et le pouilleux! Oui, tout me revenait à présent. D'ordinaire, mes pupilles se seraient dilatées à la simple vue du feu qui constellait les flots, sans parler du brasier qui se formait derrière moi, sur le rafiot. Mais le sang qui détourait la bouche confuse du garçon sut mettre à mal cette fascination qui me suivait depuis l'enfance. En un éclair, lui, au même titre que Mirdo, auraient pu être tué.. Et alors qu'il me demandait quoi faire, les lèvres closes, je m'approchai encore. La face marquée d'un sévère coup de soleil, je me posai lentement sur la bordure tribord du youyou. Je ne disais toujours rien, car quoi que je pouvais bougonner, rien ne serait en mesure de chasser cette frousse qui m'étreignait. En équilibre sur la pointe des pieds, les ailes parfaitement ajustées, je ne cessai de le toiser de mon immense regard, qui, de temps à autre, s'hasardait sur Mirdo. Et comme si la houle avait compris avant moi ce qu'il me fallait, une inclinaison insidieuse me fit basculer vers l'avant. Ainsi, ce fut aussi légère qu'une plume, que je me laissai tomber sur Meallán. Mon menton lové dans le creux de son épaule gauche, je ne sus pas quoi faire de mes bras, de fait, je ne m'en préoccupais point. Tout mon être sembla se ramollir quand le contact physique fut établi, et bien que mes mains à la semblance indifférente pendouillaient à l'orée de mes cuisses, deux grosses larmes chaudes témoignèrent de l'émotion qui me transcendait. Dans la folie de l'instant, j'en profitai pour tirer le col de Mirdo afin qu'il se joigne à ce je ne sais trop quoi.. Je reniflai une fois, deux fois, avant de finalement m'exprimer. - C'est bien que tu ne sois pas mort. Je chevrotai, littéralement! J'aurais bien voulu ajouter quelque chose du genre: "Manqué pour cette fois!", pour ironiser, mais j'en fus incapable, l'instant était trop grave. Et sans que je ne puisse me contenir, je fondis en sanglots dans une symphonie de sons, de larmes et de morves aussi denses et visqueuses que l'était ma détresse. Quand tout à coup! Mes yeux se rouvrant, je remarquai une forme indistincte flotter à la surface. Ondoyant au rythme des vagues qui l'emportait au loin, je me redressai sèchement! La gorge mutique, les prunelles figées, les gouttes salines en apnées, je réagis promptement! - MAIS REPÊCHEZ LA!!! M'écriai je paniquée. Je m'envolai dardar pour la tirer jusqu'à la chaloupe. Mais sans vêtement pour m'en saisir convenablement, je dus toucher sa chair.. Grimaçant comme jamais, je finis par la faire dériver jusqu'aux abords du youyou. - Allez!! tirez ce thon! Conclus je par un grognement. L'émotion passée, et pendant que les autres s'adonnaient à l'effort, mon attention se fixa sur le rafiot qui affichait ses plus belles flammes. ¤ 7 Khole Gaïa ¤ ~ Il est 9 heures 42 ! ~ |
| | | P.N.J | Sujet: Re: Le filin pernicieux Jeu 6 Juin - 12:35 | |
| Son âme bon enfant vidée de toute sa substance, Mirdo s'en retrouvait complètement démissionnaire. Il pouvait se passer n'importe quoi, qu'il demeurerait là, les yeux clos, sans même un dernier réflexe pour sa vie. Il en fut toujours ainsi pour lui. Dans les Cieux comme sur terre, ou sur l'eau, l'ancien Dieu ne prenait jamais part aux conflits. Par ailleurs, la seule et unique fois où il osa s'investir, Rivaëna le frappait ! Il ne s'agissait point de lâcheté, car concernant Dörim, tout ce qui importait, c'était de ne surtout pas répéter l'histoire de son prédécesseur. Prédisposée à l'insolence et à la bêtise, cette Divinité, autrefois Istën à la solde de Hithar comme " ange" matrimonial. Vit en ce malheur, un moyen de s'élever, et de voir autre chose que des humains se faire la cour. Oui... bon d'accord, le Dieu de la Neutralité l'avait déjà renvoyé au moment où il proposait ses services en vue de remplacer Rodriv, mais tout de même ! Il fallait savoir que Dörim aspirait à autre chose que seconder des êtres meilleurs que lui, pour des tâches aussi barbantes les unes que les autres. Il existait des Istëns pour vraiment tout et rien ! Dans le registre des pires du pire, en se basant sur sa propre condition, on y trouvait : Istën aéromorphique. Outre son appellation ambigüe, sa tâche consistait à donner différentes formes aux nuages. C'était quoi, l'intérêt ?!! Le plus scandaleux cependant, était que la déesse en question prenait son travail très à coeur. Quand Dörim la narguait dans le vain espoir de paraitre plus important qu'il ne l'était, cette dernière lui retournait avec calme : " Je fais rêver les petits, et sourire les plus grands". Ne se reconnaissant chez aucun d'entre eux, Dörim s'émancipa, et permit à l'Humain de s'acoquiner avec d'autres races. Quand Hithar s'en rendit compte, il était déjà trop tard. Toutefois, en dépit de sa faute, l'Istën échappa aux Abysses grâce au plaidoyer de ce dernier qui jugea son action comme bénéfique pour sa création, et donc l'équilibre en général. Hélas, la confiance n'y étant plus, le Dieu de la Neutralité dut se résoudre à se séparer de lui. Au terme de cet épisode, et après d'éprouvantes entrevues et d'interminables mises à l'épreuve, Dörim prit du galon et devint le nouveau : Dieu de la bêtise. Sa situation de Mortel lui permit de relativiser sur ses plus anciens souvenirs. Là où il se pensait en dessous de tout, force est de constater que les créatures de ce monde l'étaient bien davantage. Un constat pour lequel Dörim témoignait d'un indicible respect, au grand dam de Mirdo... Il se sentait tellement seul dans son désarroi, que cette soudaine pression au niveau de son col ne put que le surprendre. Ses épaules se haussèrent, et ses jambes se raidirent ! Mais quand la poigne se fit plus insistante, sans pour autant se montrer agressive, l'ancien Dieu se résolut à ouvrir les yeux. Soulagé de retrouver la Fée espiègle, il déchanta aussitôt devant ses larmes. Ce n'était vraiment point le genre à pleurer, alors la voir ainsi... le visage rouge, le nez qui coule et les lèvres pendantes, ce fut presque par obligation morale qu'il se joignit à cette accolade. Et curieusement, c'était plutôt agréable. Ainsi enlacé, la solitude jusqu'alors si pesante qui résidait en son coeur, tendait à se dissiper. Mais c'était Énide... et qui dit Énide, dit anecdotique ! Et pour cause, sans crier gare, la Fée se retira, se figea, puis s'envola. La salive générée au moment du câlin n'était même pas encore avalée, que l'intrépide s'afférait à tirer un corps hors de l'eau. Elle était à bout de force, nul besoin d'être observateur pour s'en rendre compte, et pourtant... - Qui est-ce ? Maugréa Mirdo devant l'image de cette silhouette en perdition. Sa peau était calcinée, noire, presque friable. Quant à ses jambes, le Dieu déchu avait mal rien qu'à les regarder... Pas un instant il ne fit le lien entre cette exuvie à la dérive, et l'explosion qui le fit se recroqueviller dans sa coquille. C'est pourquoi il se précipita aux abords du youyou pour prêter main forte à Énide qui avait tout donné pour rendre cela possible. Ses chairs étaient flasques et chaudes, mais en dépit de ce toucher peu ragoûtant, Mirdo n'eut aucun mal à l'arracher à l'étreinte de l'océan. - Par les Enfers... son visage. Constata l'ancienne Divinité, effarée. Puis il la déposa lentement sur le dos, bien calée contre le versant tribord du canot. Elle ne respire pas, elle ne respire pas ! Répéta t-il en mettant l'accent sur l'inquiétude qui le transcendait. Ayant à faire au verso d'Énide, Mirdo se tourna tout naturellement vers le jeune garçon. Mais prenant acte que c'était lui l'adulte, au passé Divin qui plus est, tenta de prendre ses responsabilités, et stimula la victime. Pour se faire, Mirdo fit appel à tout son bon sens et commença à écarter puis resserrer les narines de la morte. D'abord doucement, il le fit de plus en plus rapidement, jusqu'à se laisser peu à peu dominer par la frénésie de l'angoisse. Allez ! ALLEZ !! Réveille toi !Pendant ce temps, éprouvé par les agitations du chiroptère, le Mioche dut se résoudre à le libérer. Mais en repoussant le vêtement de sa mère, la vue des flammes qui grondaient tout autour de lui le terrifia tant et si bien, qu'il en demeura pétrifié ! Et comme si la chauve-souris avait ressenti sa détresse, plutôt que de s'enfuir en l'abandonnant à une mort certaine, ce fut par le biais d'une violente morsure au niveau du cou, qu'elle tenta de le faire réagir. Saisit par la douleur, le garçon finit par hurler à pleins poumons, avant de courir jusqu'à la rampe qui donnait sur le large. À chaque enjambée, il dut faire preuve de la plus grande prudence ! Entre les corps, les détritus et les flammes qui bardaient le pont, cela relevait d'un véritable parcours du combattant. Sur l'instant, seule importait sa survie, mais en dépit de cela, le Mioche ne put réprimer l'envie de regarder par-dessus son épaule. Le corps de sa mère sans tête se grava dans sa mémoire, et ce fut les yeux chargés de larmes qu'il s'appuya sur le garde-fou. Sanglotant silencieusement, enserré par la peur du vide et celle d'être brûlé vif, l'enfant fut incapable de se décider. Seule le chiroptère avait remarqué le petit groupe de naufragés, et c'est à leur attention qu'il poussa ses plus puissants couinements tout en tournoyant autour de la tête de l'orphelin.
Quant à la scène qui se jouait derrière lui, hormis le brasier grandissant, les survivants qui n'étaient ni assommés, ni ensevelis sous les décombres, galopaient de part et d'autre pour échapper aux flammes. Ils étaient neuf, et tandis que les plus paniqués hurlaient que le Dragon des mers n'était plus, d'autres, plus rationnels, sautèrent par-dessus bord ! Bientôt, le foyer atteindrait la réserve de poudre à canon, ce qui signera la fin retentissante et définitive du Fëalókë morë...¤ 7 Khole Gaïa ¤ ~ Il est 9 heures 43 ! ~ |
| | | Meallán | Sujet: Re: Le filin pernicieux Ven 7 Juin - 9:50 | |
| Monsieur Mirdo ne valait pas un clou... Mon rabrouement n'avait eu aucun effet sur ce mollasson... J'en vins à me demander comment il avait pu survivre jusqu'à cet âge en étant aussi passif ? Pour sûr, c'était un chanceux ! Me désintéressant très rapidement de lui, je m'étais mis à chercher Énide, la débrouillarde qui méritait largement sa survie contrairement à nous... Cependant je la soupçonnais d'être née sous une très bonne étoile généreuse, elle me semblait prendre tellement de décisions incongrues et risquées, que c'était aussi étonnant qu'elle soit encore de ce monde... Et moi ? qu'est-ce que je faisais là ? Mais je coupai court mon auto-analyse. Je la remarquai survolant le navire. Mais maintenant que j'y pense elle n'était pas derrière la fée fusée juste avant ? Je cogitais un peu pendant que je lui faisais signe. *Bah, aucune importance*, me dis-je en haussant les épaules. Elle était là et semblait toujours autant dynamique. La demoiselle se rapprocha, moi qui m'attendait à un retour en fanfare, eh bien non, elle était, bizarre ? Le visage rouge, des brûlures ? Je me rapprochai inquiet - ça va aller ? tandis que, posée sur le bord du youyou, elle nous regardait tour à tour, presque, coupable ? *Naaaan pas son genre* me dis-je tranquillement, *sans doute juste un coup chaud*. Sans crier gare, elle se laissa tomber délicatement sur moi, son visage se déposa sur mon épaule. Inquiet pour son équilibre je l'enlaçai, maintenant sa position sur moi. *heuu... ? Je dois la laisser comme ça ou ?...* Un truc tiède et mouillée coula dans mon cou alors que d'une de ses mains libre elle attrapait l'amorphe pour le rapprocher de nous. La suite me fit comprendre qu'elle avait été drôlement inquiète. La laissant lui servir de mouchoir, même si je trouvai ça dégoûtant, je tentai de la calmer avec ma main gauche caressant le bas de sa tête à sa nuque. De mon autre main, je tapotai la tête de Mirdo, après tout, lui aussi avait dû être traumatisé... Je profitai de cette parenthèse calme, inattendue et mignonne. Cette sorte de câlin réconfort se termina par la fée brutalement. Plus de petit poids sur mon épaule, * Et c'est reparti..* pensais-je déçu de la fin de l'embrassade et content qu'elle aille mieux d'un coup. Mais non, elle était stressée, en cherchant la source je compris. La fée-comète. Elle voulait vraiment sauver ça qui, quelques minutes avant allait nous exploser ? Je l'aidai toutefois à tirer cette femme hors de l'eau, ou plutôt tentai. La peau de cette femme, je la trouvai affreuse, en visuel, en texture, je craignais de l'endommager encore davantage en voulant la soulever maladroitement. Je m'aperçu également qu'elle ne possédaient pas d'ailes, elle était donc comme moi ?! Mais je n'avais pas rêvé, elle volait, elle ?! Je me demandais comment, je voulais connaitre son secret, avais-je une chance moi aussi de flotter comme elle ? Seule cette intrigue me donnait envie de la secourir. Pour une fois, le mollasson vint à la rescousse ! Étonné, je le vis prendre les choses, la dame, en main, l'installer dans le youyou. Il constata même qu'elle ne respirait plus. Il tenta alors de la réanimer en... lui agitant les narines. Consterné, je regardai Énide, pour savoir si je devais rire ou pleurer ou pleurer de rire. Je n'étais pas le meilleur des soigneurs mais là quand même, la technique me semblait bien farfelue. Ils semblaient tellement vouloir la sauver tous les deux que je me pliai de leur côté. - Au pire, si elle retente de nous faire du mal, je lui renvoi un piano ? maugréai-je, Poussez-vous, je vais essayer à mon tour, je ne promet rien car contrairement à Alkanor, elle ne respire plus... ne m'interrompez pas dès que je commence.Je me concentrai, puis entonnai lentement et sans grande conviction... Sur les vagues de l'océan, Sous le ciel d'un bleu incandescent, Ton souffle n'est plus, mourant Dans le silence, il résonne un chant.
Les flammes ont dansé leur cruel ballet, Dans ce coma, tu demeures ombreuse Les secondes passent, tu es figée, Ta méchanceté est silencieuse
Sur ce youyou, réveille toi, Suite à ce sommeil, ne sois pas infâmes, Ton réveil ne sera pas notre drame Ton repos se termine, lève toiFinissant ma chanson, je guettais la moindre réaction de sa part... Prêt à recommencer si besoin. ¤ 7 Khole Gaïa ¤ ~ Il est 9 heures 45 ! ~ |
| | | Énide | Sujet: Re: Le filin pernicieux Mar 30 Juil - 17:02 | |
| Son bruit, sa couleur, et même sa chaleur ne parvinrent à m'arracher un sourire. - Cela t'étonne gamine? - Oui, OUI! Moi qui aime tant le feu! - Oooh assez de jérémiades! T'en as quelque chose à faire des mousses de ce rafiot?! - Nan.. - C'est la sirène alors! - NON! - Sale menteuse! Étant ce que j'étais, le conflit intérieur était la seule façon, pour moi, de comprendre ce qui ne cessait de me turlupiner. Ainsi je pus m'extraire de cet état catatonique, énervant au possible! Bien sûr qu'elle me hantait, mais d'un autre côté, la culpabilité que j'éprouvais vis-à-vis de mon ex-captive, tendait à se gommer. Hélas pour ma pomme, la balance qui gîtait dans cette masse informe qui se trouvait être mon âme, accusait un poids coupable bien supérieur à celui que je me faisais de l'innocence. Ainsi terrassée par ma propre justice, je cherchai un moyen, aussi désespéré soit-il, de retrouver la paix intérieure. Seulement, n'avais-je point déjà fait amende honorable en risquant ma peau de fée pour sauver ces deux hurluberlus? Décidément, je n'y comprenais quedal.. Il fallait quoi de plus, hein?!! Que je m'arrache les ailes et que je les colle sur le dos de Meallán?! Non mais sans blague, c'était quoi cette conscience moisie?!! Tandis que je m'injuriai, à juste titre, le mât de beaupré, alors rongé par les flammes, céda sous son propre poids. En dépit du grondement qu'émettait le brasier, je pus l'entendre craquer, puis s'écraser dans les flots. C'était une mélodie intéressante, jusqu'à ce que les syllabes étirées ne fassent leur retour!! Une fois de plus, pour ne pas dire de trop, Meallán se remit à parler de cette façon étrange.. SuuUUUUR leeees vaaaAAaaaAAAgu'deuuuuuh.. Oh mais quel enfer!!! Les yeux révulsés et le menton surexposé, imagèrent parfaitement le fond de ma pensée. Si je ne l'avais pas découvert un minimum, j'aurais directement supposé que le garçon cherchait à l'achever. En tout cas, si le meurtre aurait été mon intention, je ne m'y serais pas prise autrement. Les dents serrées, je finis par m'envoler dans l'unique but de me soustraire à cette torture auditive. Mais à peine ai-je eu le temps de prendre de la hauteur, que je remarquai un gosse, oui, encore un! perché sur le versant tribord de l'épave. Les récifs en contrebas se languissaient de refaçonner son corps, alors que le feu, ah le feu! ne ferait que le réduire à l'état de cendre. Dans les deux cas, sa fin promettait d'être douloureusement colorée! Alors quoi, je devais le sauver lui aussi?! Non mais pour qui le destin me prenait t-il? JE N'Y ÉTAIS POUR RIEN!! Je n'y étais pour rien si l'autre basanée n'avait pas souhaité que je touche à la barre de son rafiot. Je n'y étais pour rien si par la même occasion elle m'avait mis dans tous mes états! Je n'y étais pour rien si par ma faute le navire termina sa course dans un étoc! Attendez, quoi?!! Comment cela, ma faute?! À force de chercher à me dédouaner, je finis par complètement m'incriminer. "Elle méritait des fleurs, pas des algues!" Résonna tout à-coup la voix de Meallán. Ah, oui.. ça. Oui bon d'accord, j'avais un petit peu fait bouger le bateau, et après? "Énide, c'est là ton étiquette" Poursuivit l'autre cramée. Ah d'accord!! Donc tout ça c'est de MA faute quoi?! J'ai empalé le navire dans la rocaille, j'ai énervé tout le monde, sacrifié une sirène, attiré l'esprit vengeur de mon ex-captive, laquelle a foutu le feu partout. Et maintenant, c'est à moi de tout assumer?! Non, cela ne rentrait pas dans mes attributions. Et si j'allais plutôt me rendre sur l'île d'où je vis une épaisse colonne de fumée? Elle n'était certes plus aussi noire que tout à l'heure, mais là-bas au moins, je n'étais responsable de rien. J'entrepris alors de filer vers le large, loin, très loin d'ici. Mais je ne pus malheureusement m'y résoudre.. Ce, je ne sais quoi qui s'acharnait contre moi, veillait à me faire me sentir toujours plus mal à mesure que je m'éloignais. La poitrine comprimée, le souffle court, je me mis en quête d'un prétexte. Je n'avais manifestement pas le choix de me résilier, en allant dans le sens de ce poids coupable, mais il était hors de question que je lui donne raison, jamais! Aussi, quand je fis demi-tour, ce ne fut guère pour porter assistance au gosse qui menaçait de sauter, mais pour aller me quérir de la dague de Meallán. Si le chiard était sur le chemin, ce n'était que par pur hasard. Adoptant la posture du faucon plongeant en piqué, je fonçai droit sur le gosse. Les bras alignés sur mes ailes, je fis usage de la résistance de l'air pour maîtriser mon allure. Quand l'assiette fut finalement atteinte, c'est depuis son dos que je déboulai! Passant entre les flammes tout en nourrissant la folle envie d'en traverser, c'est à bras le corps que je me saisis du morveux. Et à l'instant où il fut assujetti à la force gravitationnelle du vide, c'est ensemble que nous chutâmes.. Mes bras, mes ailes, aucun des deux n'étaient conçus pour être lestés de la sorte. Littéralement agrippé à son vêtement, je battis des membranes au plus fort que je pus! Mais en dehors d'une vive douleur dans toute la partie droite de mon dos, mes effort n'eurent que peu d'effet. Nous nous écrasâmes dans l'océan, au travers d'un plat magistral. Ma tentative lui permit toutefois de ne point se manger le récif qui pointait à seulement quelques mètres derrière nous. - Allez nage! Avais-je râlé sous le joug de la douleur qui me lancinait dramatiquement. Je rapetissai l'instant d'après, et reprit mon envol. Le petit point brillant que j'étais devenu, se déplaçait de manière erratique, tant la souffrance me paralysait. J'ignorais alors qu'il était du domaine du possible de se fouler une aile. Ce fut en tout cas ce que je crus, jusqu'à ce que je n'ose à regarder par-dessus mon épaule. Le choc de l'image me fit ouvrir grand les yeux, tandis qu'une terreur abjecte s'installait dans ma gorge. La racine même de mon aile droite s'était muée en une excroissance rouge vif, en tout point semblable aux moignons de Meallán. J'avais toujours le contrôle sur ma membrane, mais je n'étais plus guère capable de la sentir. Tout n'était plus que souffrance.. J'avais tellement tiré sur mes ailes, que l'une d'elles fut complètement sortie de son logement. La raison voudrait que je rejoigne le youyou et me repose, mais tant que je n'aurais pas récupérer la dague, mon esprit ne sera pas tranquille. Après tout, c'était pour cette chose, et seulement elle, que j'avais pris tous les risques. -*Allez! tu peux le faire, tu peux le faire!!*Poussée par mon égo, ou devrais-je plutôt dire, portée par mon égo. Je parvins jusqu'au lieu où dormait l'arme. La chaleur avait séché le sang qui nappait le métal. Son bout pointu me faisait toujours le même effet.. L'incendie avait presque tout conquis, et je savais combien ces vaisseaux pouvaient être explosifs lorsqu'ils étaient la proie des flammes. Reprenant ma taille XXL, je me hâtai jusqu'à l'objet de ma convoitise, l'arrachai aux débris, accusa quelques brûlures, et repartis en direction du youyou. Désynchronisées, mes ailes furent incapable de me soutenir plus avant. Ainsi, pour la seconde fois en l'espace de quelques secondes, je chus dans la flotte. Une dizaine de mètres me séparaient du gosse, et à l'instar de la sirène en charpie, le visage dans l'eau, et la dague fermement maintenue, je dérivai au gré des courants. ¤ 7 Khole Gaïa ¤ ~ Il est 9 heures 47 ! ~ |
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