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 Tout Feu, Tout Flamme

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Elvin
Elvin
Récits : 38
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MessageSujet: Re: Tout Feu, Tout Flamme   Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Icon_minitime1Mar 28 Juil - 16:49

Mais ma prière se déchira en gémissements. Comment aurais-je pu prévoir, comment aurais-je pu penser, que le danger ne viendrait pas de l'extérieur mais de l'intérieur ? Peut-être était-ce de ma faute ? À cause de ma propre impuissance ? Oui, j'avais tant proclamé que je voulais aider, instant après instant, je n'avais eu de cesse, ce mot à la bouche. J'avais été bien stupide, bien inconscient de ma faiblesse. En un sens, ceci était une juste rétribution. En étant incapable de pouvoir les aider, je les avais trahis. J'étais responsable de ce qui m'arrivait.

Alors, ainsi soulevé par les cheveux, je fis la seule chose que je pouvais encore, je tentai de me retenir de crier. Cela aurait été inutile. Cela n'aurait fait que l'énerver. C'était ridicule, je le savais, c'était pourtant la seule choses qui me restait, entre mes larmes et mes pitoyables gémissements. Mais bientôt, lorsque même mes cheveux me firent défaut, échappant à mon crâne ou à ses mains, même cela m'abandonna en face du néant.

C'était la bouche du monstre, comme un vide béant, une ouverture d'ombre, un morceau de noir absolu, prêt à engloutir toute la réalité. J'aurais voulu fermer les yeux à ce moment. J'aurais voulu que cela au moins je ne le vois pas. Je ne voulais pas apercevoir mon sang couler, mon corps se tordre, se découper en lambeau sous des crocs d'une force absolue. Je ne voulais pas que ma dernière pensée soit un étonnement morbide face au temps que mon cerveau put demeurer actif après que mon cœur ait été avalé dans les ténèbres. Fermer les yeux aurait été tellement plus simple, cela m'aurait épargné des choses. Mais, incapable d'échapper à cette vision, je gardai les yeux ouverts. C'était tout.

Je ne pouvais pas voir ma vie défiler devant moi car, si j'en avais déjà eu une, je ne m'en souvenais pas. Je ne pouvais pas non plus prier, je m'en serais voulu d'effrayer mon dieu. Au fond de moi, je regrettais un peu de ne pas pouvoir laisser de testament derrière. Pas que j'ai des objets à laisser, non, je n'avais que mes vêtements. Mais, j'aurais bien voulu que quelqu'un m'écoute, enfin, pour une fois. J'aurais aimé que quelqu'un fasse attention à moi, me chérisse, boive mes paroles et me réponde par des sourires. Au moins une fois dans ma vie, j'aurais eu un endroit, des gens auxquels appartenir, je n'aurais plus été seul. Pourtant, c'est sans personne que j'allais mourir, à jamais sans nom, sans histoire et sans ami.

N'avait-ce été qu'une illusion lorsque j'avais cru que je m'étais rapproché de la fille du feu ? Ne m'avait-elle sauvé que pour que je serve d'appât ? Cette reconnaissance que j'avais cru lire sur son visage lorsque j'avais réussi à apaiser sa colère après la disparition de son amie n'avait-elle été qu'un mensonge ? Non. Je m'en voulais de douter d'elle. Je savais au fond de moi qu'elle n'y était pour rien. Elle avait tout fait pour me secourir, pour me protéger. Elle m'avait littéralement sauvé la vie alors que la bête fonçait sur nous. Quoi qu'il soit en train de se passer, ce n'était pas de sa faute. Ce n'était pas elle qui était en train de me sacrifier. Et j'aurais été injuste de la juger à partir des actions de quelqu'un d'autre, de la juger sans savoir, elle qui avait fait tant d'effort, tandis que moi je m'épuisais en vain, incapable.

Même à ce monstre, je ne pouvais pas réellement en vouloir. Il ne faisait que se nourrir en soi. Moi, j'étais juste une proie, un morceau de viande qu'on projetait vers lui. « Lupa » que l'autre l'avait appelée ? Ah, c'était ironique quand on y pensait. J'avais imaginé un ennemi. J'avais même cru à une déesse. Mais en fin de compte, Lupa était juste un animal, un animal qui comme les autres agissaient par instinct. Avoir prié la bête qui était justement sur le point de me briser... de me dévorer. Oui, j'avais été bien ridicule en fin de compte.

J'espérais au moins que, à défaut d'autre chose, la femme que j'avais entendue prononcer son nom allait bien. Comme la créature que j'avais devant moi, elle était probablement en train d'écumer les forêts. Elle avait eu l'air si gentille. Elle avait même cherché à me parler malgré ses douleurs. J'espérais qu'elle ne serait pas trop écrasée par son instinct, qu'au moins elle ne tuerait pas trop de gens. J'étais loin de penser qu'elle était pourtant au plus près de nous. J'étais loin de m'attendre à recevoir de l'aide de sa part.

Car, lorsqu'un autre loup gigantesque se jeta sur le premier, les crocs en avant, pour le déséquilibrer, je reconnus ses yeux, son regard sauvage. Elle sentait la forêt et les pins. Par son acte incompréhensible, en s'attaquant à sa propre race, elle venait de me sauver. Oh, elle aussi restait un fauve, un être appartenant à la nature, aussi je doutais qu'elle ait pu tenter de me sauver volontairement. Néanmoins, c'était finalement ce qu'elle avait réussi à causer par ses actes. Elle venait de me délivrer de l'horrible destin qui m'attendait. Et pour cela, murmurant en mon cœur, je me pris à exprimer ma reconnaissance.

*Merci.*

Mais cela ne fut que de courte durée. Une douleur aiguë vint me rappeler à la réalité bien plus cruelle, la fin de ma chute. La violence d'un tel lancer aurait même sans doute dû briser certains de mes os, mais pourtant tout allait bien. Une masse noire dans l'obscurité, un contact mou et aqueux, avait amorti ma retombée. Ainsi, projeté loin de l'éclat reposant des flammes de celle qui m'avait sauvé, je peinai à reconnaître ce que c'était. Tendant mes mains sous moi, je ne sentais que les ténèbres, une chaleur tiède et comme un cartilage, l'odeur du sel, celle du poisson. Plissant les yeux, je cherchais à comprendre, mais plus mon regard distinguait entre les ombres et plus le rouge se mêlant au trouble, plus je sentais en mon cœur un poids, un regret, peut-être celui d'avoir cherché.

Au bout d'un moment à m'agiter, même ma cécité, presque feinte après tout ce temps, ne put me sauver de la vision, du regard sur le corps mutilé. Des côtes avaient été brisées sous mon poids et sortaient désormais de sa cage thoracique, et par le trou qu'avaient laissé sa tête et son épaule. Son torse étaient si ravagé qu'on avait peine à croire qu'il ait pu être beau un jour. Une partie des écailles avaient été arrachées par une mâchoire puissante, laissant des trous, comme une forêt après une tempête. Un bras dont tous les os avaient été mâchés jusqu'à en faire ressortir la moelle semblait toujours tendu en position de défense. Son estomac, déchiré en même temps que sa taille avait été scindée, empestait le désespoir, la mort et les coquillages. Le tout baignait dans une eau noire, épaisse, ferreuse, dans des profondeurs de malheur et de mal-être, dans cette mer que j'avais tenté tant et tant d'oublier. J'aurais voulu ne rien voir et continuer dans le néant de ma mémoire. J'aurais voulu ne pas reconnaître cette marre dégoûtante, cet être déchiqueté. J'aurais voulu... mais je l'ai reconnu. C'était une sirène.

Et seul le noir succéda aux pensées de la pauvre presque-fée, tandis qu'elle s'évanouissait sur le cadavre de l'un de ses presque-semblables.

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P.N.J
P.N.J
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MessageSujet: Re: Tout Feu, Tout Flamme   Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Icon_minitime1Sam 17 Oct - 23:42

Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Erina210

Un choc d'une violence sans nom ébranla Lupa, et l'instant d'après, le sable fin gorgé du sang des victimes de la louve, fut remplacé par la terre brûlante d'une forêt en feu. La fournaise gagna en puissance peu après, mais le temps que la maudite entreprenne de maîtriser Lupa, cette dernière lui asséna un puissant coup de patte arrière dans les côtes, la faisant ainsi valdinguer autrement plus loin que n'avait pu le faire Umar. Le vent dû à sa vitesse de vol fouetta ses tympans, avant que son corps déserté de tout contrôle ne s'en aille se briser contre un rocher. Un couinement résonna dans les ténèbres, puis plus rien... Sa nature de Viciée lui permit toutefois de recouvrer rapidement ses esprits. Et alors que ses plus petites plaies se refermaient, Erinaë aperçut un halo semblable à l'astre se levant poindre à l'horizon. De là, le souvenir funeste de son village embrasé la submergea. La fille du feu en était très certainement la cause, mais à la vue du danger que représentait Lupa, la rôdeuse maudite pouvait bien mettre sa traque de côté afin de mettre un terme à cette menace. Seulement, en voulant se rendre sur les lieux où le combat faisait rage, Erinaë croisa derechef le garçon qui avait assisté à sa transformation. Il était allongé là, blotti dans les bras de Sinah, comme démissionnaire de sa propre existence. Jonchant parmi les cadavres des Sirènes, ou plutôt des restes que Lupa avait bien voulu laisser, la Viciée manqua de le piétiner lors de sa course pour assister la pyromane dans son entreprise d'extermination. Désormais à l'arrêt, la rôdeuse déchue le huma par deux fois, avant de l'abandonner à sa couche thoracique tout en se faisant la promesse d'y revenir plus tard.

Bondissant par-dessus l'inerte, Erinaë se faufila jusque dans de proches fourrés afin d'avoir une vue dégagée sur les actions de l'incendiaire. La chaleur qu'émettait ce concentré de lumière se ressentait jusqu'à sa position, à tel point que le buisson dans lequel elle s'était tapie s'immola peu après sa désertion. Désormais camouflée par la nuit, la rôdeuse bafouée attendait le moment propice pour agir.

Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Um12

La Flammèche ne se fit point prier, et en dépit de cette terreur qui lui mordait les entrailles, elle déchaîna toute sa puissance sur la créature qui les chassait. Ce monstre n'avait jamais fait part de ses intentions en dehors de son hostilité latente, il devenait donc difficile de comprendre le pourquoi de cette situation. À date antérieure, Umar ne se serait jamais posée la question, mais aujourd'hui, elle allait jusqu'à se demander si cette chose ne méritait point réflexion. Et alors qu'elle mêlait ses assauts à ceux de Mayufu, la Démone ressentit une certaine forme de respect à l'égard de ce monstre. Car en dépit de ses pics d'ombre et de l'étoile au coeur de laquelle il se débattait, la vie habitait toujours son être ! Même elle serait incapable d'endurer pareil traitement ! Alors à mesure qu'elle admirait la combativité de cette Lupa, Umar créa une sphère impénétrable qui engloba la nébuleuse plasmique de son acolyte. Au terme de quoi, elle compressa le tout. La chaleur avait cesser d'irradier les environs, mais l'énergie qui en émanait faisait vibrer chaque particule qui demeurait en ces bois calcinés. La boule de ténèbres s'amenuisa à vue d'oeil ! Le but d'Umar était d'en finir une bonne fois pour toute avec cette chose, et avec ce qu'avait fait la fille de Bhaal, la victoire était assurée. Mais une pensée fugace lui titilla les sens, à savoir ; "Il était quand même dommage de se priver d'un potentiel aussi dantesque..."

Le feu et l'ombre se couplèrent avec harmonie contre leur ennemi commun, et même si Mayufu souffrait désormais d'une déconnexion avec son orbe de feu, elle raviva aussitôt les flammes adjacentes pour envelopper à son tour la manipulation d'Umar. Hélas, un tel déferlement d'énergie qui outrepassait sa condition de Mortel risquait à tout moment de la consumer entièrement. La Démone en avait conscience, mais la fureur de l'instant ne permettait point de la modérer, aussi s'empressa t-elle de comprimer Lupa jusqu'à la réduire à l'état de néant ! Mais à mi-chemin, une résistance se fit sentir. Umar eut beau redoubler d'effort, rien n'y faisait ! Tandis que son front perlait de sueur, la sorcière des ténèbres en oublia ses limites et parvint à réduire encore un peu la prison du monstre. Son esprit n'était pas préparé à ce genre d'exercice qui surpassait de très loin sa puissance d'antan. L'espace d'un instant, elle crut même ressentir le palpitant de Lupa s'activer au sein de sa propre poitrine. Alertée par cette sensation nouvelle, Umar sortit de sa transe afin de voir de ses yeux ce qu'il se passait en contrebas. Autant vous dire que Lupa sut pleinement profiter de ce détachement pour littéralement faire exploser l'entrave de la Démone. Résultat, l'explosion coucha tous les arbres alentour, éjecta Mayufu trente mètres plus loin et Umar au double de cette distance avant de s'écraser dans les ruines encore fumantes d'une maison dépourvue de toit. La détonation fut si terrible que le sol se déchira sous elle !

Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Llll11

Une masse en feu se mit à hurler depuis le centre du cratère. En dépit des flammes qui crépitaient sur sa fourrure, Lupa ne témoignait d'aucune souffrance, ni même d'une quelconque séquelle quant à ce qu'elle venait de vivre. Foulant désormais la terre charbonneuse jusqu'à la lisière de la défunte sylve, le monstre sanguinaire riva son regard de braise sur la silhouette de l'incendiaire. Le feu ne cessait de redessiner son pourtour, lui donnant un aspect plus massif encore ! Puis d'un pas lent et mesuré, Lupa effectua un bond terrifiant de tel façon à fondre directement sur sa victime ! Laquelle fut brusquement écartée par son infante, et ce, juste avant qu'elle ne s'écrase sur elle ! Lassée de cette traîtresse, la Louve géante se jeta sur l'infortunée Viciée qui ne put rien faire pour se défendre. Griffée à l'abdomen, puis saisie par les reins dans l'immense gueule de son assaillante, Erinaë fut secouer à six reprises avant de se faire projeter jusque sur la rive. Cette poignée de secondes passées à malmener la rôdeuse suffit à faire taire les quelques flammes qui lui léchaient encore la crinière. Ne perdant point son objectif principal de vue, Lupa se rua sur la pyromane, laquelle se heurta à un mur d'ombre !

- Arrête ça ! S'écria soudainement Umar en s'élevant depuis sa ruine.

Mais le monstre fit la sourde oreille, un violent coup de patte suffit à rompre l'écran protecteur. Convaincue de ne jamais faire le poids dans son état actuel, la sorcière des ténèbres entra de nouveau en stase. Cet état second, voir même tertiaire, lui faisait tout percevoir au ralenti, sauf Lupa qui conservait curieusement sa dangereuse allure. Aussi la Démone n'eut d'autres choix que de surélever la flammèche dans les airs pour lui épargner un bon coup de croc dans les jarrets ! Près de quatre-vingt mètre plus tard, Umar se laissa gagner par toute l'obscurité environnante, ce qui la fera par ailleurs disparaître complètement. Malheureusement, il en fut de même pour Lupa, qui, une fois encore, pouvait surgir de n'importe où ! À la différence que, la Démone pouvait la ressentir, voir même, la distinguer ! Ces mouvements erratiques ne permettaient guère de la localiser avec précision, mais ainsi Umar fut en mesure de comprendre comment ce monstre pouvait se déplacer aussi vite. Lupa utilisait la voie des ténèbres comme s'il s'agissait d'un plan d'existence à part entière. La solution serait de l'en priver, mais comment... ?

La profondeur de sa transe lui apporta la réponse sans qu'elle n'ait eu besoin d'y réfléchir plus avant. Et pour cause, cette puissance qu'elle redoutait tant de gouter afin de préserver son moi d'autrefois, pouvait parfaitement conjurer la nuit de Lupa. Non pas qu'elle possédait le pouvoir de briser le sort, mais elle avait néanmoins la capacité d'engloutir cette obscurité. À l'instar d'un trou noir, Umar se mit à drainer le voile magique de la Louve, et rapidement, la clarté du ciel illumina la plage, allant jusqu'à aveugler les protagonistes. D'instinct, à défaut de mieux, la Démone riva son regard sur le corps échoué de l'autre bestiole, et put ainsi assister au retour de la rôdeuse. Même inanimée, il lui était facile de la reconnaitre. Une transformation qui eut tôt fait de lui rappeler la sienne peu avant cette fâcheuse rencontre, car voilà que son visage de jour s'en vint remplacer sa ténébreuse parure ! Un retour à la normale, si l'on pouvait dire, qui lui fit presque oublier l'altitude de la Flammèche qui tombait en chute libre en ce moment même. Ni une ni deux, Umar s'envola pour la rattraper dans ses bras. Profitant de sa position pour sonder les environs, la sorcière des ténèbres ne décela aucune trace de Lupa.

Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Umarav10

- Tu as bien oeuvrer. Susurra t-elle à son acolyte alors qu'elles regagnaient la plage. Mais ce n'est pas fini ! Ajouta sèchement la Démone en restant aux aguets.

La seule chose que Umar espérait dans le cas où Lupa serait encore dans les environs, résidait dans le fait que le retour du soleil l'ait au moins autant affaiblie qu'elle. Dans le cas contraire, la fuite demeurerait leur seule option...

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Mayufu
Mayufu
Familier : Orage
Récits : 128
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MessageSujet: Re: Tout Feu, Tout Flamme   Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Icon_minitime1Lun 19 Oct - 20:01

Plus rien autour d'elle n'existait. Toutes son attention était dirigée sur Lupa ainsi que de maintenir la puissance de ses flammes sur cette dernière. Jamais elle n'avait déployé une telle force jusque là et jamais elle n'avait eu autant la main mise sur l'élément du feu. Les poings serrés, le regard empli d'une haine innommable, tout son corps commençait à s'engourdir malgré le flux de magie qu'elle ressentait encore au travers de celui-ci. Il fallait dire que son amie l'avait bien rechargée afin qu'elle puisse déployer sa colère du mieux qu'elle le pouvait et la faire déferler sur cette monstruosité qui n'avait de cesse de la traquer depuis son arrivée ici. L'intérêt que lui portait cette bête la mettait dans tout ses états, surtout qu'elle avait mis Umar en danger de mort lorsqu'elle tentait de la soigner devant la grotte ! Sans compter aussi sur l'immense frustration de la tannée qu'elle s'était prise de la part de la Déesse de la Nature, Xiris. Toutes ces émotions lui étaient restées au travers de la gorge et, enfin, elle pouvait tout sincèrement relâcher sans se contenir. Cependant, elle avait conscience d'une chose : Si elle ignorait encore son corps de la sorte, elle finirait par s'écrouler d'épuisement et être totalement à la merci de cette bête. Mettant alors à nouveau Umar en danger puisqu'elle tenterait forcément de tout faire pour l'écarter du danger tout en restant attentive sur la menace... Mais évidemment, elle n'accepterai jamais d'abandonner sa fureur mais jamais non plus elle abandonnerai Umar. Cette chose était juste là, face à elle, ne semblant pas pouvoir s'extirper de ce brasier intense. N'écoutant alors plus qu'elle-même et non plus son corps, elle jeta toutes ses forces pour en venir à bout une bonne fois pour toute !

Et ce fut comme si le destin avait entendu ses songes... Umar venait d'envelopper l'astre qu'elle avait créée dans une bulle d'ombre qui se compressa petit à petit pour condenser la puissance qui y était enfermée, dans l'espoir de réduire ce monstre à néant. Perdant le contact avec ses flammes, son corps trouvant un instant de répit, son esprit se soulageant quelque peu, Mayufu observa la scène. Parvenant pas à calmer sa colère, les flammes se ravivèrent d'elles-même tout autour d'elle et de la sphère noire et ce fut d'un geste nette et précis qu'elle envoya à nouveau toutes ses flammes contre la bulle d'ombre. Ne réfléchissant nullement sur le fait si cela allait perturber le processus ou non ! Ignorant tous les signaux d'alertes que lui lançait son corps, ses émotions outrepassant tout son être, éclipsant les supplices de ce dernier. Ses jambes ainsi que ses mains et bras commencèrent à devenir rougeoyants, les veines sous sa peau semblant brûler de l'intérieur. Sa peau noircissant quelque peu, la surcharge commençait à arriver mais même avec cela, la jeune fille ne cessait de repousser encore ses limites. Voulant s'assurer d'elle-même que Lupa allait y passer. Que cette chose cesse enfin de vivre et de la traquer ! Qu'elle puisse enfin sillonner ce monde tranquillement aux côtés de son amie sans devoir sans cesse observer par-dessus son épaule !

Mais soudains, quelque chose n'allait pas. Malgré toute la puissance déployée, Mayufu sentait que l'astre d'ombre et de feu ne parvenait plus à se compresser et, une seconde à peine après, une violente explosion frappa toute la zone ! Survenant du cœur  même de ce concentrer de  magie ! La jeune fille se la prit de pleins fouet, l'onde de choc l'envoya valser à plus de trente mètre en arrière. Décollant du sol, se fracassant sur divers débris et s'écrasant finalement brutalement contre le sable qui finira par la ralentir. Complètement sonnée, plus aucuns sons ne lui parvenaient. Le regard brouillé. Ses mains rougeoyantes et fumantes, des flammes semblant crépiter sur celle-ci. Tentant tant bien que mal à se relever sur ses jambes tremblantes, la fille de Bhaal fut face à une scène qu'elle ne sut nommer. Le monstre s'en était échappé, enveloppé de ses flammes, ne montrant aucuns signes de faiblesse après tout ce qu'il s'était pris dans la figure. Ses jambes manquèrent de faillirent à la vue de cela. Comment cela était-il seulement possible ? Serrant les dents, ne la quittant pas des yeux, le regard noir, le visage déformé par la colère.

- Mais qu'est-ce que tu es à la fin.... ! Murmura t'elle sèchement.

Le sol s'était brisé sous la sphère. Les arbres avaient tous été couchés. Les maisons alentours avaient été soufflées et rasées pour la plupart d'entre elles, propageant ainsi l'incendie sur une zone plus étendue. Et Umar ? Levant les yeux au ciel et tout autour d'elle, elle ne parvenait pas à la voir. Se demandant si elle allait bien, elle s'apprêta à hurler son nom avant d'être coupée dans son élan par un bruit sourd. Se retournant subitement, elle aperçu la louve la fixer elle, encore, avec ce regard jaune qui tentait encore de la figer sur place. D'un pas lourd et lent, Lupa s'approchait d'elle pour soudainement bondir d'un coup. Avec le corps meurtrit qu'elle se traînait, Mayufu tentait tant bien que mal à esquiver. Ses jambes lui envoyant une vague de douleur, lui suppliant de cesser tous mouvements. Ce n'était vraiment pas le moment de flancher ! Envoyant toute sa volonté dans ses membres pour bouger, celui-ci s'engourdissait soudainement, lui faisant réaliser qu'elle ne parviendrait pas à s'en sortir. Ce monstre se ruant sur elle, une telle masse qui allait la percuter ou l'attraper dans sa gueule acérée, la fille de Bhaal était consciente qu'elle ne s'en sortirait pas. Néanmoins, son absence de destinée semblait tout de même vouloir la protéger puisque qu'une seconde masse surgit alors de nulle part. La jeune fille ne put l'apercevoir que du coin de l'oeil avant de se rendre compte de qui il s’agissait. Cette dernière la heurta avec violence d'un coup d'épaule pour la propulser de quelques mètres, l'écartant de la route de Lupa qui, finalement, se fracassa de tout son poids sur la seconde louve.

Son corps s'écrasant lourdement dans le sable, au milieu de débris enflammés, lâchant un cri de douleur, la fille de Bhaal comprit ce qu'il venait de se passer malgré qu'elle était secouée par l'impact qu'elle venait de subir. Mais elle n'avait pas de temps à perdre. Elle profita de ce léger répit pour se remettre sur pieds et se munir de nouvelles flammes, histoire de se défendre un minimum par elle-même et ne pas compter uniquement sur son amie. Amie dont elle ne savait toujours pas si elle allait bien ou non mais le temps ne laissait pas la possibilité de partir à sa recherche pour le moment. Qu'elle puisse lui montrer qu'elle était capable de s'en sortir par ses propres moyens et de la protéger ! L'autre loup qu'elle supposait être la rôdeuse n'était pas de taille contre Lupa. Attrapée dans sa gueule et secouée dans tous les sens dans un vacarme qui glaçait le sang bouillant de la pyromane, cette dernière ne quittait pas la scène des yeux et envoya une nouvelle vague de flamme à la figure de Lupa afin de tenter de lui porter un coup important ou venir en aide à la rôdeuse, tentant ce coup-ci de ne pas la toucher elle.  

Mais elle fut trop lente ! La louve géante se débarrassa de la plus petite en l'envoyant voler à l'opposé comme une veille chaussette sale et reprit sa charge sur la jeune fille dont les flammes avaient peinées à surgir et se jeter sur celle-ci. Comprenant que ce coup-ci elle ne parviendrait nullement à l'esquiver, lancée dans son assaut pour profiter de l'ouverture offerte par Erinaë, elle hurla de toutes ses forces pour envoyer tout ce qui lui restait sur son ennemie. Dans un bruit assourdissant, ses flammes ainsi que Lupa se heurtèrent violemment à un mur invisible les séparant toutes les deux. Un mur d'ombre ? UMAR ? Une voix résonnant au-dessus d'elle, dans son dos, lui confirma la présence de son amie. Elle était vivante ! Jetant un œil dans sa direction, soulagée de voir qu'elle semblait aller bien, Mayufu entendu alors un bruit d'impact indiquant que le mur avait cédé sous l'assaut de la bête, faisant vibrer l'air tout autour d'elle. Apercevant, du coin de l’œil, les griffes de Lupa se rapprocher d'elle, la fille de Bhaal serra les dents afin d'accuser le choc à venir, fermant les yeux. Cependant, au lieu d'une douleur intense, se fit une poigne invisible qui se saisit de son corps pour l'envoyer en l'air, sentant qu'elle prenait une forte altitude en un court instant. D'ici ce moment là, elle parvint plus à distinguer ce qu'il se passait. Autant la louve que son amie avait disparus dans l'obscurité. Plus aucuns sons ne lui parvenait hormis celui du vent fouettant ses oreilles. Ne sachant alors pas quoi penser, la gorge nouée, elle tenta de rester calme et de repérer le monstre. Sentant toujours la poigne magique de son amie la maintenir en l'air... Mais à combien de mètre au-dessus du sol se trouvait-elle ? Sûrement très haut si elle devait en juger par la vitesse d’ascension et le temps mis...

C'est à cet instant précis qu'une intense lumière surgit de nulle part, l'aveuglant totalement... non, lui brûlant les yeux à tel point qu'elle en eut mal à la tête instantanément. Cependant... elle se préoccupait pas particulièrement de ce détail là puisque, une autre sensation vint s'inviter à toutes celles qu'elle ressentait déjà : La chute libre ! Plus rien ne la retenait et, les yeux plissés, elle constatait que le sol se rapprochait très vite. Était-il arrivé quelque chose à la sorcière des ombres pour qu'elle ne la retienne plus et que Lupa l'attendait alors sagement la gueule ouverte en-dessous pour l'accueillir ? Tentant tant bien que mal d'invoquer Bhaal pour éviter de s’aplatir comme une crêpe, elle n'y parvint pas. Son énergie s'était volatilisée... A la place, une douleur aiguë lui avait traversé le corps tout entier, remarquant à nouveau ses jambes, mains et bras toujours rougeoyants dont les veines brillaient au travers de sa peau.

*J'ai un peu abusé...* Se dit t'elle en continuant sa chute, fermant les yeux. Attendant le moment où on viendrait la rattraper avant une possible fin ridicule. Finir écrasée d'une chute libre après un tel combat, ce n'était vraiment pas dans son agenda ! *J'ai toujours eu foi en toi !* Pensait t'elle alors très fortement.

Soudains, sa chute s'arrêta nette. Les yeux fermés, elle ne ressentit aucunes douleurs. Ses mains partant à tâtons pour sentir où elle était tombée et lorsqu'elle reconnu le toucher de la peau de Umar au lieu de celui de l'eau ou du sable, ses yeux s'ouvrirent soudainement. Le destin l'avait servie comme sur un plateau aux bras de son amie qui l'accueillit en douceur tout en continuant de survoler la zone. Quant à Mayufu, il lui fut quelques secondes pour réaliser ce qu'il venait de se passer ainsi que de remettre ses esprits à l'heure. Clignant doucement ses yeux endoloris par la soudaine lumière du jour, le vent caressant son visage, elle distinguait le visage pâle de son amie, le même qu'elle avait découvert après que Xiris lui ait rendu la vie. Souriant légèrement, satisfaite de ne point avoir heurté le sol mais ses bras, elle maintint le silence. Jetant un œil en-dessous d'elle, elle n'aperçut qu'un vaste désastre. Celui qu'elle avait commencé et qui s'était aggravé avec l'enchaînement des événements. Si un jour le temps lui permettrait de souffler un peu, elle ne serait pas contre l'idée de remettre tout cela au clair dans ses souvenirs. Sa vie était déjà suffisamment un brouillon, il ne lui était pas nécessaire d'en rajouter plus... D'une voix douce, mais enrouée, elle brisa le silence en fixant le visage de son amie.

- Tu n'es pas blessée ? Tu vas bien !? Lui demanda t'elle alors, alors que sa voix ne parvenait plus à s'accorder sur les diverses nuances d'aigu ou grave et l'inquiétude qu'elle exprimait. Merci de m'avoir sauvée autant de fois... mais si j'avais si bien œuvré, tu n'aurais pas eu à me sauver autant de fois... Je suis désolée.

Le vent cessant de souffler, elle comprit que son amie avait mis pieds à terre et la déposait ensuite. Déposant doucement ses pieds sur le sable encore chaud, la fille de Bhaal peinait à tenir sur ses jambes et, un œil ouvert, elle scrutait les alentours. Elle aperçu la silhouette d'une femme nue, plus loin, recroquevillée sur le sable, semblant être blessée. De toutes évidences, il s'agissait de la même rôdeuse les ayant mises en joue un peu plus tôt. Tout autour, il n'y avait que des cadavres et du sang parsemant tout ce décors apocalyptique mais... pas de louve géante ni de l'humaine se nommant Lupa. Soupirant longuement, ne sachant pas si elle devait se sentir soulagée ou non. La sorcière des ténèbres lui avait fait comprendre que tout cela n'était pas terminé. Qu'elle devait encore rôder dans les environs et, Mayufu l'espérait, qu'elle n'était plus sous sa forme monstrueuse. Se tournant face à son amie, la jeune fille voulait comprendre ce qu'il s'était passé.

- Que s'est-il passée ? Je sais que tu m'as jetée en l'air pour me protéger et me sauver d'une mort certaine mais... vu qu'il fait jour, j'imagine que tu as soit réussi à détruire la nuit qu'elle avait créée soit tu es parvenue à la mettre hors d'état de nuire, d'une certaine façon ? Ses yeux n'ayant de cesse de surveiller les alentours, elle continua sur sa lancée. Je ne comprends toujours pas pourquoi elle nous traquait ainsi, cette Lupa. Enfin, j'aimerai bien savoir ses raisons, évidemment... mais j'avais l'impression que quoi que l'on fasse, c'était impossible de communiquer. Son attention se stoppa net sur ce qu'elle reconnu comme être sa faux et s'en approcha en titubant, le main droite agrippant sa hanche gauche. Une vilaine plaie infligée lors de l'explosion ne cessait pas de saigner. Pourquoi m'a t'elle rendu ma faux... ? Voulait-elle juste reproduire la scène comme elle devait se passer ? Je doute que ce soit pour le massacre que nous avons commis au village de la colline... ça c'est la quête de la rôdeuse... mais la sienne, qu'elle était-ce ?

Son regard se portant sur la silhouette de Erinaë, elle ne savait pas quoi penser. Tout un tas de chose lui traversait alors l'esprit. Devait-elle l'aider ? Devait-elle la tuer, profiter qu'elle soit inerte pour qu'elle ne le ressente même pas ? Malgré le fait qu'elle l'ait sauvée à plusieurs reprises des coups de Lupa, la fille de Bhaal ne savait pas quoi faire. Car, dans tous les cas, cette femme continuerait elle aussi à la traquer pour ce qu'elle avait commis. Se devait-elle alors de lui donner ce qu'elle voulait ? Traînant sa faux dans le sable, passant devant Umar, elle respirait fort et mal. Sa tête tournant un peu. Son corps décidant sûrement de tout arrêter pour enfin se mettre au repos. Frappant fermement de son poing droit sur son cœur, rageant d'être aussi pitoyable aux yeux de son amie. La jeune fille en avait marre de se montrer aussi faible et donnait tout ce qu'elle avait, et même à crédit, pour parvenir à tenir debout et ne pas sombrer.

- Que fait-on maintenant ? Je ne vois Lupa nulle part... La ressens-tu ? Et surtout, que fait-on d'elle ? Elle m'a sauvé la mise quelque fois... Dit-elle en désignant du doigt la rôdeuse et, d'un coin de l’œil, elle distinguait à peine une silhouette flanquée d'une coiffure rousse. Et lui aussi, il est mort... ? Lâchant un long soupire lasse Mayufu baissa les yeux à ses pieds.

Evidemment, tout ce que désirait la jeune fille désormais, c'était de s'en aller avec Umar, sur cette île volante et s'éloigner de tout quelques temps afin de se reposer et passer un peu de temps à ses côtés et, surtout, d'apprendre à contrôler ses pulsions. Ne plus se laisser envelopper par cette envie de destruction qui l'habite depuis toujours. Mais quelque chose la forçait à se tenir ici... la culpabilité ? Xiris l'avait atteinte si profondément que la jeune fille se voyait aller contre sa propre nature. Le regard observant les alentours, à la recherche d'une silhouette à la chevelure blonde et au sourire acéré. Par moment, elle jeta un oeil à Umar, observant sa silhouette en tentant de voir si elle ne possédait pas de blessure trop grave, histoire de lui venir en aide au cas où mais, surtout, espérait qu'écouter sa voix, quoi que ce soit.

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MessageSujet: Re: Tout Feu, Tout Flamme   Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Icon_minitime1Mar 20 Oct - 18:46

Quand avais-je cessé de me rappeler ? Quand étais-je parti ainsi à la dérive, sans le souvenir de qui j'étais, de qui je serais ? Bercé par des rêves qui n'appartiennent qu'à moi, des rêves sans images, sans paroles, c'étaient des émotions, vagues, lointaines, douloureuses. Qu'avais-je donc vu ? Qu'avais-je donc subi ? Je n'avais rien fait, sans en être sûr, sans vouloir y penser, abandonnant ma responsabilité encore une fois. J'avais pourtant la sensation que j'aurais dû être libre, que j'aurais dû être neuf, que j'aurais dû mystiquement être régénéré. Était-ce là mon esprit de fée, ou pas tout-à-fait ? Mais ce n'était pas de ma faute ! Je l'avais voulu ! J'avais désiré être libéré ! Je le désirais encore à vrai dire. Mais de quoi souhaitais-je réellement être libéré, ça, je ne le savais pas vraiment. C'était comme une intuition au fond de mon cœur, un lourd fardeau, une toile d'araignée qui dans un coin isolé, caché dans un double plafond, avait réussi à échapper au balais céleste qui aurait dû l'emporter, comme toutes les autres. Et cet unique petit filet de soie, niché dans les circonvolutions de mon âme, là où personne ne pouvait vraiment pénétrer, à lui-seul, il m'avait pris au piège comme un jeune papillon tout juste sorti de sa chrysalide. J'étais maintenant prisonnier de moi-même, incapable à jamais de ne pouvoir cesser d'être une nymphe, chétif captif d'une gangue que j'avais moi-même créé, sous un autre nom, sous un autre visage, dans une précédente réincarnation, prisonnier, ni tout-à-fait capable de m'extraire entièrement de ce passif et de commencer une nouvelle vie, et tout-à-fait incapable de retourner m'enfoncer dans la triste exuvie mutilée qui s'attachait encore à moi. J'étais à la frontière, à la limite, à la marge, voulant rentrer dans une forêt mais retenu à l'entrée par des buissons de ronces et d'orties, brûlantes comme un nid de flammes ardentes qui prenaient leur source non loin de moi. Oui, c'était une telle chaleur. Elle était si réconfortante tandis qu'elle caressait lentement l'humidité collante qui s'était étalée sur moi. Elle avait presque une odeur de soleil et d'éther, changé, si chaud, qui se déverse les jours d'orage. En s’intensifiant, elle dévorait tout, l'iode, le parfum métallique du sang versé dans l'eau. Je m'imaginais déjà brûler et cela me réchauffait le cœur. Le brasier grandissait en moi, avalant un à un mes sombres rêves et mes espoirs étrangers. Je le regardais avancer. Je crois que je l'attendais en fait. Je voulais qu'il m'avale moi-aussi tout comme comme il avait avalé la mer, la pluie et le malheur. Puis, ce serait le tour des ténèbres et nous serions baignés dans la lumière. Ce ne serait plus qu'une tension sourde, une vibration, un tremblement du monde qui annonce son implosion prochaine. Dans les nuages de mon esprit, je tendais la main, je me rapprochais avec amour de cette énergie destructrice, finale, libératrice. J'allais enfin être terminé. Puis elle explosa.

Propulsé par le choc, j'ouvris un instant les paupières. Je crus même voler, mais mes ailes n'étaient pas dépliées. J'étais en l'air. J'avais été arraché à mes songes. Qu'était-il arrivé à tout ce qui m'entourait ? J'aurais bien été en peine de le dire dans les ténèbres de mon regard. Car c'est le monde tout entier qui éclatait.

Quelque chose de mou amortit ma chute, mais je sentis quelque chose se briser à l'intérieur. Quoi que cela ait été, sur le moment je lui en fus gré. Mais où avais-je été transporté ? J'avais du mal à me rappeler de ce qu'il s'était passé avant que je m'endorme, mais ce qui était sûr c'est que le situation n'était plus la même. Je tendis la main vers ce qui me paraissait être le sol. Ma main humide, collante, adhéra presque avec le liquide qui avait été répandu sur le carrelage de cette cuisine. J'avais les oreilles qui sifflaient, cela me faisait tellement mal à la tête. Il y avait des motifs floraux gravés sur le carrelage.

Je tentai de rassembler ma mémoire, comme j'avais perçu le motif sous ma main. Cela était tellement douloureux. Je secouai la tête pour le faire passer, mais cela ne me fit que plus mal, et je tombai à nouveau sur le lit étrange. Débile, je tentai faiblement de ramper en m'aidant de ces masses étranges dispersées autour de moi. Je réussis presque à m'extraire de ma couche tendre au toucher. Avais-je fait un mètre, deux ? Il était difficile de le dire. Le carrelage était presque chaud sous mon torse et sentait l'atelier de potier où les vases tout fraîchement cuits sortent du four, mais... avec plus de poussière et de cendre. Ce devait être parce que la plage n'était pas loin. Puis ma main tomba sur un morceau couvert d'écaille. C'étaient les sirènes. Je vomis.

Recroquevillé contre le sol, je gémis lorsque le soleil du matin vint brusquement m'arracher à l'oubli de la nuit. Il venait trop tard. Il était froid, pâle. Il me piquait les yeux. Je voulus me les couvrir de mes mains, mais il y avait trop de sang. J'étais couvert de sang et d'organes. Je gémis moins fort. Aveuglé, les paupières clauses, je tentai à nouveau d'oublier.

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MessageSujet: Re: Tout Feu, Tout Flamme   Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Icon_minitime1Jeu 26 Nov - 4:13

Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Umarav10

Ce monstre surpassait tout ce qu'elle connaissait, mais en dépit de son ignorance, la sorcière des ténèbres semblait avoir calmé la situation. La Flammèche put ainsi souffler avant de geindre comme à son l'habitude, surtout lorsqu'il s'agissait d'une confrontation dont elle ne maîtrisait point le dénouement. Puis elle voulut comprendre les motivations de la créature, voilà bien une chose que Umar trouvait profondément stupide. C'était le genre de questionnement intérieur qui vous poussait bien souvent à user de votre langue plutôt que de votre arme, et ce, même si vous étiez sur le point de vous faire croquer les reins ! Son hostilité était limpide, si limpide que le vent en devenait visible. Et pour conclure son babillage incessant, les questions plurent ! Pourquoi ma faux m'eut-elle été rendue ? Pourquoi la rôdeuse m'eut aidé ? Pourquoi Lupa n'est plus visible ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi... Voulait-elle faire regretter à la Démone son ouïe ? si oui, c'était bien parti ! Ce n'était pas parce qu'il se dérobait à leurs sens, que le danger s'en était allé. Umar avait conscience de cela, mais curieusement, elle comprit cette exaspération qui fuyait Mayufu par tous les orifices. Même si sa bouche fit office de valve primordiale à cet exutoire. Conservant l'esprit clair quant à l'ombre indécelable tapie dans le paysage, la sorcière des ténèbres s'avança jusqu'à faire face à la fille du feu. Elle s'inclina afin que son visage s'abaisse au niveau du sien, puis l'observa de son regard transcendant.

- Vide tes morvines et inspire un grand coup ! Prodigua Umar à sa protégée. Ses traits enjolivés d'un sourire miroitaient une certaine bienveillance. Puis, sans qu'elle n'en décèle la cause, une chaleur naquit en son coeur, orientant ainsi ses pensées sur un fait qui ne l'avait encore jamais concerné. À partir de là, son expression se teinta d'incertitude, et plus elle luttait contre cette part d'elle qui n'était pas elle, plus elle était tentée d'y céder... Cesse donc de me lorgner de la sorte, je vais bien ! Formula t-elle de sa voix empreinte d'une certaine sévérité. Laquelle s'assagit aussitôt lorsque de nouveaux mots succédèrent au précédents : Ton oeil... Comme transportée par un élan de bonté, les doigts fins d'Umar firent pression sous le menton de Mayufu, incitant ainsi cette dernière à river son attention sur ses orbites emplies d'un millier d'étoiles. Le silence ne fut jamais aussi parlant tant l'émotion était pure, presque matérielle. C'est alors que de son autre main, Umar s'en vint recouvrir la prunelle meurtrie de la jeune fille. Ses paupière s'abaissèrent, et un halo immaculé chassa les ténèbres sous sa paume. Une lumière vive jaillit des différents interstices qui résultaient de son geste. La manifestation ne dura pas plus de quelques secondes, mais lorsque l'éclat s'estompa et que la main se retira, en dehors du sang qui avait déjà coulé, l'oeil de la Flammèche était entièrement guéri. Voilà qui est mieux... je ne souffrirais plus de loucher au devant de ta face borgne ! La trotteuse du plus haut clocher de l'île n'avait pas fait un saut, que l'aura angélique de la Démone s'était déjà volatilisée. Manifestement amnésique au miracle qu'elle venait d'accomplir, la sorcière des ténèbres annonça la suite : Qu'elle t'ait sauvé ne rachètera guère le fait qu'elle ait provoqué cette situation ! Allant jusqu'au corps gisant de la rôdeuse, Umar la bouscula de son pied au niveau de l'épaule, la faisait ainsi rouler sur son dos. Pour t'avoir secouru, je consens à me montrer clémente en lui accordant une mort rapide !

Dans une conviction absolue, la Démone arma son talon juste au-dessus du front de l'archère avec la ferme intention de lui exploser le crâne. Mais là ou une nano seconde lui serait suffisante pour accomplir l'acte, quelque chose dans le lointain la freina dans sa démarche vengeresse. D'un point de vue extérieur, nul n'était en mesure d'identifier ce qui l'hypnotisait de la sorte. Son pied retrouva donc le confort du sable fin sans qu'aucun mal n'ait été fait à la rôdeuse. Mayufu n'aura toutefois point l'occasion de soumettre un nouveau pourquoi qu'un souffle froid et putride fit frémir les mèches qui voilaient son cou.

Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Mayu10

À travers un râle chuchoté, la présence confirma sa sinistre apparition. La Flammèche aurait toutes les raisons d'être surprise, car ce visage, si écorché soit-il, était la copie conforme du sien. De même que le son de sa respiration encombrée, au même titre que ses vêtements d'ailleurs. Un esprit rationnel rangerait cela sur l'étagère des illusions, mais Mayufu avait déjà assisté à tant de choses qui jusque là lui semblaient invraisemblable, qu'une telle conjecture relevait de l'amateurisme ! L'être décharné ne manifestait cependant aucune agressivité. Si l'on faisait fit de ses mouvements de balancier relativement inquiétants, on pourrait presque marcher à côté sans encourir le risque d'une attaque, tant sa gestuelle était lente. Néanmoins, s'il fallait éprouver une crainte vis-à-vis de cette créature, celle-ci résiderait en ses paroles...

- Umar ne peut pas être sur tous les fronts, et je fus trop faible pour ce monde. Je l'ai aimé avec tant d'ardeur, que même dans ma mort, cet amour demeure intact ! Je t'envie d'être là. Qu'il s'agisse d'un sursis ne change rien à ce qui me ronge. Cette créature te tuera, et tu ne pourras rien y faire. L'air triste, le cadavre de Mayufu poursuivit son discours. Très bientôt, tu seras à ma place, dévoilant ce funeste avenir à ton toi vivant, et ainsi de suite ! Quelle misérable je fais, une authentique fougère... Grommela t-elle en tournant finalement le dos à son pendant en rab.

Au cours de ces quelques phrases, d'épais nuages noirs avaient stationnés au-dessus des protagonistes, desquels finirent par jaillir de puissants éclair rouges qui zébrèrent les cieux dans un tonnerre fracassant. Puis, une pluie de sang inonda les lieux ! Très vite, des flaques prirent forment tout autour d'Elvin, et montèrent rapidement en niveau, menaçant ainsi d'engloutir ce dernier où qu'il poserait pied. Quant à Umar, toujours immobile auprès de la rôdeuse qui s'enfonçait peu à peu dans le cruor céleste, ne décrochait plus son regard de la silhouette qui s'en venait la rejoindre.

Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Umar_f10

Cette Umar aux prunelles absentes, ou cachées, tenait dans ses bras sa petite protégée que la vie avait déserté. Pétrifiée par le réel de ces images, la sorcière des ténèbres ne parvenait plus à en détourner son attention. Sa doublure n'avait guère besoin de l'expression qu'offrait le regard pour lui communiquer son inconsolable tristesse. Et ce qu'elle lui révéla ne fit que fendre son coeur...

- J'ai tout essayé, mais je fus incapable de la sauver... je ne serai jamais assez forte, ni suffisamment volontaire pour prendre les devants. Je vais à présent errer seule comme une âme bafouée par l'existence, et méditer sur mes tourments. Déposant le corps dans le sang qui ne cessait de monter, la Démone en proie au déclin enveloppa les joues de sa jumelle de ses mains moites et rugueuses. Un coeur aussi sombre que le nôtre n'a droit à aucune rédemption...

Puis elle l'abandonna pour s'enfoncer vers le large, jusqu'à disparaître complètement sous la surface écarlate. Flottant désormais au côté de la rôdeuse, Mayufu dont les traits reflétaient ses derniers instants, obséda Umar qui se mit à éprouver une peur sans pareille. Ses membres se mirent à trembler, et sa raison fuir sa conscience à mesure que la dépouille de la fille du feu oscillait sous la pression des vagues. Tout cela n'était en rien une hallucination, tous pouvait voir et entendre ce que les autres percevaient. Par ailleurs, la Flammèche zombie n'avait de cesse de marmonner la manière dont s'était passé son trépas.

- J'ai craché le feu comme jamais auparavant, j'ai esquivé autant d'attaques que j'ai pu, mais je ne pus empêcher ses crocs de s'enfoncer dans mon crâne... je hurlai tandis que j'entendais l'os craquer sous la force de ses mâchoires. J'ignorai jusqu'alors pouvoir demeurer consciente à un tel traitement. Puis Lupa me délesta de mon scalp ! ce qui lui permit de creuser un peu plus profondément dans ma boîte crânienne. Dans ces instants, tu ne souhaites qu'une chose ; mourir le plus rapidement possible ! Mais entre ce que l'on souhaite, et ce qu'il se passe... je pus ainsi l'entendre mastiquer ma cervelle directement depuis l'arrière de mon visage. Sa langue se fraya un passage entre mes lèvres lorsqu'enfin, le souffle me quitta.

Mayufu aurait beau lui sommer de se taire, rien n'y ferait. Quant à l'attaquer... elle tenait à peine sur ses jambes, on pourrait même penser que sa version zombie avait plus d'équilibre qu'elle. Côté rôdeuse, elle était sur le point de se noyer. Umar demeurait terrifiée. Quant à Elvin, s'il voguait toujours au creux de ses songes, aucune de ses versions ne le sauverait, car même une Sirène ne pouvait respirer là-dessous...

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MessageSujet: Re: Tout Feu, Tout Flamme   Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Icon_minitime1Dim 29 Nov - 15:17

Elle se tenait là, au milieu de ce décors lugubre, dans un silence plus qu'inquiétant. Son regard fouillant les environs, guettant le moindre mouvement de Lupa mais rien ne vint. La pénombre partie, elle était aveuglée. Aussi épuisée qu'elle se laisserait volontiers tomber dans les vapes pour se reposer un peu mais c'était loin d'être le moment. Alors que Umar et elle-même savaient où se trouvait Lupa il y a de cela quelques instants, désormais, être dans l'ignorance complète angoissait Mayufu plus qu'autre chose. Elle pourrait surgir de n'importe où et ne rien pouvoir y faire.. cela dit, le commencent, c'était elle l'investigatrice du désastre. Une part de culpabilité avait naquît en elle depuis que la Déesse de la Nature était intervenue et, désormais, elle ne cessait de grandir car plus les choses allaient, plus l'irréparable pourrait survenir et là, Xiris ne serait pas là pour exaucer son souhait. Du coup, elle allait devoir trouver une solution afin de parvenir à protéger Umar de ses propres forces et en parlant de force, son unique œil valide observa ses mains et avants-bras. Ils étaient dans un piteux états. La peau semblait avoir noirci. Prenant un ton plus sombres aux extrémités des doigts et virant sur différents tons de couleur pour retrouver celle de la pâleur de sa peau. Cela ne lui faisait pas mal car la tempête intérieure qui la secouait éclipsait absolument tout ce qu'elle ressentait. Néanmoins, seule celle de son œil endoloris persistait. N'ayant pas pris conscience qu'elle avait assommé Umar de question, la jeune fille s'était momentanément enfermée dans une bulle. Seul le visage de la sorcière des Ténèbres apparaissant devant le siens l'en fit sortir. Le souffle légèrement coupé, relevant son unique œil, la fille de Bhaal esquissa un léger sourire gêné quant à sa première remarque. Comprenant immédiatement qu'elle avait légèrement abusé avec son long monologue, mélange de questionnements aussi inutiles les uns que les autres et de plaintes lassantes.

- Je suis désolée... Soupirait-elle après une longue inspiration tout comme lui avait confié de faire son amie. Bien que surprise du soudains timbre bienveillant de la sorcière dans une telle situation, elle ne voulut pas se faire prier et se calmait.

Quant bien même elle ne s'étonnait pas trop de sa soudaine bienveillance, au vu de sa proximité avec elle qui la réconfortait plus qu'autre chose, le revirement d’attitude, celui-là même, l’interrogeait. Oh, elle était habituée à ses envolées lyrics ou autres étalages de colère mais là, ce fut trop suspect pour qu'elle ne s'en rende pas compte. Surtout que, une troisième séquence entrait en jeu... s'arrêtant à nouveau sur un ton bienveillant à l'intention de son œil blessé. L'autre fronçant le sourcils furtivement, elle comprenait pas trop ce qu'il se passait. Umar ne lui était pas connue pour sauter, trois fois de suite, d'un état d'âme à un autre. Surtout qu'elle avait reprit ses traits pâles. Répondant à sa question définitivement quant au fait que l'Umar qu'elle connaissait depuis toujours qui ne surgirait que de nuit. Non, son apparence ne changerait en rien de ce qu’éprouverait la jeune fille pour elle. Pour preuve, le seul contact de ses doigts sous son menton pour lui relever la tête fit jaillir une légère vague de frisson dans tout son être. Aussi faible pouvait-elle être, son cœur, lui, ne faiblirait jamais face à celle qu'elle aimait. Légèrement tremblante, elle laissait les choses se passer. Sa seconde main se posant au-dessus de son œil qui lui rappelait désormais à quel point il souffrait, lui lançant des soudaines piques de douleurs maintenant qu'elle y accordait son attention. Quant à son autre prunelle, elle, ne quittait pas le visage d'Umar du regard. Si le temps pouvait cesser d'être et la figer dans cet instant précis, elle aurait donné tout ce qu'elle avait pour que cela soit possible. Ce qu'elle ressentait à ce simple contact après tout ce qu'elles venaient de vivre toutes les deux étaient inestimables. Une petite larme perla du coin de l’œil et glissait le long de sa joue pendant qu'une vive lumière jaillit de l'autre côté de son visage ainsi qu'une douce mais intense chaleur envahissait sa blessure.

Se laissant totalement faire, une main accrochant le col de son manteau et l'autre le long de son corps, la douleur se dissipait rapidement. La main de son amie retirée, elle put rouvrir son œil. Doucement, par réflexe, mais celui-ci était entièrement guéris désormais. Il semblait désormais même plus neuf que le second vu qu'il avait aussi été soigné de la fatigue.

- Je... Merci, Umar. Commençait-elle à prononcer avant de voir un nouveau revirement de ton de la part de cette dernière. À peine l'avait-elle que son timbre de voix habituel qu'elle lui connaissait naturellement resurgit subitement. Ayant pour effet de lui faire cligner les yeux de stupéfaction et d'un léger gloussement quant à la remarque que la sorcière lui avait lancée.

Néanmoins, elle n'en aurait pas le temps d'y répondre car à peine avait-elle terminé le thème de son œil qu'elle se dirigeait déjà sur celui de la rôdeuse tapie au sol un peu plus loin. La dure réalité venait de frapper à la figure même de la jeune fille qui se rappelait d'où elle était réellement. Le son de la brise maritime ressurgit à ses oreilles. L'odeur du feu et des braises emplirent ses narines et la température tout aussi brûlante, glaciale que salée la remirent mal à l'aise. Son regard semi-neuf désormais tournés auprès de la jeune femme tapie au sol, inconsciente. Umar à son chevet, un talon poser désormais sur le front de celle-ci après l'avoir retournée d'un mouvement de pied. Que devait-elle faire ? Les sursauts d'humeur d'Umar qu'elle venait de voir... le fait que, intentionnellement ou non, cette femme l'avait bousculée pour la protéger d'une charge de Lupa... tout cela la mettait dans le doute. Umar était-elle en train de se muer vers quelque chose dont Xiris désirait ou était-ce dû à tout autre chose ? Alors oui, elle ne contredirait jamais Umar sur le fait que la rôdeuse avait mené Lupa jusqu'à elles et les entraîner dans ce désastre. Mais quelque chose au fond lui demandait de lui laisser un sursis et la sauver pour que, peut être, elle cesse de les traquer à son tour une fois le danger de Lupa écarté. Car oui, elle ne se manifestait pas encore pour le moment... Mais la Flammèche ne croyait pas au fait qu'elle avait disparue, comme ça, d'un claquement de doigt, aussi puissante que Umar était. Cela lui semblait si simple au vu de comment ce monstre les traquait depuis leurs arrivées dans ce monde.

Elle voulu faire un pas en avant afin de tenter de l'interrompre dans sa lancée et pouvoir en discuter avant de l'exécuter comme ça, tendit une main noircie en avant, sa voix tentait de l'interpeller mais rien n'en sortit car une toute autre sensation la figea instantanément sur place. Un souffle surgit dans son dos, soufflant sur sa nuque... Le regard se muant en terreur, elle croyait que Lupa avait surgit dans son dos et prête à la tuer comme elle le redoutait il y a de cela quelques secondes. Désormais aphone à cause de la panique l'envahissant, elle n'hésita point à subitement se retourner du plus vite qu'elle pouvait avec sa faiblesse actuelle. Sauf que... s'attendant à y voir les crocs de Lupa lui sourire, elle se retrouva devant quelque chose de bien différent. Une étrange sensation naquît en elle. Vous savez... cette sensation de déjà-vu mais qui n'en est pas une ?

Mais ce qui se tenait devant elle ne pouvait être une illusion tant cela était réel. Mais ce qu'elle voyait, elle ne souhaitait tout de même ne pas y croire. Qu'est-ce qu'elle fichait ici ? Son souffle la crispait à chaque expiration. Son regard vide et blanc la fixant la tétanisait sur place et, d'un coup, tout le bruit ambiant autours d'elle cessa d'exister. Comme si cette personne face à elle avait fait en sorte d'elle soit la seule entendue lorsqu'elle prit la parole. Sa voix résonnait dans son esprit, réalisant à peine ce qu'elle vivait, la fille de Bhaal comprit enfin qu'elle s'écoutait parler. Que c'était elle qui était en face d'elle-même mais... en cadavre ambulant ? Maintenant qu'elle s'observait, hormis toutes les blessures que son double possédait, elle se reconnu aisément mais si l'état dans lequel elle se trouvait était celui dans lequel elle serait plus tard, elle comprit sans même qu'on ne lui dise qu'elle allait souffrir atrocement. Alors que cette dernière lui annonçait qu'elle serait bientôt à sa place et ferait la même chose qu'elle à son tour à une autre Mayufu, l'actuelle vivante leva les yeux au ciel lorsque d'épais nuage noir apparurent, parsemés d'éclairs assourdissant. Une goutte de pluie vint s'écraser sur sa joue, puis une deuxième sur son front et quelque courtes secondes lui furent nécessaires pour comprendre qu'il ne s'agissait pas d'eau mais de sang ! Cette révélation eut le don de la sortir de son état comateux et subjugué à son double qui venait de lui tourner le dos. Permettant à Mayufu de diriger son regard vers Umar qui... subissait la même chose ? Il lui était extrêmement compliqué de comprendre quoi que ce soit dans ce vacarme assourdissant qu'était cette tempête qui était apparue d'un coup. Peut être l’œuvre de cette femme se tenant face à son amie et qui tenait... une autre Mayufu dans ses bras ?! Il était logique de conclure qu'il s'agissait d'une autre Umar qui avait fait le souhait de resté aveugle ou qui n'avait pas croisé la route de la Déesse de la Nature.  

- C'est quoi ce bordel... Murmurait-elle, les traits de son visage passant de l'inquiétude à une profonde haine qui l'envahit soudainement.

Son double à côté ne cessait de parler et, cette fois-ci, décidait d'énoncer les faits de sa mort. Ses oreilles l'écoutaient parler attentivement mais ses yeux, eux, observaient Umar et l'inconnue qui venait de déposer le corps d'une autre double d'elle-même à la surface d'énormes flaques de sang qui ne cessaient de prendre du niveau. Montant désormais au-dessus de ses pieds. La colère, l’incompréhension, l'inquiétude ainsi que l'amour étaient les seuls sentiments qui l'habitaient désormais et se mélangeaient ensembles. La plongeant dans un état dont elle ne saurait en expliquer les sensations. Le cadavre à ses côtés, tenant à peine sur ses jambes mais visiblement mieux qu'elle-même qui assumait mal le coup de ce qu'elle pouvait lui dire. Lui décrivant plus que nécessaires la façon dans laquelle elle fut tuée... Chose qu'elle reconnu ne pas être elle-même. Enfin... si elle se croissait elle-même, elle annoncerait certes sa mort si cela devait venir à arriver mais jamais elle s'infligerait une telle peur avec ce genre de détail là. Déjà horriblement terrifiée par la mort elle-même alors... si en plus c'était servis avec des détails, elle se condamnait à chaque fois à une crainte qui paralyserait sa capacité à réagir rationnellement dans les futurs combats. Du coup, au vu de sa la lancée du monologue que son double avait prit, Mayufu grogna de colère et lui asséna un violent :

- Ah bah putain, je suis si chiante à écouter me plaindre ?! Je comprends Umar maintenant ! Vociférait-elle, les dents serrées, le regard vif et flamboyant. Bien que craintive de ce que son double venait de lui annoncer, elle ne souhaitait clairement pas restée planter là surtout qu'elle ressentait intérieurement qu'Umar était plus en difficulté qu'elle.

Son cadavre continuait de conter sa sinistre mort et les mots ne cessaient de lui vriller les tympans. Sa peur grandissante, la Flammèche sentait tout son corps trembler. Son corps n'allait pas tenir si cela continuait de la sorte et, surtout, si elle ne décidait pas de réagir rapidement ! Ayant extrêmement peu d'énergie, elle parvint à se focaliser sur ses jambes, tenter d'isoler les paroles de son cadavre qui entrait de plus en plus dans les détails macabres de son déclin. Le sang de la Flammèche se mit à bouillir de l'intérieur et ses jambes commencèrent a être parsemées de veinure rougeoyante et de la vapeur commençait à s'en réchapper dû au contact avec l'eau de mer mélangée au sang qui ne cessait de tomber du ciel. Soignant légèrement les douleurs de celle-ci, lui permettant alors de pouvoir se déplacer auprès de son amie. Son regard suivant la doublure de Umar s'en aller s'enfoncer dans les profondeurs.

- Je me fatigues à m'écouter moi-même ! Lui hurlait-elle à son cadavre, le visage partagé entre la colère et la peur, lui jetant un dernier regard avant de mettre un terme à cet échange à sens unique. Mais ce qui est sûr, c'est que j'ai peur de mourir, oui.. Mais ce qui me tiens le plus à cœur, c'est Umar. Je ne resterai pas plantée là à m'écouter me plaindre, déjà que je ne me supporte pas mais merci pour l'histoire, néanmoins, c'était ravissant et ça n'aide en rien !

D'un pas décidé, la jeune fille s'avança auprès de son amie, tournant le dos à son double, n'en pouvant plus de s'écouter geindre et prenant bonne note de changer ce trait de caractère par la suite et que, malgré ce qu'elle lui révélait, n'en avait cure car sa priorité étant désormais la détresse de la sorcière qui semblait perdre la raison. Bien que les détails fournis par son double la terrorisait rien que d'imaginer, la Flammèche ferait en sorte que cela ne se réalise pas et que, par-dessus tout, au vu de ce à quoi elle ressemblait et le double de son amie, elles n'avaient pas les mêmes vécus hormis Lupa et que les choses avaient probablement déjà changés ! Convaincue que les événements ne seraient pas ceux annoncés, Mayufu était désormais aux côtés de Umar qui avait le regard planté sur son cadavre flottant aux grès des vagues sanglantes et salées. Aux côtés du corps de la rôdeuse, toujours inconsciente... Inspirant un grand coup, elle s'interposait afin de lui couper la vue sur ce qu'elle pouvait voir. C'était désormais le visage de la Flammèche qui se tenait devant le siens. Ses mains effleurant son visage, à l'instar de la guérison que l'hybride lui avait prodigué précédemment. Laissant quelques secondes s'écouler sans dire un mot, son regard plongeant dans le siens et étant emplis, lui aussi, de gentillesse et se voulait réconfortant pour l'aider à se sortir de sa torpeur. Ressentant la peur qui l'habitait par les tremblements qu'elle ressentait.

- Rien de tout ça n'est vrai, Umar ! Elles ne sont pas nous, reprends toi, je suis là à tes côtés et je te protégerai quoi qu'il puisse se passer! Lui dit-elle, désespérée de la sentir aussi mal et de la voir dans une telle détresse. Elles ne sont pas nous ! Quoi qu'elle ait pu te dire, cela n'arrivera pas.

Elle lui saisit ainsi le visage pour qu'elle ne regarde qu'elle et puisse refaire le calme dans son esprit mais délicatement, se contentant de lui faire sentir la présence de ses mains à la surface de sa peau. Rapprochement le siens qui se munis soudainement d'une petite Flammèche devant son œil gauche dans l'espoir qu'elle puisse l'aider, tel un phare dans la tempête, à retrouver son calme.

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Elvin
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MessageSujet: Re: Tout Feu, Tout Flamme   Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Icon_minitime1Mer 2 Déc - 18:53

Il y avait comme une sensation froide, une odeur de métal, contre mon dos à nu. Quelque chose qui m'engourdit, qui me blesse, comme des milliers d'épines à travers le moindre de mes pores. Un frisson. C'était une impression douloureuse, lourde, qui s'insinuait et glissait tout le long de mon corps, coulait presque. Je tressaillis. C'était comme si une étendue de larmes, la gueule d'un énorme poisson, une mer immense avait débordé de ses frontières et qu'elle s'infiltrait désormais jusqu'à moi, profondément, jusque dans mon cœur. Je me réveillai en sursaut.

Je fus presque soulagé de voir le monde rouge qui s'étendait autour de moi, mais peut-on seulement être rassuré par la vue du sang ? Non, le sang signifie toujours les problèmes, les douleurs, l'infortune, les bûcherons qui se sont blessés avec leurs outils et s'inquiètent de risquer de ne plus être capables d'effectuer leur travail, les vieilles aïeules presque centenaires qui sentent leur derniers jours arriver et vont se reculer dans l'abbaye pour être en paix, les jeunes parturientes malheureuses de s'être mariées trop tôt et qui crient à travers les couloirs et leur peine et la mort qui menace leur ventre. Je soupirai les deuils passés et ceux à venir.

Puis, je me levai. Si je ne l'avais pas fait, qui l'aurait fait pour moi ? Qui se serait oublié un instant, aurait oublié son mal qui le rongeait, pour aller aider les autre ? Une personne plus capable, peut-être. Mais je l'ignorais, alors j'ai tourné mon regard vague, fatigué, comme ébloui par la lumière masquée du jour, mes oreilles pleines d'acouphènes, et j'ai cherché autour de moi, dans cette vase écarlate s'il y avait quelqu'un comme moi, s'il y avait quelqu'un à sauver.

*Elle est donc saine et sauve ?* Le corps de la femme de la forêt flottait vaguement dans l'étendue ferreuse, encore retenue par un banc de sable qui tentait vainement de l'empêcher de partir vers le large. Je me hâtai d'aller vers elle. Je l'avais cru perdue, je ne sais pas vraiment pourquoi exactement. Avais-je pensé qu'elle ne redeviendrait plus jamais elle-même ? C'est vrai que son étrange métamorphose avait semblé si violente, si douloureuse, elle avait tant tenté de lutter contre cette énergie étrangère qui voulait la dévorer. Mais pourtant elle était là désormais.

Je m'armais de toute mon énergie mais mes pieds s'enfonçaient lourdement dans le sable humide et j'avais du mal à progresser, m'embourbant à chaque pas. Pourtant je faisais de mon mieux, qu'aurais-je pu faire de plus ? C'est comme si l'univers tout entier voulait lutter contre nous. Était-elle seulement encore vivante ? L'étions-nous seulement nous-même ? Cet univers couvert de sang, où tout semblait retenir, lourd, n'aurait-ce pas pu être une vision des tourments éternels ? Étions-nous nous-même damnés ? Cela était triste, je ne me souvenais même pas pourquoi j'étais martyrisé, moi.

J'arrivai auprès de la dame des bois. Je fus rassuré, elle ne semblait pas avoir de blessure trop sévère, quelques plaies et contusions, pas de quoi tuer. Si elle était inanimée, ce devait être parce qu'elle s'était prise un coup sur la tête, ou alors c'était ce lieu. Mais en inspectant son crâne à travers ses cheveux rendus poisseux par le liquide épais, rien n'apparaissait trop grave. J'étais soulagé.

Mais elle n'étais pas seule. Plus loin, le courant charriait lentement une autre forme, vague, peut-être plusieurs. Il était difficile de différencier les corps des décombres qui erraient mollement çà-et-là, comme des âmes en peines. Qu'aurais-je pu faire ? Aurais-je pu plonger jusque là ? Le sang m'arrivait déjà presque aux hanches et je ne savais pas quand... Quand cela s'arrêtera-t-il donc enfin ? Mais les flots indifférents se couvraient d'écume, et quelqu'un, vivant encore, se mourrait à côté de moi. Je devais partir, sauver au moins ce que je pouvais.

Je la tirai, de mon côté, vers la plage la plus proche. Il ne fallait pas bouger un blessé en temps normal mais la mare de boue cuivrée commençait à menacer de la recouvrir. Une petite vague qui put se former, me convainquit de faire très vite. Je ne pense pas que j'aurais eu suffisamment de force pour la déplacer en temps normal mais cette mélasse avait au moins l'avantage de faire flotter son corps et permettre de le glisser à sa surface. Cependant, je ne parvins pas à l'en extraire totalement et ses pieds ondulaient encore, bercés par le courant.

Une fois à l'abri pour le moment, je pus commencer à administrer mes soins. Je ne pouvais pas faire grand chose pour autant, je n'avais rien sous la main. Je me contentai donc de laver ses plaies du sable qui avait pu s'y coller et de les recouvrir avec des bandes de tissu empruntées à un bout de drap qui partait à la dérive afin qu'elles empêchent des saletés de s'y déposer à nouveau. C'était assez maigre, j'aurais voulu faire plus de chose pour cette dame qui avait eu l'air si malheureuse lorsque je l'avais rencontrée pour la première fois, dans la forêt, alors qu'elle criait le nom de "Lupa".

Lupa, c'était le grand loup, non ? J'avais cru entendre quelqu'un lui donner ce nom-là. C'était assez risible que j'ai voulu la prier finalement. Cela dit, j'avais entendu dire que des peuplades éloignées adressaient leurs prières envers les grands animaux de leur coin dans l'espoir que ceux-ci ne les croquent pas. J'étais encore en un seul morceau, donc peut-être que ça avait marché. Enfin pour moi en tous cas, le loup, lui, semblait ne plus être là. J'espérais qu'il ne lui était rien arrivé de mal, ni non non plus qu'il n'en ait causé.

D'ailleurs où étaient les autres ? Je tournais le regard à travers le rideau rouge qui était tombé sur le paysage, mais je les apercevais à peine à travers tout ce sang si opaque. En sortant ma première patiente de la marée, j'avais dû dériver sur le côté, si bien que j'étais désormais à plusieurs pas de leur position. Peut-être que l'un d'entre eux était blessé lui aussi. Avec un dernier regard inquiet vers celle que je venais de traiter, je me décidai à aller vers eux, emportant avec moi l'espèce de fripe que j'avais déjà tellement commencé à déchirer qu'elle ne pourrait plus vraiment jamais servir à personne désormais, espérant néanmoins que je n'aurais pas besoin de l'utiliser.

Ils étaient tous les quatre là, immobiles, sur place, je ne tentai pas de comprendre, mais je me dirigeai plutôt vers celle qui semblait la plus mal-en-point, tandis que son interlocutrice l'abandonnait. Elle tremblait sur ses jambes, prête à s'effondrer d'un moment à l'autre. Le choc qu'elle avait dû recevoir avait sans doute été sévère. Un sang incarnat, plus vif encore que les larmes de pourpre terne qui tombaient sur nous, maculait son visage et plus encore ses cheveux sombres. Je commençai par la prendre doucement par les épaules pour l'inciter gentiment à s'asseoir :

- Je suis là... Tout va bien aller... Laissez-vous glisser au sol, lentement, je vous retiendrai et je m'occuperai de vous...

Mais tandis que je l'aidais à adopter une position plus confortable et que je me plaçais derrière elle pour inspecter sa blessure, je dus retenir le vague à l'âme qui voulut m'envahir. Sa plaie était profonde, tellement profonde, trop pour que je puisse faire quoi que ce soit. C'était un miracle qu'elle n'ait pas déjà été emportée, ou alors était-ce le lieu qui voulait à tout prix la retenir. J'appliquai tendrement le bout de tissu qu'il me restait sur sa blessure, j'aurais risqué de la blesser davantage si j'avais voulu laver sa plaie. Puis, la mort dans l'âme, je me résolus à lui demander avec une voix comme un murmure :

- Est-ce que vous... appréciez un dieu en particulier ? Cela peut être n'importe quoi, que vous ayez déjà ressenti qu'il était là, une fois, pour vous accompagner, ou même que vous trouvez son nom marrant, pourquoi pas après tout. Les simples villageois ou les enfants n'était pas toujours vraiment très pieux et allait à l'église davantage par habitude qu'autre chose, mais je ne voulais pas qu'elle soit seule. Vraiment n'y en a-t-il pas un dont vous vous sentez un peu proche ?

Car il ne restait plus que cela à faire, j'allais prier pour que tout ce passe bien pour elle, enfin.

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MessageSujet: Re: Tout Feu, Tout Flamme   Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Icon_minitime1Mer 21 Avr - 23:08

Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Umarav10

Le cruor céleste ruisselait sur sa peau, chargeant sa chevelure d'une substance lourde et poisseuse. Ses franges de plomb collaient à son front et ses joues, tandis que ses cornes se chargeaient de concrétions à mesure que le sang s'écoulant coagulait. Son regard vide portait en lui une tristesse qui donnait à sa prestance l'apparence d'une statue implorant qu'on la détruise. Sa silhouette écarlate ne trahissait aucun mouvement, et demeura ainsi figée jusqu'à ce que la Flammèche ne vienne encadrer son visage de ses mains. La chaleur qu'elle insinua en elle la tira momentanément de son tumulte intérieur. Ses mots furent superflus tant ses yeux hurlaient pour elle. En réponse, Umar papillonna par trois fois des paupières avant de secouer légèrement la tête, comme pour chasser ce qu'elle venait de voir. Comprenant alors que Mayufu allait aussi bien qu'elle pouvait l'espérer, la Démone se laissa envahir par un sentiment de plénitude. La Flammèche avait raison, rien de tout ceci n'était vrai, la flamme à l'origine de son surnom revenue, cette dernière l'encourageait vivement en ce sens. A partir de là, une curieuse attraction accola son front au sien, elle soupira, puis se mura dans l'obscurité. Lentement, les sons environnants finirent par s'estomper ; d'abord le tonnerre, ensuite la pluie, jusqu'au flux et reflux des vagues nouvellement formées. Bercée par le seul écho de sa respiration, Umar fut la proie de fourmillements qui engourdirent ses doigts et ses pieds. Et alors qu'un étau lui comprimait le coeur, ses lèvres se posèrent sur celles de Mayufu. Les spectres obscures qui parsemaient la zone s'élevèrent d'un coup, éclipsant la lumière l'espace d'un instant, comme si les émotions de la Démone étaient intimement liées aux ombres environnantes.

En dépit du sang qui leur tombait dessus, la beauté du geste n'en fut guère altérée. Le contact ne fut qu'effleurement, mais imprimait d'avantage qu'un coup. La sensation soyeuse et réconfortante n'eut pour existence qu'une seconde, une malheureuse seconde. Pourtant, cela fut suffisant pour briser quelque chose en elle, ou bien était-ce le contraire ? Umar ne savait pas, elle n'était même plus certaine de savoir ce qu'elle ressentait en ce moment. Se rendant finalement coupable d'un acte interdit, la sorcière des ténèbres s'écarta légèrement. Et tandis que ses yeux s'entrouvraient, faisant naître sur ses traits un rictus mu par le malaise, une ombre se dressa depuis son dos. Mais avant que Umar ne puisse s'en défendre, une douleur aigüe la frappa entre ses ailes. La Démone crut d'abord à un choc, mais lorsqu'elle aperçut une main émerger de son thorax, une mine défaite se substitua à la précédente. Les phalanges s'articulaient comme le feraient les pattes d'une araignée laissée sur le verso. Le froid et l'engourdissement remplacèrent progressivement la douleur qui sévissait en son sein. Et bien que ses jambes n'étaient plus guère en mesure de la soutenir, son corps refusait de tomber. Ainsi maintenue par le propriétaire du membre qui la traversait, le regard d'Umar finit par croiser celui de Mayufu. Honte et stupeur s'entremêlaient au rythme d'une sinistre harmonie...

Le souffle court, une toux improviste finit par ponctuer son agonie. Une gerbe de sang jaillit alors d'entre ses lèvres, maculant le visage qu'elle contemplait d'une tâche plus sombre que les autres. Umar voulut dire quelque chose, mais de sa gorge ne sortit qu'un râle semblable à un gémissement que l'on arracherait aux profondeurs de l'océan. Noyée dans sa propre sève, la Démone vint à manquer d'air. Elle lutta contre la fatalité par une série de soubresauts, puis sa tête bascula vers l'avant. Les bras ballants, les ailes tombantes, Umar expira dans le secret. Manifestement satisfaite de son oeuvre, la main criminelle s'arracha de sa poitrine, ne laissant derrière elle qu'un trou béant. Telle une fenêtre sur le monde, il devint possible de percevoir l'épaule du meurtrier. La marée montante s'en était rendue à mi-cuisse lorsque le corps de la Démone fut abandonnée à la gravité. En s'écroulant sur ses genoux, seule une moitié d'elle subsista sous le ciel voilé. Une posture qui persista quelques secondes, deux, cinq, difficile à estimer, puis chavira en arrière. Son dos glissa littéralement sur le cruor, comme mu par une volonté de partir au loin. Ses yeux grands ouverts figés à jamais dans la tristesse, furent bientôt effacés par le sang des cieux qui s'empressa d'emplir le creux de ses orbites de son rouge écoeurant.

Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Lupa10

Dans sa forme Elfique, Lupa se tenait là, tout près. Le visage marqué de ce même sourire silencieux, elle inclina légèrement la tête lorsque son regard lugubre se posa sur l'incendiaire. Sa coiffure était impeccable, et sa présence n'était souillée d'aucune tâche, seuls ses vêtements venaient à manquer. Son intimité préservée par l'étendue cramoisie qui ne cessait d'enfler, elle s'approcha de la jeune femme endeuillée. Les lèvres complètement retroussées, sa mâchoire inférieure se disloqua entièrement, offrant ainsi à sa bouche une ouverture semblable à celle d'un boa sur le point de gober sa proie. Tel un fagot de branches sèches écrasé par un pied indélicat, ses os se mirent à craquer, et tandis que la distance séparant le monstre de la fille du feu s'éboutait, sa figure de rêve vira au cauchemar !

Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Mayu10

Son devoir étant terminé, le cadavre de Mayufu jusque là si loquace, devint morose, presque maussade. Aussi, au moment où elle se fit accoster par le gringalet, elle ne sut quoi lui dire quand ce dernier l'invita à s'assoir. Son existence n'avait qu'un but, mettre en garde sa successeuse. Et maintenant que c'était chose faite, l'authentique fougère ne se voyait point tailler le bout de gras avec ce garçon. Ce qu'elle voulait ou non n'entrait guère en ligne de compte. Arrachée à sa tombe par une force qui la dépassait, la charogne était tout bonnement incapable de tenir une conversation qui la sortait de son contexte. L'avorton ne désespérait pas pourtant, il s'accrochait même ! Mais le cadavre de Mayufu ne pouvait comprendre les mots qu'il lui vomissait. Encouragée par son geste, elle parvint néanmoins à poser son séant sur la surface d'un rocher qui refusait de ployer aux assauts de la marée sanguinolente. Comme déconnecté du monde qui le vit s'éteindre, le macchabée serinait les derniers propos qu'il tint à la Flammèche. "Je pus ainsi l'entendre mastiquer ma cervelle directement depuis l'arrière de mon visage. Sa langue se fraya un passage entre mes lèvres lorsqu'enfin, le souffle me quitta." Il bougonna cette sinistre phrase à trois reprises avant de s'attarder sur deux mots, manifestement hasardeux : "Sa langue...".

Il radota bien quatre fois avant de lentement tourner la tête afin de pouvoir regarder le gringalet. Il crut alors reconnaître sa face, et comme poussé par un instinct qui ne lui appartenait guère, le cadavre de Mayufu attrapa les joues de son à vis-à-vis. Le silence enrobait la scène d'une saveur amère. Et quand que les flots sanguins se retirèrent en vue d'une houle plus massive encore, le visage tuméfié de l'incendiaire se décolla au niveau du front. La peau se détachait lentement, faisant naitre une certitude aussi macabre que viscérale concernant le fait que rien ne pourrait l'interrompre. Ses globes oculaires fondirent littéralement lorsque la désagrégation fit disparaître les arcades sourcilières. Ce ne fut qu'une fois parvenue au niveau du nez que la décomposition fit se scinder le revers de sa figure en deux parties, presque égales. Elle chut, puis tel un masque de chair, il vogua au gré du courant, dragua la surface juste sous les yeux de la Fée, barguigna à l'épreuve de la pluie, puis sombra, définitivement. La déferlante frappa derechef, ne laissant aucun répit au témoin de cette scène terrifiante pour comprendre ce qu'il venait de voir. Les éclairs zébraient le ciel avec colère, le tonnerre résonnait dans les organes des survivants, et tandis que l'averse redoublait d'intensité, les pommettes d'Elvin prisonnières des doigts à présent décharnés qui se refermaient sur elles, durent supporter la pression qui les sanglaient au point de rendre la douleur insupportable.

Une autre personne venait de remplacer le cadavre de Mayufu ! Le bandage de fortune que Elvin s'était appliqué à lui faire ne résista point à cette transformation. A l'instar de la grise mine du macchabée, il disparut dans l'océan écarlate. Désormais, c'était un visage bien différent qui le fixait.

Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Siren10

Le grondement céleste s'étouffa aussitôt, comme si la météo elle-même souhaitait que le garçon entende ce que cette femme avait à lui dire. Une Sirène aurait-elle pu survivre au traitement que leur avait infligé Lupa ? Etait-il seulement possible d'associer cette créature à la dépouille de Mayufu qu'il avait tenté d'aider ? Ses traits étaient de toute beauté, contrairement au reste de son corps... La corruption issue d'une décomposition avancée avait rongé la plupart de ses chairs. Son abdomen atrocement mutilé laissait passer chaque flash que pouvait générer l'orage. Ses bras squelettiques ne reflétaient point la force qui investissait ses mains. Ainsi accrochée à ses joues, Elvin n'aurait d'autres choix que de s'ôter la peau du visage pour espérer s'en libérer.

- Je suis ta mère Elvin, Syraneï, tu te le rappelles ? Si l'on faisait fi de son buste déchiqueté, et du minois de la Fée déformé par l'étreinte maternelle, ces retrouvailles feraient pleurer les plus endurcis d'entre nous. Mais après un instant passé sous silence, l'amour déserta son regard contemplatif. Et tout en pressant ses joues au point d'en faire sortir le sang par les pores, ce fut avec une bouche dévorée par les vers qu'elle se mit à hurler : Tu m'as laissé crever comme si j'étais une chienne qu'il fallait abattre ! Fais donc un bisou à maman, ensuite, tu pourras me rejoindre ! Une langue baveuse alvéolée d'une multitude de petits trous força alors le passage entre ses lèvres gercées. D'abord chétive, elle gagna rapidement en longueur jusqu'à chatouiller celles de son fils. Elle ne cessera que lorsque le fond de sa gorge aura été lustré !

La seule qui couvait une certaine forme de chance, si l'on pouvait dire, était Erinaë, la rôdeuse. Toujours inconsciente, elle n'avait aucune idée de tout ce qui se tramait autour d'elle, mais si ses paupières venaient à se lever, elle aurait toutes les raisons de trembler. Car Lupa n'était pas qu'une bête sanguinaire, il s'agissait aussi d'une personne particulièrement sadique. Ses pouvoirs surclassaient de très loin le commun des Mortels. Outre le fait d'être une demie-Déesse, le monstre aux traits de femme nourrissait une passion dévorante qui allait de paire avec sa classe. Hélas, la rôdeuse étant dans le coma, il ne sera guère possible d'en savoir plus à ce sujet...

L'explosion fut intense, mais pas que. Ce qu'elle vit par la suite lui fit croire en l'irréel. Était-ce un rêve ? non... un cauchemar plutôt. Elle l'écoutait, la croyait même. Pourquoi ne faisait-elle point la différence ? Était-elle donc si vide à l'intérieur ? Lorsque la lumière chassa les ténèbres, l'impensable se produisit. Les nuages vomirent du sang, la foudre balafra les cieux, et les langues se délièrent. Elle ne distinguait pas les sons, mais pu lire quelques mots sur les lèvres. Quand soudain, ce fut le choc ! Jusqu'alors, elle pensait s'être dissociée, une de chaque côté du miroir, mais désormais, elle était convaincue du contraire. Car jamais elle n'aurait fait une chose comme celle-ci dans un moment pareil. Elle croit même ne jamais y avoir songé. Puis la mort s'invita à nouveau, et la menace du monstre revint au galop. Elle n'était ni elle, ni l'autre qui précéda la lumière. Dès l'explosion elle fut évincée, emprisonnée dans les ténèbres. Toutes deux furent trompées, l'une plus que l'autre néanmoins. Et maintenant qu'elle se transformait derechef, elle devait trouver la force nécessaire pour s'extraire de cette dimension avant que la Flammèche ne rejoigne les méandres de ses souvenirs...

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Mayufu
Mayufu
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MessageSujet: Re: Tout Feu, Tout Flamme   Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Icon_minitime1Jeu 22 Avr - 23:03

Ses mains chaudes enveloppant le visage de son amie, la flammèche ne la quittait pas du regard. Le sol pourrait s'ouvrir sous ses pieds qu'elle ne bougerait pas ni ne la quitterait des yeux. Inquiète au plus haut point, que des mots ne parviendraient même pas à exprimer, elle laissait son visage s'exprimer pour elle ainsi que sa gestuelle qui se dévoilait douce et tendre malgré cette ambiance lugubre et pesante. La jeune fille n'avait aucunes idées de si elle parviendrait à ramener son amie à la réalité ni si elle s'en sortirait elle-même. La présence imperceptible de Lupa était un véritable fléau pour la flamme de sa volonté qui brûlait en elle. Cette dernière pouvant surgir de nulle part et partout à la fois, comme elle avait si bien démontré lors de leurs précédentes rencontres, la rendant terriblement dangereuse... Mayufu avait conscience qu'elle était une proie facile en plus d'être actuellement faible, à bout de force. Tiendrait-elle un second affrontement ? Sans parler du fait qu'elle était déjà sortie brisée de l'altercation avec la Déesse de la Nature. Mais là, revoir Umar dans un tel état, lui brisait le cœur. Ne sachant pas quoi faire, elle laissait ce dernier guider ses faits et gestes afin d'être naturelle et ne pas forcer les choses et donner l'air d'être fausse. Ce n'était clairement pas son but. Si seulement elle avait toujours, caché au fond d'elle, son don d'invulnérabilité et régénération, elle aurait tenté une lutte à l'usure face à ce monstre pour permettre à Umar de se mettre à l'abri ! Peu importait le dénouement pour sa propre personne, seul l'objectif comptait !

Mais quant bien même elle se montait tout les scénarios possibles dans son esprit, elle se faisait toujours prendre de court. C'en était lassant, limite à se demander si tout ceci n'était réellement pas que de sa faute à elle ? Alors, oui, l'attaque sur ce village était de son fait, s'étant laissée aller à la folie qui l'habitait depuis toujours... Mais les mots que Xiris avait eu à son encontre ainsi que de voir son amie au limite de la mort, manquait plus que la faucheuse à ses côtés pour conclure, l'avait ébranlée à l'intérieur. Tout chez elle ne savait plus où se mettre, sans parler de cette chose que la Déesse avait implanté en elle, à l'instar de Yloumna il y a quelques temps désormais. Que devait-elle faire ? Trois divinités l'avait marquée... mais au fond, elle se fichait d'eux tous. Seule Umar avait de la valeur à son cœur et seule elle rentrait dans toutes ses équations.

Aussi loin pouvait divaguer son esprit dans ce court laps de temps, elle fit subitement interrompue par le front de son amie s'appuyant contre le siens. Rassurée de voir qu'elle avait bougé depuis qu'elle s'était approchée d'elle, elle poussa un léger et long soupir de soulagement. Les yeux levés, ses mains n'ayant pas quitté son visage, elle observait, simplement. Attendant avec impatience que des mots soient prononcés, qu'un geste soit fait, afin de comprendre où elles en étaient, si elle était parvenue à la sortir de sa torpeur cauchemardesque.

Quelque secondes passèrent... ou des minutes, ou des heures même... elle ne le savait même pas. Le temps passait, c'était sûr. Mais il était distordu pour la jeune fille qui attendait là, trépignant d'impatience. Le sang qui avait commencé à noyer le paysage ne cessait de monter. Ses cheveux était dans un sale état. Sa peau était noyée sous ce liquide rougeoyant. Ses vêtements pesaient une tonne à s'imbiber de la sorte. Sans parler de l'ambiance pesante. Limite avait-elle oublier Lupa quand le premier mouvement d'Umar était survenu.

- Umar.... Je... Avait-elle commencé à dire avant de se faire surprendre.

Ne le voyant nullement venir, la jeune fille resta complètement immobile et les yeux écarquillés. Son cœur avait fait un bond qu'il en était pas revenu. Cette sensation... elle l'a reconnu. Elle l'avait déjà embrassée par le passé afin d'exprimer ses sentiments dont elle était incapable de poser des mots dessus. Mais là... c'était si soudains. Si étrange. Mais si plaisant à la fois. Tout son être, sans réfléchir, était entré en extase. Ne se posant même pas la question de si c'était normal ou non. De si Lupa allait les gober toutes crues toutes les deux en ce moment là. Les bras de la Flammèche, instinctivement, enlacèrent Umar, passant derrière sa nuque. Souhaitant au plus profond de son être que cette situation ne cesse jamais. Peu importait ce qu'il pouvait se passer. Peu importait si elle venait à mourir maintenant. Qu'importait la forme que prendrait sa mort ou ce qu'elle ressentirait. Elle était bien, présentement, même si au fond, elle ressentait quelque chose qui la tiraillait. Comme une alarme qui s'était soudainement mise à hurler, son cœur s'étant tout de même serré en même temps de battre la chamade. Mais la fatigue et son égoïsme latent reprirent le dessus ans trop de mal et son inconscient la poussa à continuer de profiter ce ce moment. Qu'il soit vrai ou faux. Dans tous les cas, qu'il ne fut que la réalité ou un simulacre, les sentiments étaient là et les gestes allaient de concert avec ces derniers. Elle ne saurait le dire mais elle ressentait ce qu'éprouvait Umar à cet instant précis. Les ombres alentours avaient vibrés. La lumière s'était éclipsée comme si elle avait compris qu'elles avaient besoin d'intimité. Tout semblait si réel...

Mais bien évidemment... qui disait Lupa, disait drame. Un tremblement soudains fit sursauter la jeune femme qui, détachant ses lèvres de celle de sa bien aimée, ressentait une pression sur sa poitrine, fit prise par l'horreur de la scène qui venait d'arriver. Une main avait littéralement transpercé le corps de la sorcière, appuyant sur le siens. Reculant, ne lâchant pas son amie, l'humaine tenta de comprendre. Était-ce Lupa ? Mais... était-elle redevenue sous sa forme humanoïde pour qu'on l'oublie ? Cependant, il était impossible d'obtenir réponse à ses questions puisqu'à peine elle réalisait les faits qu'elle ressentit les spasmes qu’éprouvait le corps de la sorcière des ombres. La faisant frémir d'inquiétude. Son regard se relevant, détachant ce dernier de la plaie avec cette main qui se mouvait toute seule, elle constata les traits défaits de son amie. Voyant bien qu'elle tentait de dire quelque chose mais restait là, immobile. Pourquoi ? Que tentait-elle de lui dire ? Abandonnait-elle ? Lupa avait-elle envahit son esprit et l'empêchait d'agir et la forçait à mourir sous ses yeux dans une lente et douloureuse complainte ?

Les mots voulaient sortir mais sa gorge était si nouée, sous l'état de choc, elle était dans l'incapacité totale de faire quoi que ce soit en ce sens. Néanmoins, la main se retira, laissant un trou béant dans son abdomen. Il en aurait fallu un petit instant mais Mayufu réalisa enfin ce qui se passait. Lupa venait de tuer Umar. Une Umar qui restait bien impassible. Une Umar qui, malgré la peur et le danger, avait baissé sa garde pour l'embrasser. Aurait-elle réellement fait ça dans un contexte où la mort les enveloppait toutes les deux ? Ou voulait-elle faire passer un message en se sachant condamnée et partir avec la conscience tranquille ? Non. Non ! NON ! Ce n'était pas possible. Ce n'était pas Umar, ça. Ce n'était pas SA UMAR ! Jamais elle n'abandonnerait de la sorte. Jamais elle ne la laisserai tomber. Mayufu était même certaine que cette dernière serait prête à mourir avant elle si cela pouvait la sauver et c'était un sentiment réciproque. Se souvenant très bien de l'instant où elle l'avait envoyée voler contre la paroi de la grotte pour l’assommer et la laisser s'occuper de Lupa le temps qu'elle abandonne son assaut, en perdant la vue au passage tellement la magie déployée avait été puissante et utilisée à l'usure sur des heures durant.

Donc que se passait-il réellement ? Alors que son corps s'était figé, son cœur avait cessé de battre, le souffle coupé, le corps de l'hybride se soumit à la gravité et tomba à genoux. Le regard de Mayufu suivant le mouvement. À moitié baignée dans le sang, qui n'avait de cesse d'envahir les lieux, emportait petit à petit cette dernière qui, le regard vide, l'expression défaite, ne quittait la Flammèche des yeux. Les mains de la jeune fille ne lâchèrent pas ses bras même si, dépourvue de force, ses membres ne lui répondant plus, elle ne pouvait que constater ses mains glisser le long de ses bras à mesure qu'elle était emportée par le courant. Impossible pour elle de la retenir. Quelque chose l'en empêchait. Le tonnerre ambiant résonnait dans son esprit. Le son du sang qui se mouvait était déformés. Sa respiration était un supplice. Ce cauchemars commençait à lui donner des envies de suicide mais quelque chose la retenait. Quelque chose d'anormal c'était passé mais elle n'était pas capable de savoir quoi. Bien que le baiser d'Umar avait été ce qu'elle attendait depuis toujours, son cœur lui hurlait de se méfier. La mettait tout de même en doute quant au moment qui avait été choisis pour que cela arrive. L'être qu'elle aimait aurait-il agit de la sorte, à ce moment précis ? Elle serait tentée de se répondre « Non, c'était impensable » même si elle ne mettait pas de doute sur les sentiments éprouvés. Elle y avait aussi mis du siens... mais n'avait pas cherché à comprendre. Se culpabilisantau passage de s'être permise cela à cet instant et causer à nouveau la mort de l'hybride. Mais que pouvait-elle bien faire ?

Son corps entier ne lui répondant alors plus, elle était forcée de contempler son reflet flou et déformés sur la surface du sang. Quelques fois plus net lorsque les éclairs fissuraient les cieux. La silhouette assassine s'approchant d'elle, l'observant sur la surface de l'hémoglobine, n'ayant pas la force de relever la tête. Son esprit s'en était allé. Plus rien ne fonctionnait. Quelque chose s'était brisé de manière irrécupérable. Peu importait ce qu'il allait se passer désormais, elle irait jusqu'au bout. Quant bien même Lupa était invincible pour elle, jamais elle ne se laisserait livrer sur un plateau sans résister et lutter. Elle lui donnerait ce qu'elle voulait, soit une lutte acharnée jusqu'à son dernier souffle. Mais si par miracle elle parvenait à s'en sortir, elle se promit à l'attention du monstre :

- Si je m'en sors... sois sûre et certaines que je te buterai de la manière la plus sadique possible et que je traquerai les tiens jusqu'au bout du monde et leur ferait subir le même sort, à tous !

À la fin de cette déclaration, la jeune fille leva la tête pour dévisager la silhouette nue de l'autre femme face à elle. Le bras seul était maculé du sang d'Umar, le reste était propre et impeccable alors qu'elle-même allait pas tarder à se noyer dans ce sang devenant de plus en plus dense. Tentant de se relever, comme elle le pouvait, subissant le poids du destin qui s'acharnait sur sa personne, elle parvint à se dresser droite, face à Lupa. Plongeant son regard dans le sien alors que l'expression de cette dernière était tout aussi sadique et lugubre qu'avant le début des hostilités. Comment allait-elle s'en sortir ? Que pourrait-elle bien faire pour lutter contre cette chose ? Il était certains qu'à l'accoutumée, elle s'appuyait beaucoup sur la présence de la sorcière des ombres à ses côtés et qu'elles luttaient en duo mais là... elle était seule face à une puissance qui la dépassait complètement. Que ce soit elle ou Xiris, à son niveau, cela ne faisait aucunes différences. Sauf que la timbrée qu'elle se farcissait actuellement semblait moins encline à vouloir en terminer rapidement comme la Déesse de la Nature.

Posant une main sur son coeur, elle s'osait à espérer que quelque chose allait arriver et lui permettre de pouvoir faire pencher la balance de son côté. Suivant discret du regard le corps d'Umar flotter au loin, elle peinait à se mettre les idées clairs. Son corps se paralysant de doute par vagues successives. Cependant, elle devait faire vite puisque d'un coup, des craquements, qui avait tout du glauque, se firent entendre. Son attention se rivant sur la source, Mayufu ne pouvait que constater avec effroi que Lupa était en train de muer en une monstruosité sans nom. Sa bouche se déforma, ses crocs mis en évidence, grandissant au fur et à mesure, se préparant à la gober d'un coup sec.

Ainsi, c'est comme ça qu'elle comptait mettre un terme à son existence ? Mais elle se foutait de la gueule de qui celle-là ?! Partagée entre l'effroi, la haine et une envie atroce de vengeance, la Flammèche passait par tout un panel d'expression. Oubliant littéralement tout ce qui l'entourait, tout se focalisant alors uniquement sur Lupa et rien d'autres. Son corps entier se mit à chauffer, le sang monté au niveau de ses hanches se mit à bouillir, son visage parsemé de veinures rougeoyantes. Une flammèche fit son apparition soudaine sur son oeil gauche. Les poings serrés. Le coeur meurtri par la vision d'horreur d'Umar qu'elle avait eue. Son corps était prêt à donner tout ce qu'il lui restait pour s'en sortir, quitte à sombrer dans un profond sommeil pour récupérer par la suite. Quitte même à mourir mais en emportant cette garce avec elle dans la mort. Cette dernière continuant à muer, sa mâchoire devant aussi grande qu'elle, prête à l'avaler tout rond.

- Bhaal, Dieu du meutre. Mon foutu père. Yloumna, Dèesse Noire. Xiris, Dèesse de la nature. Ainsi que toi... J'en ai plus que ma claque de vous tous à me rouler dessus comme ça et user de moi comme bon vous semble !

Le sang enveloppant ses hanches et jambes finit par imploser et gicler dans tous les sens autour d'elle à cause de la pression de la chaleur qu'elle émettait. La force du désespoir avait trouvé d'infime source d'énergie enfouie au fond de son être pour au moins faire quelque chose et ne pas claquer bêtement sans lutter. Ses mains se chargeant d'énergie et émettant des flammes d'une intensité blanchâtre, la jeune fille ne comptait de loin pas se laisser bouffer. Alors même que le monstre s'approchait pour se sustenter de son corps, elle frappa une fois, avec force de ses mains et envoya toute l'énergie accumulée au-dessus de sa tête. Un cri strident déchira l'air ambiant qui vibra intensément, se mêlant aux tonnerres grondant et aux reflux des vagues sanguinolentes. Une masse d'un rouge pure se fraya un chemin au travers de l'énergie déployée et une paire de griffe se saisit de la main levée de la Flammèche qui fit soudainement soulevée et propulsée quelques mètres plus loin. L'écartant ainsi de Lupa qui n'avait plus que du vide à gober devant elle. S'écrasant lourdement  dans la nappe de sang, l'humaine parvint rapidement à se remettre sur pieds. Elle avait réussi à faire appel à Bhaal, son phénix, mais n'avait pas suffisamment d'énergie pour l'invoquer longtemps et ce dernier ne parvenait pas à maintenir sa forme originelle. Ce dernier ayant surgit du passage qu'elle avait ouvert, ne lui offrant que peu de magie, il était déjà parvenu à l'écarter temporairement du danger pour tenter de lui offrir une chance de s'en tirer. Ses assauts ne seront sûrement d'aucuns effets sur la blonde. Tournoyant autour d'elle comme une mouette enragée. Seule une chaleur intense émanait de chacun de ses battements d'ailes. Sa faible réserve magique ne lui permettait pas de répandre le chaos comme à son habitude.

Immédiatement, elle prit appuis sur ses pieds, plaqués de tout son poids sur le fond, étant parvenue à trouver suffisamment de soutient pour ne pas glisser avec tout ce sang. Bhaal, quant à lui, s'occupa à détourner l'attention de la timbrée pour que sa maîtresse puisse accumuler, une dernière fois, suffisamment d'énergie pour mener son assaut. La surface du sang bouillonnait tellement la chaleur était devenue intense. Faisant des bulles qui éclataient à la surface. Son regard ne quittait pas la silhouette elfique. Discernant d'un coin de l'œil la présence d'un corps flottant à quelques mètres d'elle. Elle reconnu ainsi Erinae qui était là, toujours inconsciente. Devait-elle tenter de la faire revenir à elle ? Aucunes idées. En tout cas, elle ne voyait pas en quoi elle pourrait lui être utile contre cette chose et puis, elle s'en était prise à Umar. Que devait-elle alors privilégier ? Coopérer avec l'ennemi ou continuer seule ? Dans tous les cas, elle n'aurait clairement pas le temps de courir jusqu'à elle. Déjà, la masse sanguinolente la ralentirait plus que jamais et le monstre ne lui laisserait aucunement le temps d'agir dans ce sens. Néanmoins, si quelque chose pouvait la secouer et faire revenir à la réalité notre belle aux bois dormant, c'était bien le sang qui bouillonnait sur une bonne surface désormais avec la présence de Bhaal qui s'épuisait à vue d’œil ainsi que la flammèche qui faisait monter en flèche la température ambiante. Mayufu aussi sentait ses forces la quitter alors qu'elle tentait de canaliser ce qui lui restait. Ses deux mains relevées au niveau de sa poitrine, paume face à paume, une boule de feu ayant naquît entre elles, elle priait pour que le destin veuille au moins bien lui accorder de réussir ce coup-là. Elle serait capable de prier n'importe quoi. Elle priait Umar de n'être pas morte. Elle priait Yloumna. Elle priait Xiris.

Ce fut alors que Bhaal, définitivement à bout de force, commençant à disparaître, lâchant un dernier cri strident à l'encontre de sa maîtresse que la jeune fille ne se fit pas attendre. La boule de feu tripla soudainement de taille, aussi grosse que sa tête. Ni une ni deux, elle l'envoya directement sur Lupa, sans chercher à savoir si oui ou non elle aurait un effet quelconque. Parce que quoi qu'il en soit, son but n'était pas non plus d'attendre sur place de voir l'impact survenir ou non. Son regard balaya la zone et elle aperçu au loin le jeune homme qu'elle avait sauvé plus tôt. Devait-elle aller dans sa direction ou celle de la rôdeuse ? Un choix.... Vite. Vite. Vite. Il fallait qu'elle en fasse un mais elle était incapable de le prendre. À bout de force, elle était incertaine quant au fait de pouvoir aller au but, que ce soit l'un ou l'autre. Néanmoins, la seule qui pourrait encore réussir à surprendre tout le monde était Erinae... allait-elle seulement se réveiller ? Le sang bouillant pouvait-il la sortir de sa rêverie ?

Une détonation se fit entendre. Lorsque la boule de feu heurta sa cible, ou du moins, elle l’espérait, elle fit face à ce qui pouvait surgir de la nappe de fumée engendrée par la petite explosion. Il était même certains que Lupa était indemne et que cela n'avait strictement rien fait. Mais... à sec d'énergie, Mayufu ne pouvait tout bonnement plus lutter. Elle ne pouvait plus se voiler la face sur son état. Sauf que, malgré cela, elle refusait de montrer la moindre faiblesse. Elle tiendrait tête. Elle ferait face tant qu’une flamme brûlerait en elle. Qu'elle se ramène, cette folle. Elle avait encore quelque chose à lui foutre dans la figure ! Pour Umar et elle-même !

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Elvin
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MessageSujet: Re: Tout Feu, Tout Flamme   Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Icon_minitime1Mar 27 Avr - 15:51

Mais jamais rien ne répondit à mes paroles. C'est comme si son esprit avait subi la même chose que son crâne : brisé. Derrière elle, de l'autre côté de l'ouverture béante que j'avais désespérément tenté de recouvrir d'un pauvre tissu, ses murmures répétés semblaient résonner, faisant vibrer le vide qui s'était installé au plus profond de sa tête. J'étais impuissant. Une fois de plus, j'échouais à aider. Et malheureusement je ne pouvais plus faire grand chose, rester auprès d'elle pendant ses derniers instants et espérer que ces ultimes secondes soient plus douces que ce qu'elle avait vécu jusqu'à présent.

***Xiris, je ne sais pas si vous êtes la personne appropriée. Sans doute pas, j'en suis désolé. Je ne savais simplement pas qui prier pour cette femme qui est en train de mourir devant moi et, j'ignore pour quelle raison, elle m'a fait penser à vous. Alors, s'il vous plaît, acceptez malgré tout de trouver une place pour elle, là-haut, quelque part, auprès d'une divinité qui sera d'accord. Ce serait gentil. Ici-bas... je ne sais pas vraiment ce qui se passe, et je ne sais pas si je peux faire quoi que ce soit de plus. Désolé de vous avoir importunée et... quoi que vous fassiez, merci quand même.***

Mais les dieux voulurent que son agonie n'en soit pas à son terme et continue encore au-delà. Lorsque la pauvre jeune femme, mourante, entreprit dans son immensité de douleur de tourner le visage vers moi, je me déplaçai en retour pour lui permettre d'accomplir ce qu'elle souhaitait, en essayant de faire le moins de secousse possible afin de ne pas aggraver son tourment. Et ce n'est finalement qu'à ce moment-là, les yeux face à elle, malgré la matière épaisse, rouge, qui nous recouvrait, que je la reconnus. J'étais arrivé là pour venir à son secours l'esprit troublé et vague, je n'avais jusqu'à présent pas une seule seconde songé à poser le regard sur les traits de sa figure. C'était pourtant elle qui m'avait sauvé à peine quelques instants auparavant. Mais je n'avais même pas été capable de percevoir son désespoir, obsédé que j'étais par des soins inutiles. Lorsque ses deux mains, faibles, fébriles, secouées par les hésitations de la mort, vinrent se poser sur mes joues, celles-ci étaient déjà humides de larmes plus que de sang. Je baissai la tête et continuai à pleurer :

– J'aurais aimé être là, pouvoir vraiment aider, pouvoir te sauver comme tu l'as fait avant pour moi. J'aurai voulu être capable, je ne sais pas vraiment comment, de changer les choses, afin d'empêcher ce qui t'est arrivé, quoi que cela fût. Même encore maintenant, je souhaite toujours que tout ceci ne soit qu'un mauvais rêve qui va finir par se dissiper, que tu n'es pas vraiment devant moi, là, mourante et que je ne suis plus aussi incapable, aussi désemparé, aussi dépourvu du moindre moyen de t'aider. Mais pourtant, la vérité est là : je suis sans passé, sans pouvoir, peut-être même sans destin, condamné à te voir te consumer, comme si j'avais les mains liées. Le choc brutal d'une masse froide contre mon dos me fit hoqueter. Les morts, le malheur, les vagues, cela ne s'arrêtera-t-il donc jamais ? Est-ce seulement ça que la vie me réserve ? J'avais espéré le bonheur, la paix, de pouvoir aider, mais n'y a-t-il vraiment rien de cela ? Si c'est pour souffrir ainsi, toujours, sans arrêt, je ne sais pas si je veux continuer. J... je suis fatigué. Je crois que je suis à bout, je crois que...

Mais même après tout cela, le sceau de l'infortune n'était toujours pas levé. Car le sang sombre, en glissant autour de moi, comme pour m'emporter avec lui jusqu'aux profondeurs honnies, laissa flotter quelque chose dans la fragile surface sans remous qui s'était formée entre nous deux : un visage. Son visage. Mais je ne l'avais quittée qu'un instant des yeux ! Il n'avait pas pu... Ce n'était pas possible, pas normal ! Pourtant, c'est ce que je vis en levant lentement le regard. Derrière le sang, les chairs à vif arrachées par le ressac, les larmes blanches de ses yeux fondus, il y avait quelqu'un d'autre qui me contemplait silencieusement, comme s'il avait attendu que je lui donne vie en lui accordant un coup d’œil.

Je ne le connaissais pas ! De cela j'en étais sûr, je ne la connaissais pas. Alors, quelle était cette sensation qui s'emparait de mon corps, comme pris dans un étau, écrasé par une puissance invisible, électrisé depuis l'intérieur par le regret, l'infamie et d'autres sentiments que je ne saurais nommé ? Je ne l'avais jamais vu mais pourtant sa simple présence suffisait à me déchirer le cœur. Qui était cette sirène ? Comme était-elle arrivée ici ? Pourquoi me regardait-elle ainsi ? Non, à cet instant, mon âme avait déjà été recouverte, avalée, noyée. Mon corps avaient déjà été essorée de toutes ses larmes. Il ne me restait plus rien, plus même assez pour souffrir. Mon esprit était vide. Vide et vague.

– Madame... s'il vous plaît... écartez-vous.

Je ne voulais pas entendre ce qu'elle me disait, je ne le pouvais plus. Je n'avais plus de force à opposer à sa pression, plus de désespoir à laisser couler. Mes yeux ne pouvaient plus trouver de point où se poser et voguaient indistincts dans le flou et l'horizon, incapables de se concentrer sur les chairs déchiquetées, incapables de souffrir de son étreinte, incapables d'être dégoûtés par les vers de sa dépouille.

– ...s'il vous plaît. Vous êtes morte.

Mais le monde, lui, continuait à pleuvoir, à rougir, à mourir. Plus rien ne comptait. L'écarlate sombre avait tout recouvert d'une couche qui mêlait tout. Toutes les odeurs s'obscurcissaient ensemble dans un ultime chant d'oiseau silencieux. Les cris, la haine, le regret n'existaient plus. Il n'était plus nécessaire de se défendre. Il n'y aurait pas eu de quoi de toute manière. Rien ne permettait de survivre et de sortir. En secret, j'aspirais au vide, peut-être à la mort, ou au moins à la paix. Finalement de tout ce que j'avais fait ou dit il n'y avait rien qui revêtait la moindre importance. Je n'avais rien changé parce que je n'avais aucun pouvoir sur mon milieu. Je n'ai aucun pouvoir sur mon destin. Agressé et souffrant, les dents serrées, je voulais crier parce qu'il n'y avait rien que je puisse faire. Alors, je criai, sans un son.

Je criai mon esprit. Je criai pour ne pas être entendu. Je criai comme une sirène pour une sirène et pour tous ceux des alentours. Je criai ma peine. Je criai aussi tout ce que je ne pouvais pas crier. Je criai le sentiment d'être délaissé. Je criai l'attente. Je criai la mort qui finit toujours par tous nous emporter. Je criai que j'avais le sentiment qu'on ne m'avait pas laissé ma chance, plongé dans le chaos. Je criai aussi pour moi et pour ces sentiments en moi que je ne comprenais pas. Je criai juste pour qu'on me laisse tranquille. Puis je tombai au sol.

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MessageSujet: Re: Tout Feu, Tout Flamme   Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Icon_minitime1Ven 21 Mai - 13:23

Un million de chaînes l'entravait, mais elle était incapable de les discerner. Il fallut que la Flammèche convoque son phénix pour qu'un début d'explication s'en vienne cheminer entre ses synapses. Le piaf irradiait d'un halo jaune orangé, une lumière douce et chaude qui nimba la surface écarlate qui bouillonnait sous son spectre lumineux, balayant d'un battement d'ailes les ombres qui pailletaient son reflet. Curieusement, Umar en ressentit chacun des effets, comme si le rayonnement du volatile l'atteignait directement. Son esprit encore Mortel eut beaucoup de mal à comprendre ce qu'il se passait. Mais en se souvenant qu'elle n'avait plus de corps, qu'elle était d'une façon ou d'une autre, devenue les ténèbres, la Démone imagea sa sensation de picotements à un trou dans sa chair immatérielle. Bhaal, le phénix de Mayufu, était capable de repousser sa présence. Une inertie qu'elle devait à sa nouvelle fonction, fonction qui consistait à être un élément à part entière. Pourtant, elle sut manifester un pic d'activité au moment où la Flammèche et la fausse Umar s'embrassèrent. Etait-il seulement possible de réitérer l'exploit ? Le temps qu'elle cogite, la fille du feu fut arrachée de la mer de sang par les serres de son invocation, puis éloignée du danger qui s'apprêtait à l'engloutir. Une débrouillardise qui lui permit de s'en sortir sans son aide, mais combien de temps allait-elle encore pouvoir tenir ? De cette inquiétude latente naquit ce qu'elle pensait être la solution. La mettre en pratique risquait cependant d'être un problème.

L'émotion s'apparentait pour elle à une tempête aux courants hasardeux, balafrant de son souffle une terre noire et aride qui pourrait bien être la représentation de son coeur. La Sorcière des ténèbres, au-delà d'être une meurtrière de la pire espèce, était une asociale. Et bien qu'elle s'était, d'une certaine manière, attachée à la Flammèche, cela ne faisait par autant d'elle une femme dite équilibrée. Et pour cause ; deux semaines avant que cette aube funeste n'inonde leur avenir dans des flots de sang, Umar profita d'une nuit pour filer en catimini. Abandonnant Limouria pour survoler l'océan dans le silence le plus absolu, elle se mit en quête d'en apprendre plus sur ce monde qui la dépassait. Car contrairement à Féerune, la force mystique dont il semblait empreint, y était beaucoup plus dense. Ne possédant même plus son enveloppe d'origine, la Sorcière des ténèbres avait grand besoin de se retrouver. Alors elle sillonna l'obscurité de la nuit à la recherche d'un signe, d'un écho quelconque... Bien sûr, que pouvait-elle bien trouver ainsi perdue au milieu de la haute-mer ? La providence se chargea de le lui faire comprendre en orientant son regard sur une toute petite lueur qui scintillait dans les profondeurs de l'abime. En s'approchant, la Démone crut reconnaître une chaloupe avec deux hommes à son bord. L'embarcation était dans un triste état, une lanterne à la flamme agonisante esquissaient deux silhouettes assises qui se tenaient l'une en face de l'autre. Aussi discrètement que possible, Umar se mit à décrire des cercles en planant autour d'elles. Quand elle parvint à faire abstraction du vent qui hurlait dans ses oreilles, elle put être en mesure de distinguer ce qui se racontait.

Le plus jeune expliquait au plus vieux qu'un jour viendrait où la mort démissionnerait de ses fonctions. Et que quand cela se produira, les feux de la création consumeront ce monde. C'était une première pour Umar, elle qui demeurait jusqu'alors convaincue de son savoir. Aux dires de cet illuminé, une erreur tragique serait survenue au sein même du royaume des Dieux. A la chute de Kryos, anciennement Divinité de la vie, l'équilibre du cycle fut rompu. Loominëi avait bien conscience qu'il ne lui existait point de remplaçant. Aussi, dans l'espoir de pallier à cette lacune, le Destin se substitua à la vie. Et c'est là que résidait la forfaiture. Naguère, la Destinée était un privilège réservée à de rares élus, or, aujourd'hui, chaque Mortel suivait, sans le savoir, un chemin prédéfini. La sorcière des ténèbres prit soin de mémoriser chacun des prénoms en vue d'un objectif futur. Ce faisant, et dans le plus grand secret, la Déesse de la mort fut reléguée au rang d'excavatrice. Et pour cause ; en dehors de la bénédiction d'Yloumna qui en annulait les effets, la Destinée d'un être suivra son cours jusqu'à son terme. Désormais, Abyssia projette de gouter au fruit défendu. Le barbu aux joues tombantes était, à l'instar d'Umar, curieux de savoir de quoi il était question. La révélation fut au moins aussi surprenante qu'inattendue. La Déesse de la mort ambitionnait de vivre ! Nombre de Divinités avaient déjà traversé les Limbes afin d'arpenter Astrune dans le plus simple appareil. Hélas, ou heureusement... la nature d'Abyssia ne lui permettait point de jouir de ce droit.

La discussion se prolongea jusqu'à l'aube, et malgré tout ce qu'elle avait pu apprendre, Umar vint à se demander pourquoi c'était à cela qu'elle songeait dans un moment aussi critique ? Peut-être que le sort d'Abyssia ne lui était pas si indifférent après tout. Sans être en mesure d'en expliquer la cause, la Démone était convaincue de partager un certain nombre de points communs avec cette Divinité. Le fait d'avoir été arraché à sa dimension, puis d'engranger les défaites contre tout ce qu'elle avait eu le malheur de croiser jusque là, ressemblait fortement à ce rôle qu'Abyssia avait perdu. Quant à cette quête de l'interdit, serait-il possible que l'émotion était pour elle ce que la vie était pour la Déesse de la mort ? A partir de cette réflexion, la question se posait d'elle-même : Mayufu occupait-elle réellement une place dans son coeur ? J'étais profondément stupide à douter d'un fait aussi évident que celui-ci ! Bien sûr qu'elle avait sa place. Sinon pourquoi le simple souvenir de la voir lécher mon double me donnait l'envie de hurler ? Je ne devais pas me contenter du désir de la secourir, c'est pourquoi j'en remercierai le piaf une fois que je serai sortie de là. Je devais laisser libre cours à mes émotions, mais comment ça marchait ces choses là ? J'avais beau me concentrer, il ne se passait rien au dehors. J'étais enragée à l'égard de cette Lupa, comme jamais auparavant, et pourtant, pas un brin de cette colère ne se manifestait dans son ombre. Que devais-je éprouver alors, de la peur ? de la jalousie ? de la honte peut-être ?

Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Erina10

La sensation était agréable, elle flottait sur un petit nuage pétillant, comme si une multitude de bulle roulaient sous elle avant d'exploser sur son pourtour. Les bruits étaient sourds et apaisants. Mais à mesure que sa conscience lui revenait, ces derniers tendaient à se faire de plus en plus dérangeants. Quand soudain ! un flash imprima ses rétines de son immaculée lumière, lui faisant momentanément oublier que ses paupières recouvraient déjà ses yeux. Agressé, son visage se plissa avec force, marquant sa peau juvénile de rides improbables. Prise de panique lorsque ses pieds ne parvinrent guère à toucher le fond, Erinaë agita frénétiquement des bras dans le fol espoir d'agripper une branche, un rocher, un objet quelconque... en vain. Et après une bonne série d'éclaboussures dut aux plats que faisaient ses paumes contre la surface, la rôdeuse afficha son regard émeraude au chaos ambiant. Du sang ! du sang à perte de vue ! Tétanisée, la jeune femme sombra l'espace d'une quinzaine de secondes. Instant durant lequel elle replongea au coeur de son traumatisme d'enfance qui lui valut cette hématophobie. Son parcours lui permit cependant de se ressaisir avant que la noyade ne survienne. Et quand elle émergea, la terreur avait abandonné ses traits. Avec un calme proche du surnaturel, Erinaë entreprit de survivre à ce nouveau coup du sort.

La Déesse l'avait entendu, sans quoi ; elle cautionnerait ce carnage. Aussi, en partant du principe que sa conscience n'appartenait plus à Lupa, la rôdeuse devenait également une cible. Non pas que cela l'enchantait, mais elle préférait de loin la menace du monstre plutôt que d'en être un ! Mais avant d'effectuer une quelconque action à l'encontre de la Viciée, il lui fallait rejoindre le rivage. Problème étant ; le cruor ne cessait de bouillonner tout autour d'elle, et plus les bulles parcouraient son corps, plus la température de son propre sang augmentait. Il fallut qu'une détonation survienne pour que son attention se porte sur une silhouette grêle plus en avant dans les terres. En dépit des vapeurs transparentes qu'émettait la chaleur des bulles lorsqu'elles s'en venaient éclater à l'air libre, Erinaë n'eut aucun mal à reconnaitre la pyromane qu'elle traquait depuis les collines d'Umar. Pour sûr, elle devait répondre de ses actes, mais contrairement à ce qu'elle avait pu démontrer lorsqu'elle était encore sous le joug de Lupa, la rôdeuse avait pour devoir de la capturer, puis de la ramener au village pour qu'elle y soit jugée. Alors que celle-ci veuille désormais en faire un ragout, n'avait rien de surprenant en soi. Ainsi nue et dépossédée de ses armes, elle ne pouvait contester cette juste sentence. La jeune femme ne le jugerait point, mais à l'instant où leurs regards se croisèrent, l'effervescence qui était à l'origine de sa cuisson, se fit moins dense.

Elle aurait voulu s'en assurer qu'elle n'y serait guère parvenue, puisque qu'un cri improviste inonda l'intégralité de son esprit ! Ses paumes vinrent se presser d'elles-mêmes contre ses tempes, la faisant de nouveau sombrer dans les profondeurs de cette mer impure. La jeune femme aurait eu une lame sous la main qu'elle se serait volontairement ouvert le crâne pour en extraire le son. Elle hurla à son tour, puis réalisa rapidement l'étendue de sa bêtise en crispant bouche et yeux jusqu'à ce que le mal finisse par passer. Par chance, ou autre... cela finit par cesser. Tirant sur ses bras, et poussant sur ses jambes, Erinaë se hissa jusqu'en surface. Quand sa tête apparut derechef, son prénom fut momentanément occulté, ainsi que la raison de sa présence au sein de ce lieu sordide. Complètement désorientée, l'archère nagea péniblement jusqu'à ce que ses genoux frôlent le sable. Ce contact lui permit de se redresser, les bras croisés, une main sur chacune de ses épaules, la jeune femme cachait ses seins en plus de se préserver du froid qu'apportait la pluie sanguinolente. Le dos vouté et le ventre creux, elle errait telle une naufragée...

Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Siren10

Ses dents formaient un rempart naturel contre l'envahisseur visqueux de Syraneï, mais cela ne suffit point à entamer sa volonté d'y parvenir. Une invasion étrangère était en cours, et toute défense, si élaborée soit-elle, finissait tôt ou tard par céder ! Pour maman, il n'était cependant pas question d'abimer le visage de son cher bambin, aussi entreprit-elle de contourner le problème. La Sirène se recula lentement, et très doucement, elle décolla sa langue des lèvres du garçon, tissant dans sa retraite, d'innombrables fils gluants qui imageaient malgré eux, les liens qui les unissaient. Et alors qu'elle s'apprêtait à faire passer son appendice faisandée par ses voies nasales, un hurlement télépathique la stoppa net ! Bien qu'elle ne semblait guère en pâtir, la surprise pouvait se lire dans son regard. Sa langue avait disparu derrière ses babines, mais Syraneï ne l'avait pas pour autant libéré de son étreinte. Elle le considéra avec insistance, comme si elle attendait de lui une autre démonstration. Mais celle-ci ne vint pas, la langue fit donc son retour...

Quand Mayufu employa ses dernières forces à consumer Lupa, le visage de cette dernière se renouvela en celui de l'Umar de Féerune. Mais la boule de feu était déjà lancée, épuisée, la Flammèche ne pouvait plus rien y faire... En la heurtant, le derme bleuté de la sorcière des ténèbres se mit à noircir, puis à craqueler sous l'assaut dévorant de la fournaise qui l'enveloppait. Elle chanta sa douleur sur une note particulièrement aigue, puis s'effondra dans le sang en un millier de particules carbonisées. Le cri télépathique d'Elvin survint peu après. Et alors que la rôdeuse se trainait dans les ruines inondées du village d'Herlin, la pluie cinglante cessa tout-à-coup ! L'orage se tut, mais le ciel demeura particulièrement sombre. Bien qu'elle avait souffert du désarroi assourdissant du gamin, Mayufu ne se soucia plus guère de la rôdeuse. Il n'y avait qu'à l'observer pour comprendre que l'archère était au moins aussi désemparée qu'elle, et étant une ennemie encore trop présente dans ses souvenirs, la Flammèche jugea bon de lui préférer Elvin. Bien que niais, inutile, encombrant et surtout ; méprisé d'Umar, le garçon-fée revêtait pour elle une certaine forme de rédemption. En sauvant cette loque malchanceuse, cela lui permettrait en outre de cracher à la face du responsable de sa déchéance ; Bhaal. Désormais, toute sa foi se portait en Umar, Mayufu n'avait plus besoin de ce géniteur absent qui ne l'avait conçu que pour renaître. Il était grand temps pour elle d'aller de l'avant !

Guidée par le déni qu'elle se faisait de la mort de son aimée, la Flammèche tenta de rejoindre Elvin en prise avec une Sirène à la langue bien pendue. Ses jambes de coton peinaient à la soutenir, et le fait de devoir s'enfoncer un peu plus dans cet océan cramoisi ne l'enchantait guère. Le courage ne lui manquait point, mais sans force, quel secours pourrait-elle lui apporter ? Mayufu était tellement focus sur son objectif, qu'elle ne prit pas le temps de se soucier de la météo. Peut-être aurait-elle dû... Car la trogne de la monstrueuse Lupa se dessina dans le lointain l'horizon. Et plus elle se rapprochait, plus les détails de son image s'affinaient. D'une taille qui ne pouvait être quantifiée, la Viciée émit un grondement que le sang propagea sous forme d'ondes circulaires sur l'ensemble de sa surface. La tête du loup provenait du large, et son allure était telle qu'une fuite ne pouvait être envisagée. Sa mâchoire s'ouvrit, de laquelle jaillit un hurlement à vous percer les tympans ! Malgré l'impensable, Syraneï maintenait toujours fermement Elvin par les joues, mais sa langue aura à peine eu l'occasion de fricoter avec son nez, que Lupa les aura déjà moissonnés.


Décidément, je n'arrivai à rien ! Connaître le nom d'une émotion n'expliquait pas comment celle-ci devait se manifester, ni comment l'éprouver. J'avais beau m'y employer, je finissais toujours par m'énerver ! La Flammèche et moi avions cela en commun, un rien nous faisait monter au créneau. Là encore, en la voyant tituber jusqu'à cette épave aux ailes froissées, immisçait en moi une incommensurable envie de meurtre. Franchement, qu'est-ce qu'elle avait avec ce gamin pour ainsi me brouter les ovaires ? Escomptait-elle le prendre sous son aile comme j'avais pu le faire avec elle ? Avait-elle ce besoin de dominer quelqu'un ? Après tout, si l'on se fiait à la puissance brute, cet avorton était pour la Flammèche, ce que la Flammèche était pour moi. J'étais également l'insecte sous le talon de Lupa, ainsi qu'elle l'était elle-même sous la botte de la Déesse de la Nature. Ceci n'était rien de moins que la chaîne alimentaire. En véritables matriochkas que nous étions, on pouvait nous imbriquer comme suit ; Xiris, Lupa, moi-même, Mayufu et ce miséreux. Ironiquement, c'était exactement notre situation actuelle... Je ne pouvais rien prétendre concernant la Divinité qui m'avait pelé comme un oignon, mais le monstre avait étendu sa présence sur l'ensemble de l'île, tandis que moi, je tapissai le périmètres par le biais de toutes ces ombres projetées. Nous étions effectivement l'une dans l'autre.

Le mystère des émotions demeurait cependant entier. Alors plutôt que de bucher sur un problème qui me semblait hors d'atteinte, j'entrepris de faire le vide dans mon esprit. Quand j'étais encore jeune sorcière, je ne trouvais l'inspiration que sur les pages vierges de mon grimoire. S'il existait une solution à ma situation, c'est par cette méthode que je la trouverais. J'occultai donc l'ensemble de mes échecs, puis mes méfaits, pour n'y laisser que la fille de Bhaal. Notre rencontre, nos échanges, l'évolution de notre relation. Je me concentrai uniquement sur ce point, convaincue que Mayufu était autant un miracle pour moi que je l'étais pour elle. Nous étions deux âmes en peine qui errions dans les ténèbres. Quand nous nous sommes trouvées, je ne vis d'abord en elle qu'un accessoire de plus à mon arsenal. Son potentiel me permit toutefois de viser plus haut. Dans notre folle entreprise de destruction, qui s'apparentait d'avantage à une vendetta dirigée contre le monde entier, j'appris à la connaître. Ce fut d'ailleurs sur un de ces épisodes en particulier que je décidai de m'attarder. Tandis qu'elle se découvrait de nouveaux pouvoirs, Mayufu embrasa son oeil gauche. J'avais le souvenir encore très nette de mon doigt en train de valser avec cette flammèche qui illuminait son regard au point de me rendre toute chose. J'étais si calme, si sereine...

En revenant dans l'instant présent, je vis clair dans le jeu de Lupa. Sa tronche cauchemardesque saturait le panorama en vue d'un assaut final. Encore enivrée par la plénitude que je venais de revivre, je n'éprouvai aucune peur. C'est alors que je ressentis le remous du sang, le vent dans les arbres, la chaleur de Mayufu, la pestilence de la Sirène, l'impuissance du gamin ainsi que la force insondable du monstre titanesque qui leur fonçait dessus. J'avais la sensation de pouvoir les saisir, leur montrer que j'étais toujours là. Alors c'était ça la clef ! Le fait d'intérioriser et de canaliser me permettait d'avoir l'entier contrôle sur ce que j'étais ? Était-il seulement possible que cela soit aussi simple ? Non, je ne devais pas raisonner comme ça. C'était encore le meilleur moyen de me planter, de plus, je sentais que mon calme commençait dangereusement à s'émousser. Le temps ne m'était plus permis, je devais agir sans délai !

Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Llll11

Encore quelques secondes, et le petit groupe sera à jamais rayé de la carte ! Les babines retroussées, la tête de Lupa, autrement dit la seule partie visible du monstre, s'en venait engloutir ses proies. D'aucuns la diraient immatérielle, donc sans danger pour les êtres physiques, mais qui s'oserait à vérifier cette hypothèse ? Et alors que la mâchoire bardée de dents acérées se trouvait à tout juste cent mètres de la friandise ailée, un mur d'ombre en partie translucide se dressa entre le prédateur et sa proie. Erinaë assistait à la scène depuis les restes d'un toit qui peinait à flotter dans cet épais liquide. Certaine de sa fin, la rôdeuse s'isola derrière ses paupières juste avant de se faire croquer. Mais le son d'une masse qui se cogne suivit d'une secousse, la contraignit à affronter le visuel qu'elle redoutait. Une paroi violacée dont la hauteur ne pouvait être estimée, était en train de faire barrage au monstre ! Erinaë crut d'abord à un énième jeu de Lupa qui se complaisait à tourmenter ses victimes lorsque celle-ci ne les dévorait point sur le champ. Une idée aussitôt balayée par l'apparition d'une silhouette brumeuse en surplomb de la fille du feu. La rôdeuse n'eut aucun mal à reconnaître Umar à la simple coupe de ses ailes démoniaques. Et bien qu'elle éprouvait toujours de la haine à l'égard de cette créature, la rôdeuse avait conscience que si quelque chose pouvait combattre Lupa, c'était bien elle. Refusant cependant de dépendre du bon vouloir de cette chimère, cette dernière se mit en quête de retrouver ses armes qui jonchaient très certainement la forêt dans laquelle elle s'était enfoncée, avant que sa métamorphose ne survienne.

Quand je parvins à m'extraire de cette dimension en proie à une certaine déliquescence, une part de moi refusa d'y croire. Jamais je n'aurais imaginé que la sérénité pouvait apporter tant de force. Mais maintenant que j'étais de retour dans le vrai monde, il était grand temps de songer à la retraite. Nous ne faisions pas le poids contre Lupa, je devais admettre mon impuissance. Ma fierté en prenait un sacré coup, mais entre ça ou se faire décapsuler, le choix ne se posait point ! Mon mur l'avait peut-être arrêté, mais elle n'en resterait pas là. Ce fut donc sans un mot que j'isolai la Flammèche dans une bulle d'ombre, broyai la Sirène comme une banane trop mûre, puis jetai le mioche dans cette même sphère, sans me préoccuper de savoir s'il allait atterrir dans ses bras ou culbuter la tête la première. J'ignorai l'archère qui sera bien forcée d'assumer son alliance bestiale, puis m'éloignai avec mon précieux chargement en direction de Limouria...

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Mayufu
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MessageSujet: Re: Tout Feu, Tout Flamme   Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Icon_minitime1Dim 23 Mai - 17:41

Sa colère et son impuissance pouvaient brasser autant d'énergie qu'ils le voulaient, la jeune fille ne serait à jamais incapable de s'en servir tant son corps, lui, ne pouvait plus la suivre. Elle désirait tant pousser encore et encore dans ses derniers retranchements mais, si elle faisait cela, c'était la mort qui lui ouvriraient les bras. Elle s’effondrerait, morte d’épuisement, pour finalement n'avoir rien fait à ce monstre qu'était Lupa. Néanmoins, elle tenta tout de même de donner suite à sa haine en jetant une boule de feu à la figure de cette dernière, peinant à viser correctement par de soudains vertiges la faisant tituber. Son enveloppe charnelle ne pouvant plus supporter, malgré la volonté de Mayufu de continuer à lutter. Persuadée que Lupa lui jouait un sale tour. Convaincue notamment que Umar n'était pas réellement morte. Elle ne saurait le dire pourquoi mais elle n'y croyait pas. Son amie ne se serait jamais comportée de la sorte dans un moment pareil. Elle n'aurait jamais baissé les bras. Elle était comme la Flammèche, luttant avec persistance contre le destin, sans arrêt. Jamais, ni elle, ni Mayufu, n'abandonneraient face à l'inéluctable. Trouvant toujours le moyens de le contourner d'une manière ou d'une autre.

Mais le destin qui était le siens vint toquer à la porte de son esprit afin de lui rappeler sa domination sur sa misérable existence. Lupa était inatteignable. Elle était à bout de force et, cette dernière, le sadisme à l'état pur, revêtit l'apparence d'Umar, une nouvelle fois. Même la voix de cette dernière était la même et reprise... Quand bien même tout cela pouvait être faux, Mayufu ne pouvait pas s'empêcher d'avoir une envie incommensurable d'aller la secourir. Mais ce fut les dents serrées, les yeux humides, le visage crispé, qu'elle se retenait par tout les moyens de faire le moindre pas dans sa direction. Ne parvenant pas à détourner le regard, elle supporta les cris. Même si manipulée, cela l'a faisait atrocement souffrir. L'illusion était parfaite. La jeune humaine se voyait déjà drapée d'une culpabilité qui lui serait difficilement possible à pardonner. Déjà que de s'être laissée duper était un crime envers celle qu'elle aimait, mais de faussement la blesser en était un tout autre qui allait la marquer fortement. Ses images se figeront à jamais dans sa mémoire. Occultant même la silhouette effroyable de la Déesse de la Nature lors de leur première rencontre avant de perdre la vie.

Se fit alors, au travers de la fumée dégagée par l'explosion, que la silhouette de la sorcière des ténèbres s'effondra, en partie craquelée et en cendre. Une partie d'elle s'envola au gré des courants d'air créée par la chaleur ambiante. Ses yeux, comme obnubilés par cette douleur qu'était cette scène, ne percevait même pas que la rôdeuse était revenue à elle. Mais lorsqu'un cri perçant surgit de nulle part, ne lui laissant encore moins la possibilité de revenir à elle pour réagir en conséquence au retour de la chasseuse, lui fit se plaquer les mains sur les oreilles. La forçant à se recroqueviller sur elle-même, perdant même l'équilibre. Le cri était si proche et si éloigné à la fois. Si aigu et profond qu'elle sentait tout son être vibrer contre cette intrusion. Basculant en arrière, se retrouvant les fesses sur le fond de sable, sa tête et ses épaules étaient les seuls à émerger dans ce paysage rougeoyant. Supportant tant bien que mal, priant pour que cela cesse le plus vite, la Flammèche tentait déjà de se ressaisir et se remettre debout. Tressaillant plusieurs fois, manquant de s'étaler de tout son long dans l'étendue d'hémoglobine. Qui pouvait bien faire une chose pareille ? Lupa ? Non. Surtout que, si cela venait à être l’œuvre de ce monstre, elle aurait usé de la voix d'Umar. Ca n'aurait aucuns sens au vu du sadisme dont elle faisait preuve depuis le départ. Puis, sans aucunes raisons, tout cessa. Un silence assourdissant s'installa...

Peinant à se relever, le visage plus pâle qu'à l’accoutumée, ses yeux marqués d'une profonde fatigue, injectés de sang et enveloppé d'un drap sombre, tout semblait s'être figé l'espace d'un instant. Observant ses alentours, elle repéra le garçon qu'elle avait tantôt sauvé à sa droite et, plus loin, face à elle, une silhouette nue émergea à la surface. L’épuisement était tel que son cerveau ne parvenait plus à suivre. Il avait simplement marqué ses deux présences et complètement éclipsé le changement de météo ou même la présence de Lupa dans les parages. Voûtée, le souffle coupé, Mayufu voyait bien que celle qui l'avait traquée jusqu'ici était tout autant perdue qu'elle-même. Mais au-delà du fait que celle-ci l'avait sauvée de la charge du monstre tout à l'heure, la Flammèche ne se voyait pas pour autant l'approcher en étant dans une telle faiblesse. Elle désirait sa mort, tout autant que celle de Lupa, pour s'en être prise à sa chère et tendre. Du coup, remarquant qu'elle n'agirait pas contre elle de suite, la noiraude détourna son regard vers le jeune homme. Ni une ni deux, sans réfléchir, elle se dirigea dans sa direction. Pourquoi persistait-elle à le sortir de là ? Elle n'en avait aucunes idées mais sa présence ici, ce cri, cela devait venir de lui. De plus, dans l'impossibilité de répondre à cette question, cette silhouette ne cessait d'évoquer quelque chose au fond d'elle. Non pas quelque chose de sentimental ou d’émotionnel, mais comme d'un souvenirs, un déjà vu. Mais rien de tel ne s'était jamais passé. Lui compliquant la compréhension de l'instant présent et d'une telle insistance à son encontre. Délaissant la rôdeuse à son sort, la Flammèche s’enfonçait dans le sang qui, désormais, ne montait plus.

Il fallu qu'un son sourd et grave la fasse revenir à la réalité et enfin remarquer qu'il avait cessé de pleuvoir. Tendant les mains devant elle, à moitié enfoncée dans le cruor, la surface du liquide étant devenue calme, fut soudainement parcouru d'onde frappant à sa surface. Le regard figé sur la chose qui tenait ce garçon, qui avait cessé de se mouvoir, un frisson glacial parcouru le dos de la jeune fille malgré la chaleur dans laquelle elle était plongée. Doucement, elle se retourna et à mi-parcours, elle regretta de l'avoir fait. Une tête immense leur fonçait dessus. Toutes dents dehors. Depuis quand avait-elle prit une telle taille cette ordure ?! Impuissante, ne trouvant pas quoi faire face à une telle force de la nature, la jeune fille lui fit face. Mais son corps, emplit d'un instinct de survie qui lui était propre, lui fit faire quelques pas en arrière avant de trébucher. S'enfonçant dans l'eau. Son esprit et son corps étant complètement désynchronisé, Mayufu bu la tasse, n'étant pas prête à se retrouver noyée de la sorte. Ses pieds retrouvant le plat du fond, la propulsèrent à la surface pour à nouveau faire face à cette tête de loup géante.

Quand bien même elle désirait balancer tout ce qui lui restait de force, aussi inutile que cela aurait été, tout son corps n'y arrivait désormais plus. Le moindre mouvement lui coûtait cher. Pestant intérieurement contre ce destin qu'elle haïssait tant, elle ne se voilerai pas les yeux face à ce monstre. Elle ne lui montrerait pas qu'elle avait posé un genou à terre. Sa fierté en prenait des coups à répétition depuis un certains temps mais elle se refusa de s'abaisser à se montrer faible. Si physiquement elle ne pouvait plus suivre le rythme, son mental, lui, même au moral le plus bas, la faisait se tenir droite. Son regard emplit de haine à l'encontre de Lupa. Elle voulu hurler, elle voulu frapper, elle ne cessait de croire en la survie de son amour, elle cria même son nom, de toutes les forces qui lui restait encore, envoyant toute sa colère dans ce ciel plongé dans une obscurité si effrayante et apaisante à la fois. Sentant cette masse meurtrière se rapprocher, le sol trembler sous ses pieds, le souffle de cette chose et sa puissance qui balayait les lieux, la jeune  fille se refit la promesse solennelle de devenir le cauchemars de cette Lupa. D'être celle qui la tuerait. D'être celle qui la hanterait à jamais. Elle était une fille de Bhaal ! Peu importe s'il n'existait pas dans ce monde et qu'elle l'avait renié mais, de par ce sang souillé qui parcourait ses veines, elle se devait d'être à la hauteur de ce pour quoi elle était vivante ! Elle rejeta son destin mais l'essence même de ce funeste dieu l’avait toujours accompagnée et elle comptait bien, pour une dernière fois, noyer l'existence d'une personne dedans et ce serait Lupa ! Comptant bien, après cette ultime acte, se ranger dans les rangs de Xiris, Mayufu se devait de trouver un moyens de mettre un terme à ce combat pour sceller son passé et enfin pouvoir avancer. Néanmoins, aussi forte était sa volonté, sa force, elle, était insignifiante. La vue de ce qui se passait devant elle ne fit qu'enfoncer le clou davantage.

Mais il fallu qu'une seconde s'écoule pour qu'un immense mur violacé apparaisse entre elle et Lupa, l'arrêtant nette dans son avancée mortuaire. Le choc fut si violent que le tremblement au sol la fit tomber en arrière. Sortant la tête à la surface, se relevant, désemparée par les événements, elle sentit une présence au-dessus d'elle. Levant les yeux, une masse brumeuse était en train d'apparaître. Il ne fallu rien de plus pour que la Flammèche reconnaisse cette dernière. De plus, ce mur, elle en avait déjà vu un similaire par le passé, devant la grotte dans les montagnes ! Ce même mur avait stoppé et immobilisé Lupa un certains temps après avoir été assommée sans être prévenue au préalable. Il n'y avait aucuns doutes sur qui était l'auteur de ce dernier !

- Umar....

Au fond d'elle, elle avait toujours été convaincue que la Sorcière des Ombres n'était pas partie malgré les horreurs que lui faisait subir le monstre. Même aux portes de la mort, elle ne s'était pas laissée prendre au jeu, même si elle souffrait des illusions et autres tours de passe-passe de cette dernière. Quelque chose lui faisait sentir sa présence, partout et nulle part à la fois. Mais à peine pu t'elle la voir réapparaître complètement qu'une bulle d'ombre se referma autour d'elle. L'isolant complètement du danger extérieur. Elle pu percevoir d'une embouchure, avant qu'elle ne se referme, la créature tenant le garçon se faire broyer et réduire en à tas de chair sanguinolente. Tout s’enchaînait si vite qu'elle commençait à craindre le pire. Umar n'était-elle quand même pas en train de l'écarter d'une mort certaine et mourir à sa place ? Non ? Elle n'allait quand même pas faire une telle chose après être revenue ! Les mains plaquées contre la paroi d'ombre, elle voulu frapper pour s'en libérer et ne pas la laisser seule sauf que, au premier coup donner, ce fut tout autre chose qui se produisit. Une masse lui fit jetée à la figure. D'abord elle vit flou à l'impact, ne pu s’accrocher à rien pour garder l'équilibre et bascula en arrière. Tombant lourdement sur ses fesses, elle venait de servir de matelas à ce qu'elle reconnu être le jeune homme roux aux prises avec cette chose que Umar semblait avoir broyée pour le sortir de là. Sur le coup, intérieurement, elle remercia  son amie de l'avoir aidé mais au fond, mais la jeune fille ne savait toujours pas définir pourquoi elle souhaitait le sortir de là.

- Heureusement que t'es pas lourd... Lâcha t'elle premièrement dans un soupire, reprenant sa respiration après ce choc soudains. Saisissant le jeune homme par les mains pour le relever en même temps qu'elle. Je suis désolée... j'aurai voulu t'aider plus tôt...

Prise de vertiges, Mayufu se mit assisse, appuyant son dos sur la paroi arrondie de la sphère d'ombre dans laquelle ils se trouvaient tous les deux. Elle sentit que cette dernière avait prit de la hauteur et se déplaçait et, d'un coup d’œil à sa droite, elle perçu son amie à travers le voile ténébreux. Au-devant d'eux, semblant vouloir  se diriger vers Limouria. Mais l'obscurité totale l'empêchait d'y distinguer quoi que ce soit et ce filtre ne facilitait rien à ses yeux. Mais elle voyait clairement Umar qui les tractaient, les éloignant de cette folle sadique. Tendant une main dans sa direction dans l'intention d'au moins essayer de saisir la sienne, elle ne fit que s'appuyer contre la paroi, son regard perdu dans le vide. À nouveau confrontée à une situation qui se dressait contre elle, même si celle-ci la protégeait plus qu'autre chose, vu qu'elle voulait se blottir dans ses bras pour oublier ce monde, la jeune fille se confronta à une vague intérieure qui prenait de l'ampleur pour finalement s'écraser de toutes ses forces contre ses dernières forces mentales. Prenant une grande inspiration, elle tenta d'au moins lui exprimer ses excuses de s'être laissée tromper. D'au moins lui dire combiens elle était heureuse qu'elle soit là.

- Umar... je suis si... contente... mais... Je suis désolée... d'avoir été si...

Sa voix nouée emplie de culpabilité, lui donnait du fil à retordre pour parler et ses genoux flanchèrent sous son poids. Les mains appuyées sur le mur d'ombre, la Flammèche s'éteignit momentanément dans une crise complète. L'impuissance. La volonté de survivre. L'horreur d'avoir cru perdre son amour et toutes les diverses émotions ressenties jusque là, depuis l'arrivée de Xiris, ne pouvaient plus rester tapies au fond d'elle. Quand bien même elle n'osa que discrètement jeter un œil à ce qui se passait derrière elle, au sol, elle était incapable de savoir si Lupa était là ou si la rôdeuse pointait une flèche dans leur direction. Ses yeux la brûlaient, envahit par un flot de larme, accompagné d'une respiration saccadée et d'un corps secoué de spasmes. Plongeant son visage dans ses mains, elle ne désirait que se retrouver seule. Se refermant sur elle-même, si soulagée de voir son amie vivante, elle peinait à maintenir ses émotions en bloc. Tout n'était que chaos au fond d'elle, tous ses regrets et ses envies s’entrechoquaient les uns contre les autres. Elle voulait dire mille chose à la fois mais n'y arrivait pas, manquant d'air et d'énergie pour le faire. Elle voulait briser la paroi de cette bulle pour saisir son amie dans ses bras. Elle voulait effacer les moments où elle s'était faite avoir par les illusions de Lupa. Elle aurait voulu venir en aide à ce garçon plus vite. Aussi loin qu'elle pouvait aller, elle aurait voulu n'avoir jamais croisé la route de ce satané monstre dans ce village paumé au fond des bois.

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Elvin
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MessageSujet: Re: Tout Feu, Tout Flamme   Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Icon_minitime1Mer 11 Aoû - 14:14

Les yeux vides, les pensées ailleurs, hors du monde. Sans doute aurais-je dû avoir honte d'abandonner ainsi le monde qui m'entourait. Un autre moi se serait sans doute relevé pour lutter contre ce qui se passait, briser ses liens pour partir au secours de ceux qui en avaient besoin. Mais ce n'était pas qui j'étais dans l'heure actuelle. Le moi d'alors avait l'esprit trop brisé pour cela. Il n'y avait que le vague, le silence qui s'installait dans mon esprit, comme si je cessais d'habiter mon corps. Comme si... à vrai dire, je ne sais même pas s'il restait quelque chose à comparer. Cet instant reste un blanc dans ma mémoire, non pas car une action inconnue me l'a retiré de l'esprit, mais plus car mon esprit lui-même a décidé de faire sécession. Je n'ai pas le sentiment d'avoir vécu cet instant. Je ne perçus pas la fin de la pluie, je ne perçus pas la chaleur du feu, je ne perçus même pas que le danger n'avait pas été écarté, et tant mieux en un sens car je ne pense pas que mon cœur aurait pu y survivre. Je ne sais même pas comment il a pu survivre jusqu'à présent. Que l'on se rende compte, mes plus anciens souvenirs remontaient à peine à moins d'une heure et j'avais déjà risqué ma vie plusieurs fois et été confronté de près à une panoplie presque exhaustive de toutes mes plus grandes peurs. ...Mais peut-être que c'est quelque chose que je me dis à moi-même pour justifier mes propres faiblesses. Peut-être que c'est juste quelque chose que je me dis parce que je ne me veux pas me retrouver confronté au vrai problème : je ne suis pas à la hauteur. Mais alors, qu'étais-je seulement censé faire ? Je ne sais pas ! J'avais essayé. Je le jure, j'avais essayé. Qu'étais-je donc censé faire alors que tout ce que j'avais fait avait échoué ? Dans ce jeu de géants, je n'étais qu'une poussière. Je m'étais refusé à la voir jusqu'à présent, mais même mes humbles efforts, mes efforts "à mon niveau" me disais-je, avaient été inutiles. Je ne sais pas, moi ! Je ne suis pas mieux qu'un autre ! Comme pouvais-je seulement être à la hauteur de la situation ?! ...mais là encore, je ne faisais que me plaindre. Et mes plaintes, douloureusement, étaient vaines.

Être sali, être tiré, être jeté, m'effondrer. Non, la première chose que je perçus à nouveau fut une voix douce lâchée avec un soupir. Soudain îlot de paix dans la frénésie extérieure, soudain îlot de conscience à travers les voiles de mon esprit. J'étais sur elle. J'espérais que je ne lui faisais pas mal. Je voulus me lever, ne pas continuer à l'écraser, je ne voulais pas qu'elle souffre. Mais je ne réussis pas. Mes mains, mes bras, tout mon corps tremblait. Je voulais mais n'avais plus de force. Mais je ne souhaitais pas être un poids. Ses doigts saisirent les miens, faiblement. J'essayai de me relever mais c'était plus fort que moi. C'est comme si une vibration avait pris racine au centre de mon torse et dardait des vagues et des vagues toujours aussi fortes, les unes après les autres, sans me permettre de reprendre mon souffle. J'étouffais. Je ne tenais pas debout. J'étais désolé d'être aussi misérable. Je voulus m'excuser mais ma gorge peinait déjà à respirer. Ma voix n'arrivait pas à franchir la barrière de mon larynx et mourrait sans même avoir pu avoir eu le temps de prendre un timbre. J'étais impuissant. Mes yeux s'envahirent de larmes et je ne pus les retenir. C'était le contre-coup. Tout ce que j'avais vécu, cette heure, ressortait. Pourtant, moi, je ne voulais pas pleurer. Je ne voulais pas qu'elle s'inquiète pour moi. Je voulais qu'elle reste forte. Je voulais qu'elle accomplisse ses objectifs dans la vie et qu'elle soit heureuse. Je tentais de lui dire mais ça ne servait à rien. Alors, je lui fis juste mon plus beau sourire. Je ne promets pas qu'il était très beau mais je le souhaitais le plus rassurant, et chaleureux aussi. Le pauvre, il devait sans doute être tout serré, distordu, mais qui sait ? peut-être qu'avec l'ombre, elle ne le verrait pas. Elle n'en prendrait que l'émotion, le courage, et elle en ressortirait grandie. J'aurais l'impression d'avoir fait quelque chose alors. Pour elle. Pour elles. Ah... je tremblais tellement que j'en avais mal. J'espérai que cela allait s'arrêter bientôt.

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MessageSujet: Re: Tout Feu, Tout Flamme   Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Icon_minitime1Mar 9 Nov - 14:20

Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Erina10

Partie 1/2 :

La pluie et les éclairs avaient cessé, mais après que Umar eut sauvé son acolyte de l'immense gueule du monstre, Erinaë, désormais livrée à son sort, progressa tant bien que mal dans cette gâtine cauchemardesque où chacun de ses pas l'engluait avec toujours plus d'emprise. À l'orée de la sylve qui gardait jalousement ses armes et ce qui restait de ses vêtements, la rôdeuse se prit à songer ainsi qu'à reconsidérer sa première idée. Si la puissante sorcière des ténèbres guerroyant le feu au poing ne pouvait sortir victorieuse d'une telle rencontre, que lui restait-il comme option ? Et comme pour ajouter à son malheur, ses souvenirs tendaient à se dérober à sa conscience. Pour une raison qui lui échappait encore, de tout ce qu'elle avait pu dire ou accomplir précédant l'intervention de Seldarine, ne subsistait que quelques bribes... D'un côté il y avait le village échappant de peu à un embrasement, et de l'autre, son éveil sur cette plage de sang. Seul frein aux assauts de Guislan ; les vestiges navrantes de sa métamorphose ! Et alors que la Démone s'évanouissait dans les cieux obscurcis, Erinaë perdit le rythme de sa marche. Tel l'insecte piégé par la sève, la rôdeuse se débattit. La gravité l'appelait en tout sens ! quand finalement, ses genoux fléchirent... la forçant à basculer vers l'arrière. Le rocher que la malheureuse venait de contourner s'apprêtait à recevoir l'arrière de son crâne contre son versant, ce qui ne manqua point de rappeler à cette dernière un évènement similaire survenu trente ans plus tôt.

En réalité, Erinaë ne se souvenait que compendieusement de sa chute. Les images ayant résisté à l'épreuve du temps affichaient un grand arbre qu'elle nommerait aujourd'hui ; sapin d'eau. Un point blanchâtre s'articulait sur son milieu, elle s'entendait encore dire "Attends-moi !". Puis la peur l'assaillit. En dépit des protestations de la silhouette qui s'évertuait à la rejoindre, la petite s'entêta jusqu'à ce que le vertige ne la tétanise complètement. Incapable d'assurer sa prise, ses doigts se décrochèrent de l'écorce une fraction de seconde avant que son modèle ne puisse l'attraper. Happée par le vide, Erinaë n'oubliera jamais le regard terrorisé d'Emy alors qu'elle tendait une main impuissante dans sa direction. Peut-être avait-elle aussi hurlé, bien que cela demeurait une incertitude. En tombant, sa tête heurta violemment la roche, l'entraînant dans les méandres aveugles de son inconscience. Contrairement à ce qui fut la cause de son traumatisme, le parcours onirique qui s'en suivit devint indélébile.

Une fois plongée dans cet étrange cosmos, la petite Erinaë alors âgée d'à peine cinq ans fit face à une immense forêt, les arbres qui la peuplaient étaient si hauts que leur cime se perdait dans les nuages. Un craquement improviste finit toutefois par attirer son attention vers le sol. Et là où d'autres auraient hurler à s'en rompre les cordes vocales, la fillette contempla la créature dans un profond silence. En revanche l'ours, ne se priva guère de pousser son plus puissant grognement ! L'ombre de la bête noyait l'enfant dans l'obscurité, pour autant, celle-ci n'éprouvait aucune peur, pas plus que de sympathie d'ailleurs. Non, il s'agissait là d'une simple conversation. Bien que cacophonique au début, Erinaë parvint à comprendre le message de l'ursidé. Dans le monde des hommes il grondait avec férocité, mais en ce lieu spirituel ; il suppliait la jeune fille de le libérer. Ses yeux noirs et brillants absorbaient son regard perdu avec une force aussi manifeste que le gouffre insondable d'un ravin. Il n'y avait ni voix, ni mots dans ses suppliques, juste des chuchotements. Dès lors, la fillette comprit la manière dont il fallait s'y prendre pour communiquer avec l'animal. Ou devrait-on plutôt dire ; communier avec lui. Au coeur de cette contrée aux semblances illusoires, l'esprit seul importait. Par ailleurs, Erinaë ne comprendra que plus tard toute la subtilité que revêtait cette dimension.

L'ours ne cessait de répéter qu'il était prisonnier de cette forêt, qu'on l'y avait enfermé ! La fillette avait beau compatir au désarroi de la bête, elle ne voyait pas ce qu'elle pouvait faire. Lui était si fort et massif, et elle si faible et fragile, comment... ? Malgré la crainte que l'enfant ne disparaisse de la même façon qu'elle était apparue, l'animal s'apaisa. Ce dernier alla jusqu'à instaurer un climat de confiance en se nommant. Peluche avait susurré l'ursidé... Drôle de nom pour une créature aussi majestueuse, pensa Erinaë. Mais Peluche ne mit pas longtemps à revenir sur le sujet qui le préoccupait, à savoir ; sa libération ! Il disait être son alter-égo, que l'un ne pouvait exister sans l'autre. Bien entendu, la jeune fille ne comprit rien à ses histoires, et commença à manifester quelques impatiences à l'écouter. Plus l'ours persévérait, plus la colère prenait place dans son coeur. La fillette était certes jeune, elle ne supportait guère le mensonge ! Et quand la pression fut trop forte, Erinaë se laissa aller à des cris : "Assez !! je ne veux plus rien entendre !" une vocifération que psalmodiait sa maman lorsque papa cherchait à expliquer ses bêtises. "J'ai peur du noir ! j'ai peur du vide ! j'ai peur du vent ! et j'ai peur d'être seule dans les bois ! TOI, tu n'as peur de rien !" Par ces mots, l'enfant voulait faire comprendre à Peluche qu'ils n'avaient absolument rien en commun. S'allongeant sous le poids de sa honte, l'animal lui confia craindre la vue du sang. Perplexe, voir outrée, Erinaë ne put rien lâcher d'autres qu'un : "Quoi ?!!". L'ours lui expliqua que sa crainte du noir, du vide, du vent et de errer seule dans la sylve finirait par s'éteindre, tandis que celle du sang l'accompagnerait tout sa vie. Un peu comme lui en somme, si bien sûr elle se résignait à l'accepter.

Peluche finit par lui confier être son guide spirituel. Erinaë apprendra alors que les animaux avaient deux phases d'existence, celle du monde des hommes, et celui des esprits. Avant que la fièvre de la création ne l'emporte, Xiris fit don de ce monde à la faune d'Astrune. Au cours de cet ère, la Nature, nom originel définissant ce cosmos, était vierge de toute frontière. Le lapin pouvait donc communiquer avec le loup, mais quand les Elfes naquirent, les animaux s'évérèrent trop sociables et intelligents pour permettre à la nouvelle espèce de survivre. Xiris dut alors isoler chacune de ses créations pour céder la place, le monde sauvage était né. Néanmoins informée du mal-être dont souffrait sa soeur Céleste en lien avec cet évènement, la Déesse Elfique permit à certains élus d'être rattachés à un animal qui aurait pour rôle de les guider dans la Nature. Se faisant, nombre d'Elfes, Demi-Elfes et en de rares cas, Impures, furent en mesure de comprendre le langage des animaux, et non pas d'une espèce en particulier, de TOUS les animaux. Ce fut le cadeau de la Divinité Elfique pour Xiris.

Quatre jours après sa chute, Erinaë émergea du coma. Désormais en symbiose avec Peluche, elle jura de se dévouer corps et âme à la Nature, elle comptait même en faire sa profession. Dans l'heure qui suivit son éveil, la petite faussa compagnie à ses parents pour s'en aller retrouver Emy qui résidait chez la défunte Cléomène. Mais il était trop tard, l'Impure était déjà partie... Sa mère expliqua que celle-ci l'avait veillé deux jours durant, et que malgré les buissons qu'elle avait fait pousser pour pallier à l'accident et des soins prodigués une fois à son chevet, elle n'était parvenue à la secourir. Nul ne l'avait tenu pour responsable, mais en partie fragilisée par le décès de celle qui l'avait accueilli, Emy se chargea seule d'une culpabilité qu'elle ne pouvait porter. La fuite devint alors sa seule option. Peut-être que son voyage effacerait l'incident de sa mémoire, ou qu'il lui ferait comprendre qu'elle n'y pouvait rien. Erinaë aurait voulu se lancer à sa poursuite, mais elle se savait incapable de la pister, ni même d'endurer une telle marche. Alors, tout en nourrissant l'espoir de la revoir un jour, la future rôdeuse s'appliqua avec assiduité à suivre les enseignements de son alter-égo.

Ce fut avec un pincement au coeur que la rôdeuse fit son retour dans le chaos. Car les retrouvailles avec Emy trois décennies plus tard furent peut-être réjouissantes sur le moment, mais au cours de l'année qui suivit, l'Impure marqua une certaine distance avec elle. Oh bien sûr, elle s'en voulait encore de ne pas être parvenue à lui épargner le coma, mais ce n'était plus le fond du problème. Erinaë était désormais une adulte, Emy n'étant point restée pour voir le village grandir, n'était désormais plus capable de l'apprécier comme la petite fille d'autrefois. La rôdeuse appartenait à un monde que l'Impure s'évertuait à fuir, aussi décida t-elle de ne plus l'aborder en dehors de son devoir de rôdeuse.

Mue par un instinct conservateur, la jeune femme plissa des yeux juste avant que l'arrière de sa tête ne heurte la pierre. Le choc fut si violent que ses souvenirs se superposèrent l'espace d'un instant. La brume finit par envahir ses sens, et comme si elle était enchaînée au fond de l'océan, une pression incommensurable lui comprima le crâne. La douleur lancinante abreuvée par les pulsations de son coeur tendait à rendre ses paupières plus lourdes que le plomb. Mais à force de persévérance, le voile put être levé. Pensant alors redécouvrir le décor ravagé qu'elle venait de quitter, Erinaë se laissa surprendre par trois visages penchés juste au-dessus d'elle. Elle voulut parler, sans succès... par contre elle pouvait s'entendre, dans son esprit. "Qui sont ces personnes ? pourquoi me regardez-vous comme cela ?" Le son des mots qu'elle s'entendait penser était calme et doux, presque mélancolique. "Je n'arrive pas à m'exprimer, aidez-moi s'il vous plait !". Aucune réaction, pas même un haussement de sourcil... "Qui êtes-vous ? et... où suis-je ?". L'architecture de la pièce était curieuse, et ce plafond en dôme tapissé de lianes n'était pas quelque chose que la rôdeuse avait l'habitude de contempler. Puis un de ces gens décida de plonger ses mains en direction de l'impotente. Cela n'avait rien d'un geste d'analyse, genre s'assurer d'une possible fièvre. Non ! ses deux énormes paumes prolongées chacune de cinq doigts se ruaient littéralement sur elle ! "Eloignez vos sales pattes ! ne me touchez pas !". S'insurgea la malheureuse incapable de s'en défendre. "Que... quoi, mais que se passe t-il... ?". Ignorant tout du sort qui s'abattait sur elle, Erinaë fut forcée de se rendre à l'évidence. Une toute petite échelle d'elle-même se retrouva lovée dans les bras d'un inconnu aux longs cheveux. "Mais qui suis-je ?!!". Et c'est là qu'elle les aperçut, de minuscules menottes avaient remplacé ses mains. "Je suis morte et réincarnée ? je rêve ?". La panique s'installa peu à peu en son sein, plus encore lorsqu'ils se mirent à discuter.

"Le Conseil a parlé, elle ne vous appartient plus !". De qui parlait-il, d'elle ? si oui, à qui devait-elle cesser d'appartenir ? Si toutefois l'on pouvait parler d'un bébé en ces termes. Un gazouillis s'échappa finalement de sa gorge, à cet entente, son coeur chavira... car désormais, Erinaë était convaincue d'être ce nourrisson. Un passé occulté à l'évidence, ou trop jeune pour en garder le souvenir. Toujours est-il que la rôdeuse revivait ce moment... "Qui est cette femme dans le coin, elle pleure... mais ne ressemble pas à ma mère". Quand soudain, un détail ! C'étaient des Elfes ! De vrais Elfes de Lalwende... Naturellement, elle voulut effleurer ses oreilles, hélas, son corps refusait de lui obéir. Tout s'était déjà passé, il n'y avait aucune interaction possible. "Vous êtes immonde et lâche, faire ça à votre Reine est indigne du rang que vous occupez !". Gronda une demoiselle à la chevelure turquoise. "Tenez la en respect, "votre Majesté", si vous ne souhaitez point la voir, elle aussi, se faire évincer de votre cercle social !". Quoi ? Il s'agissait de la Reine, la Reine Iriana ? Et son enfant serait moi ? c'est impossible ! "Thrilie s'il vous plait, plus un mot.". Thrilie ? Celle-là même qui avait sauvé le village de l'embrasement ? "Parfait, alors écoutez bien, car à partir de ce soir, il ne sera plus jamais question d'en parler !". La femme blonde qu'elle supposait être la Reine se leva dans la foulée, puis hasarda son regard plein d'amour sur son enfant. "Permettez-moi de la tenir une dernière fois... ?". Se pouvait-il qu'un monarque puisse en venir à implorer ses subalternes ? "Surement pas, nous avons déjà pris trop de retard. À présent faites les entrer !". Papa... Maman... "Apolline et Octavio, la nouvelle famille de votre petite.". Comment ça, vous n'êtes... "Les négociations ont été longues et fastidieuses, mais elles ont fini par aboutir. La sécurité de votre fille est assurée.". La Dame semblait se moquer de ses promesses, tout ce qu'elle voulait, c'était récupérer son bébé. Alors elle tenta une ultime approche... "Donnez-lui au moins cette peluche !". Malheureusement, l'homme demeura inflexible. "Plus rien ne doit vous unir !". Ce qu'il ignorait, c'est que c'était déjà fait, Peluche était devenu son guide spirituel, et cette ordure ne payait rien pour attendre !

Ce fut la dernière fois qu'elle vit le visage de la Reine. À partir de là, Erinaë s'entendit hurler à pleins poumons tout au long de son enlèvement. Les cinq membres qui composaient l'escouade s'enfoncèrent dans la forêt, l'homme aux longs cheveux, un jeunot aux allures d'écuyer, ses deux tuteurs et Thrilie. Plus ils avançaient, plus sa vue se brouillait, comme si l'envoutement lui permettant de revivre ce funeste moment était sur le point de prendre fin. Et juste avant qu'il n'expire, la rôdeuse distingua une paire d'yeux rougeoyants fendre les ténèbres. Puis ce fut le noir complet, seul persistait l'écho de cette femme qui prétendra plus tard être sa mère... "Matrone Umrïa je présume, vous pouvez nous assurer qu'il n'y aura plus rien d'Elfique en elle ?"...

Par chance ou par sadisme, cela dépendait de quel point de vue on se plaçait, Erinaë revint à elle deux minutes plus tard. Et bien que ses yeux lui donnaient l'impression de se croiser de part leur difficulté à faire la mise au point, la rôdeuse s'appuya sur un bras pour se relever. La main droite plaquée contre sa nuque, elle se mit en quête d'une éventuelle plaie ouverte. Elle tâtonna, palpa, frotta, mais en dehors d'une vilaine bosse, la rôdeuse ne trouva rien de sérieux. Celle-ci reprit donc sa marche jusqu'à ne plus être engluée par le marécage. La terre inondée par le plasma clapotait sous ses pas à la fois lourds et maladroits. Chaque arbre, chaque branche, chaque appui étaient bienvenus pour ne pas finir le visage dans la boue. Erinaë s'en sortait plutôt bien, mais un hurlement très caractéristique lui glaça aussitôt le sang, si bien qu'il se figea dans ses veines ! Son corps se tétanisa, incitant ainsi son hématophobie à revenir au galop. Or, pas question pour elle de faire une crise de panique maintenant, alors elle chercha un bruit, une lueur, un souffle, n'importe quoi qui lui permettrait de focaliser son attention. Et curieusement, ce fut en ne trouvant rien qu'elle entrevit la solution.

Avec tout ceci, la rôdeuse en avait presque oublié son lien avec la Nature. Si seulement elle avait pris le temps de l'exploiter avant de se laisser dépasser par les évènements, peut-être aurait-elle pu agir en conséquence ! Malgré le fait qu'elle était rattachée aux Collines d'Umar, jamais encore Erinaë n'arpenta une zone dépourvue du moindre animal, y compris dans le giron des terres maudites où les morts marchaient. La Nature lui permettait d'avoir une connexion avec chacune des créations de Xiris où qu'elle se trouvait, de la souris à la hulotte, la jeune femme n'avait aucun mal à les reconnaître, les localiser, voir même, interagir avec eux. Mais ici, le silence régnait... pas le plus petit oiseau, ni d'insecte qui crapahute. Aucune créature, niet ! La seule explication logique à ce mystère résiderait dans le fait qu'elle ait perdu son don, ou qu'une force lui en bloquait l'accès. Fallait-il cependant y croire ? Ce serait plus rassurant que l'inconnu certes, et surtout réversible. Seulement, en tant que rôdeuse accomplie, il était de son devoir de faire face au pire. Parmi tous les scénarios catastrophes possibles, quels étaient ceux qui remplissaient les critères tout en laissant la possibilité de combattre ? Un autre hurlement balaya la zone, forçant Erinaë à changer de stratégie. À savoir que s'il lui était interdit de comprendre ce qui se tramait sur cette île, une entrevue avec le monstre était à prévoir !

Ses armes ne lui seraient d'aucun secours, pas plus que ses charpies détrempées ne la protégeraient. Si la rôdeuse ne souhaitait point se faire cueillir, elle allait devoir prendre les devants, rassembler ce qu'il lui restait de courage, et affronter la créature sur son propre terrain. Faisant fi des vertiges qui la faisaient tanguer, Erinaë s'assit en tailleur, ferma les yeux, expira, et entra dans la Nature. C'était comme passer une porte pour aller d'un monde à l'autre. Cela pourrait ne rien donner, mais on ne prenait pas la forme d'un loup pour un simple effet de style. Ce monstre sanguinaire obéissait à ses plus bas instincts, mais il n'en demeurait pas moins un animal ! Au coeur de la Nature, ce dernier n'aurait d'autres choix que de lui montrer son vrai visage.

D'abord elle crut à de la brume dans la nuit, mais le monde de la bête était aussi vide et noir que pouvait l'être son coeur. Son cosmos était si sombre et oppressant qu'il devenait irrévérencieux de l'appeler par son vrai nom. Erinaë devait trouver la version spirituelle de la créature avant que son corps ne se fasse déchiqueter dans le réel. Aussi s'enfonça t-elle dans la nébuleuse étranglée par la crainte de ce qu'elle risquait d'y découvrir...

Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Um12

La Flammèche et son fardeau étaient littéralement coupés du monde extérieur, exception faite d'Umar. La sorcière des ténèbres entendait tout ce qui se disait, mais elle n'en retira que colère ! Où était la Mayufu qu'elle connaissait, qui était donc cette loque ? Il était une chose que d'adopter, encore fallait-il que l'adoption en question ait une sincère utilité. Qu'avait-elle donc à se répandre en excuses devant ce morveux ? D'un côté il y avait la Démone qui n'avait cessé de lui sauver la vie, et de l'autre cet espèce de mix entremêlant Fée et clochard qui passait son temps à geindre sans même apporter une goutte à son moulin. Comment pouvait-elle en ce cas présent, les traiter à l'identique ? Je m'excuse d'avoir été si nulle, pour Umar, et ; je m'excuse d'être encore trop nulle, pour le gosse. En résumé c'était ça, la Flammèche n'était plus guère capable de les dissocier, les deux se valaient quoi... Triste monde que celui-ci. Cependant, l'heure était à la fuite, aussi se promit-elle d'y revenir plus tard.

Pourquoi Limouria demeurait-elle invisible ? J'étais pourtant certaine de voler dans sa direction. Le vide sidérale et rien d'autre... Hmm... pourquoi fallait-il toujours qu'elle m'exaspère avec autant de ferveur. J'aurais apprécié la rassurer, vraiment ! Mais me savoir au même niveau que ce déchet m'en avait brisé l'envie. Assez ! m'écriai-je. Je devais me concentrer sur la situation présente. La nuit faisait son grand retour, et avec elle deux hurlements se succédèrent. La chose n'en n'avait pas encore terminé, et comptait bien nous le faire savoir. Puis le vent cessa de fouetter ma chevelure ! Etrange, je venais de presser mon allure, alors à moins qu'une tempête ne fasse rage depuis mon dos, cette soudaine absence n'avait pas lieu d'être. J'allai jusqu'à m'aider des ombres pour me donner une petite poussée, en vain. Pas la moindre brise... plus grave encore, je perdis de l'altitude ! Je fis alors demi-tour pour ne point devenir une cible, quand d'un coup ! toute la vitesse que j'avais engrangé me propulsa avec une force inouïe en direction du sol. Je me stabilisai aussitôt, mais la sensation éprouvée fut toute de même curieuse. Estimant que le monstre s'était suffisamment joué de nous avant son ultime attaque, je l'écartai de l'équation. Sa puissante magie nous avait très certainement emprisonnée dans son arène. Or, si s'était le même genre de chose que j'étais capable de faire, alors le seul moyen de s'en sortir était de le tuer. Quitte à crever, autant mettre tout le monde à contribution ! Je retraçai donc mon visage sur la paroi interne de la sphère qui les protégeait, et m'exprimai en son travers.

- Dites, si vous avez quelque idée pour abattre cette barbaque, c'est le moment ou jamais. Car nous ne pourrons pas sortir d'ici tant qu'elle respirera !

Bien entendu, je réfléchissais de mon côté, car j'allais très certainement devoir oeuvrer sur tous les angles, une fois de plus... En procédant par élimination, je ne parvenais guère à lui trouver le semblant de cette chose que l'on caractérisait ironiquement de ; point faible. La créature avait accès aux ténèbres, à mon instar, pouvait se jouer de la peur de ses victimes en les illustrant, et ne pouvait être blessée. Personnellement, je n'entrevis aucune solution profitable pour nous. Allais-je avoir recours au suicide collectif pour la satisfaction de lui ôter le pain de la gueule ?

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Mayufu
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MessageSujet: Re: Tout Feu, Tout Flamme   Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Icon_minitime1Sam 13 Nov - 19:00

Le souffle court, saccadé par des hoquets invasifs, la jeune fille peinait à se contrôler, son corps entier était aux prises avec les soubresauts causés par ces derniers. Le regard flou et les joues humides et rougies, la flammèche n'avait plus rien de la colère et l'énergie qui l'habitait jusque là. L'espace de quelques secondes, son esprit s'en était allé hors d'elle pour lui faire revivre ses dernières vingt quatre heures à toute allure et lui rafraîchir la mémoire quant aux émotions qu'elle avait ressentit pendant tous ces instants précis. Le Bonheur d'être avec celle qu'elle aimait, d'avoir enfin du calme et du répit avec elle. Ressentir ensuite le vrillement de son esprit qui s'était emparé d'elle pour à nouveau lancer un assaut brutal, sortis de nulle part, sur un village et l'enflammé à vif comme elle savait si bien le faire sans se soucier des conséquences, telle une flamme naissante et affamée. Pour ensuite être saisie par une impuissance terrible à l'arrivée de Xiris, ayant voulu porter la main sur elle afin de défendre sa bien aimée mais étant si faible qu'elle se fut balayée comme un pauvre insecte, réduite au néant en un battement. Mort qu'elle était incapable de déchiffrer même après l'avoir vécu, ironiquement. Même si elle décidait de vraiment se focaliser dessus, rien ne serait capable d'exprimer le ressentis. Mais à peine qu'elle était ensuite revenue à la vie qu'Umar était elle aussi à portée des mains de la Faucheuse après une rude bataille avec la Déesse de la Nature qui, contre toutes attentes, avait décidé de les sauver toutes les deux avant de s'en aller. Le but dans lequel elle l'avait fait, Mayufu ne le savait pas et comprenait toujours pas. Tout cela la dépassait et quelque chose lui échappait complètement. Néanmoins, elle savait au moins à quoi s'en tenir maintenant qu'elle ressentait clairement la présence de la Déesse près de son cœur et de l'importance de cette deuxième chance qu'elle lui avait concédé.

Évidemment, inutile de dérouler ensuite l'histoire puisque l'on en viendrait au point présent où la Flammèche, enfermée dans une sphère d'ombre coupée des bruits extérieurs que pouvait faire le Monstre qu'était Lupa, parvenait petit à petit à reprendre le contrôle des ses esprits. Prenant de longue inspiration, elle s'adossait à la paroi de la bulle tout en observant le sol défilé en-dessous d'elle. Jetant de temps à autres des coups d’œil au garçon en face d'elle. Mais surtout, son regard se figeait longuement sur le dos de Umar, ses pupilles suivant les ailes de cette dernière, les suivant à la trace au moindre battement. La culpabilité la rongeait terriblement. Depuis le départ, en ayant décidé de quitter Limouria pour commettre ses folies et se laisser aller à ses démons, la jeune fille avait déclenché cette successions d'événements dramatiques. Xiris avait bien voulu les sauver et écouter ses suppliques mais il en serait certainement pas le cas avec Lupa. Depuis qu'elle avait remis les pieds dans le monde des vivants et que la Dèesse de la Nature avait implanté cette graine en elle, l'humaine était chamboulée en son sein. Partagée par de multiples émotions et réactions. Elle pourrait réagir de mille façon différentes à une situation mais jamais elle savait comment le faire et, de ce fait, elle se faisait berner par des illusions et se laisser emporter par ses propres sentiments. Même quand cela était évidemment bien faux sauf que, sur l'instant présent, elle voulait y croire avant que le désastre ne survienne. La rôdeuse et Lupa s'en était prises à Umar, sa bien aimée et ça, c'était bien la seule chose qui était bien clair dans son cœur : Elle allait tout faire pour les enterrer vivantes toutes les deux. Bien qu'elle se doutait qu'au stade où elles en étaient, l'archère allait devoir s'allier à elle si vraiment elle n'était pas sous l'emprise du Monstre. Que cela plaise ou non, l'union était la seule solution pour y parvenir et se tirer de là le plus vite possible. Mayufu avait en horreur l'idée de fuir, elle était une traqueuse mais se retrouver dans l'autre rôle, cela la plongeait dans une haine viscérale.

Profondément enfoncée dans ses souvenirs, la réalité revint à la charge lorsqu'elle sentit que le mouvement cessa d'être. Ses yeux balayant le décors sous ses pieds remarquèrent évidemment que plus rien ne bougeait alors que pourtant, Umar semblait toujours avancer. Pire encore, la bulle dans laquelle elle se trouvait avec le jeune garçon se décala sous l'hybride avant de soudainement perdre de l'altitude. Brusquement, sans prévenir. Ses intestins flottant, le cœur haut, elle sentit une subite sensation aiguë s'emparer de ses tripes. Comprenant rien à la soudaine tournure des événements, Mayufu se demandait si ils étaient tous coincés ici pour de bon ? Avaient-ils atteints une limite ? Alors même qu'ils étaient en chute libre, Umar parvint à se défaire de cette anomalie avant que le sol ne les ait récupérés à plat. Parvenant à sortir de cette zone, elle retrouva soudainement toutes l'énergie cinétique d'avant qui les propulsèrent droit devant, en direction du sol ! Le mélange des sensations, avec son état actuel, n'était clairement pas agréable à subir pour la jeune humaine qui en ressortit avec un mal de tête. Un vertige la faisant tomber sur le dos. Heureusement, la sphère était suffisamment grande pour qu'elle n'ait pas écrasé le jeune rouquin à ses côtés.

Remarquant alors qu'ils se déplaçaient à nouveau en constatant que le relief défilait sous ses pieds, elle concluait qu'elle était parvenue à se défaire de cette étrange barrière qui les retenaient ici. Mais au-delà de ça, la noiraude remarqua enfin que la météo s'était elle aussi calmée. La pluie de sang avait cessé et les éclairs avec elle sans pour autant emporter les ténèbres en même temps. Il faisait toujours aussi noir. Heureusement que la jeune fille possédait une infravision pour l'aider à légèrement mieux discerner les environs. Ainsi, elle parvint à localiser la rôdeuse qui semblait peiner à se relever, comme si elle sortait d'un malaise et partir en direction de ce qui lui semblait être le bosquet. Au moins elle avait récupéré sa forme humaine, visiblement et ne semblait pas être un danger dans l'immédiat. D'ailleurs, heureusement pour Mayufu que la sphère protectrice d'Umar l'avait complètement isolée des sons extérieurs car, dans le cas contraire, elle aurait probablement eu beaucoup plus de mal à se recentrer sur elle-même tout à l'heure. Malheureusement, Lupa était pas repérable dans cette marée ténébreuse. Seule la Sorcière des Ténèbres pourrait faire quelque chose en ce sens. Et ce, quant bien même elle désirait mettre un terme à l'existence même de Lupa, la Flammèche n'avait aucunes idées de comment s'y prendre. Pourtant, elle avait bien cru y parvenir à un instant mais le Monstre en était ressortit comme si il avait pris un simple bain... Rien que d'y repenser dépitait la jeune fille qui balaya l'idée de la noyer sous un flot de puissance pour tenter de la battre. Ca devait être plus subtile, quelque chose qui n'était même pas dans l'équation actuelle. Mais quoi ? Qu'est-ce qu'ils ne pouvaient pas avoir actuellement pour tenter de renverser la vapeur en leur faveur ?

Appuyée contre la paroi, observant Umar en étant en pleine réflexion, Mayufu se fit surprendre par l'apparition sauvage du visage de cette dernière pile face à elle. Bondissant en arrière, son cœur s'étant arrêté une fraction de seconde, retenant son souffle avant de finalement comprendre qui c'était et que c'était illusoire. Main sur le cœur pour calmer son embardée, le souffle reprit, l'humaine écoutait attentivement ce que Umar leur demandait. Une idée pour la battre ? Quand bien même elle avait aucuns doutes sur la puissance et les capacités de son amie, la Flammèche n'avait pas pour habitude de l'entendre demander ce genre de chose. Généralement, elle se contentait de jouer les outils pour mener à bien les divers combat qu'elles avaient menés. Alors, à l'entente de cette demande, elle ne pu s'empêcher de lever un sourcil tout en relocalisant son attention sur la silhouette de la rôdeuse au loin qui semblait s'être immobilisée. Se mordillant la lèvre inférieure, son regard se tournant à nouveau sur Umar pour ensuite se diriger vers le rouquin à sa droite et ensuite à nouveau la rôdeuse. Une vague idée commençait à lui émerger à l'esprit mais quelque chose manquait. Pour ça elle fixait Umar. Quelque chose lui faisait se faire un focus sur elle, spécifiquement sur elle. Mais quoi ? Que voulait lui dire son instinct que son esprit n'avait pas capté ?! Repensant rapidement à toutes les attaques qu'il y avait eues, autant Lupa que Umar se rentraient dedans sans rien se faire. Les deux usaient des ombres et, évidemment, malgré tout, Lupa était plus forte, toutes les deux s'annulaient mutuellement. Du moins, du peu qu'elle avait vu actuellement. Les deux avaient visiblement les mêmes types de capacité sur ceux-ci. Et là, ça fit tilt dans son esprit !

- Les ténèbres... MAIS OUI !!! Lança t'elle, les yeux écarquillés, son esprit ayant eu un sursaut de lucidité et frappant du poing dans la paume de son autre main !

Soudainement, tous était devenu clair et lumineux pour elle ! Se précipitant vers la paroi où elle pouvait distinguer Erinaë, Mayufu se souvint de la flèche tirée par celle-ci dans les ailes de Umar. Enfin, pas du projectile lui-même mais de la raison pour laquelle, après coup, les ailes de l'hybride avait cessé de répondre alors même que la sorcière avait une régénération vraiment rapide. Ces dernières devaient être emplies d'une magie particulière, complètement opposée aux ténèbres qui habitaient Umar à ce moment là, précisément. Voire même une magie divine pure qui, décochée sur Lupa, pourrait peut être avoir son effet ? C'était à essayer mais pour cela, il faudrait s'allier à elle l'espace de cet affrontement pour en être sûr. Néanmoins, l'humaine n'avait pas que cette idée en tête. Le reste, malheureusement, ce serait à nouveau à Umar de faire tout le travail en ce sens... Cela ennuyait profondément l'humaine que de devoir à nouveau ne servir à rien dans tout ça mais c'était la seule solution qu'elle avait trouvée.

- J'ai peut être une idée... En premier lieu, tu te souviens de la flèche tirée par la rôdeuse dans ton aile ? Peut être qu'elles sont emplies d'une magie qui pourrait peut être suffisamment emmerder Lupa pour qu'on puisse la déconcentrer et la frapper de pleins fouet ? Commençait-elle à exposer avant de plonger profondément ses yeux dans ceux de son amie. Mais mon autre plan, il te plaira peut être pas mais c'est tout ce que j'ai trouvé et j'aimerai que tu me fasses confiance pour ce coup-ci. Lui intima t'elle doucement avant d'en venir à l'exposition de sa stratégie de combat à venir, soupirant longuement en sachant à quel point elle allait se mettre à découvert. Mais pour qu'il puisse s'exécuter et que Umar en ressorte vainqueur, Mayufu était prête à parier sa vie là-dessus. J'aimerai que tu me largues, moi, dans le vide, à découvert pour attirer l'attention de Lupa, pendant que toi, j'aimerai que tu te mettes à l'abri là où tu n'avais plus su voler et dans les ténèbres pour te focaliser sur toi-même. Je veux dire... retrouve ta forme « lumineuse » quand Xiris t'a ramené à la vie parce que je veux croire que c'est là que réside ta nouvelle puissance et que c'est celle-ci qui pourrait s'en prendre directement à Lupa ! Évidemment, son plan lui était venu sur un raisonnement tout bête : le point faible des ténèbres était la lumière, tout simplement et Lupa était la maîtresse incontestée des ombres, au-delà même de la maîtrise d'Umar actuellement, il en devenait quasiment impossible de la blesser. Je pense avoir suffisamment de force pour invoquer Bhaal deux fois et tenir au moins deux minutes, voire trois, en virevoltant dans tous les sens et tenter de rallier la rôdeuse à notre cause et me battre un peu contre Lupa pendant que tu fais ce que je t'ai proposé... si tu es d'accord, évidemment. Moi je suis prête à parier là-dessus parce que j'ai foi en toi, je sais que tu peux carrément le faire !

Le regard remplit à nouveau de combativité et de confiance, la Flammèche était quasiment sûre de son idée et était prête à absolument tout miser dessus puisqu'elle ne voyait rien d'autre pouvant leur venir en aide. Parce que visiblement, ils leur étaient impossible de quitter les lieux, Lupa devait les retenir ici et donc, ils étaient complètement isoler de tous, mêmes des dieux. Absolument rien ne pouvait voir ce qu'il s'y passait ici. Et comment soudainement croire aux Dieux alors que la seule en qui elle avait une confiance infinie était Umar. Mayufu avait ses défauts et avait aussi fait des erreurs dont elle mériterait une bonne gifle à lui en décrocher la tête de ses épaules mais, là où elle était irréprochable, c'était sa fidélité à la Sorcière des Ténèbres.

Après avoir exposé son plan à Umar, la jeune fille se tournait rapidement vers le jeune rouquin pour lui exposer son autre partie du plan et la participation qu'elle aurait besoin de lui. Elle lui proposait donc deux alternatives, voire trois.

- Je... Bon, on se connait à peine mais on doit tous participer pour s'extirper de ce piège parce que visiblement, on ne peut pas sortir vu ce qu'il s'est passé plus tôt. S'approchant de la paroi de la bulle, observant la rôdeuse assisse dans le bosquet, près des ruines du village. Tu peux m'accompagner pour distraire Lupa ou alors rallier la rôdeuse dans la forêt là-bas pour qu'elle use de ses flèches magiques sur Lupa ou alors, tu te caches mais s'il te plaît, ne me fais pas regretter d'avoir pris le choix de te sauver et t'avoir imposé à Umar. Si je t'ai emporté avec moi, c'est qu'il y a forcément un sens et que tu es capable de quelque chose que tu ignores !

D'un regard insistant, Mayufu essayait de faire prendre une décision au jeune homme. Ses mots étaient évidemment durs et violents à entendre pour quelqu'un comme lui mais elle se devait le faire. La situation l'imposait. Elle espérait surtout qu'il aille auprès de la rôdeuse afin de la rallier à leur cause indirectement vu que, visiblement, Lupa s'était focalisée sur la Flammèche plus qu'autre chose. Bien sûr, elle pouvait se tromper mais vu que Lupa était spécifiquement venue à elle, ne l'avait pas figée dans le temps, lui avait parlé directement et avait ramené son arme en plus de cela pour rejouer le combat, devait y avoir une raison précise pour qu'elle soit là. Ce gosse devait cesser de pleurer et foncer, droit devant. Elle lui faisait comprendre qu'elle mettait sa confiance entre ses mains de part ses trois choix qu'elle lui mettait sous les yeux. Bien que pour l'un d'eux, elle désirait qu'il l'occulte complètement. Mais dans tous les cas présentés, elle allait tout tenter aussi pour récupérer sa faux plantée quelque part ici bas pour la renvoyer en pleine tête à Lupa.

- Je ne sais pas ce que tu en penses Umar mais si t'es d'accord avec ça, je suis prête à y aller et la confronter directement. Fais-moi confiance, je ne faiblirai plus !

Evidemment, elle s'attendait à d'autres idées venant de sa part, vu que Umar avait une vision bien plus large de ce qui se passait ici et que l'humaine ignorait. Elle avait lancé ses propositions soit dans l'espoir que ce soit la bonne solution soit dans celui d'inspiré un autre plan plus efficace. Néanmoins, il était à noter que Mayufu se tenait prête. Avait cessé de trembler. N'avais plus le regard vide et craintif et que, quitte à ce que ça rate, elle lutterai jusqu'au bout en prenant le risque à s'incendier de l'intérieur en faisant déferler les flammes de sa rage incommensurable contre Lupa.

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Elvin
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MessageSujet: Re: Tout Feu, Tout Flamme   Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Icon_minitime1Dim 19 Déc - 18:23

Mais, même ça, je ne le réussis pas. Nous étions là, suspendus au-dessus des airs, dans les ténèbres. Rien ne nous attendait en bas, si ce n'est la mort. Rien ne nous attendait en haut, si ce n'est une immensité noire. Je devais m'en rendre compte à un moment, j'avais beau avoir résisté encore et encore, cette constatation était claire : il n'y avait plus d'espoir. Reculer était inutile. Avancer ne l'était pas davantage, et c'était même impossible désormais. C'était comme si quelque chose, un destin néfaste, nous avait enfermé dans une boule, une toute petite boule de terre et d'air et qu'elle la rétrécissait de plus en plus. Oui, je voulais les soutenir dans cette difficile passe, être avec elles, mais même cela, je ne le réussissais pas. Car, au fond de moi, je n'avais plus d'espoir. L'effroi, la peur, les profondeurs immenses, tout cela m'avait drainé, m'avait pris fragment par fragment, découpé comme au hachoir, morceau par morceau. Il ne restait rien désormais, rien à couper désormais, rien à vivre, rien à espérer. C'était triste.

La femme ailée nous demanda des conseils pour abattre la louve et je me mis doucement à sangloter. Mais pas trop fort, en me retenant, pour ne pas que le bruit les incommode. Était-ce donc cela ce à quoi nous en étions rendu ? À parler de tuer, d'ôter la vie, comme s'il ne s'agissait plus de rien. Je ne me reconnaissais pas du tout dans ces idées. En fait, cela faisait un moment que je ne me reconnaissais plus. M'étais-je seulement reconnu un jour ? Je ne sais pas, quand je m'étais levé il y a une heure, j'avais eu l'impression d'être quelqu'un, d'avoir une identité, même si elle restait à construire. Là, c'est comme si cela ne voulait plus rien dire. Dans ce ciel, il n'y avait que du noir où le sol dardait des éclats de rouge. Il n'y avait que la mort, le chaos, la malveillance. Secoué par les sanglots, je m'oubliais et je voulais oublier.

Mais pendant que je me laissais lentement aller à mon malheur, d'autres vivaient, d'autres pensaient, et ils aspiraient à un avenir meilleur. La fille du feu n'avait pas abandonné, elle. Elle avait réfléchi sur toute cette histoire avec l'espoir, l'espoir honnête, de sortir de tout ce chaos, d'être enfin libre et de pouvoir aller où l'on voulait. Pourquoi ne pouvais-je pas être comme elle ? Pourquoi ne pouvais-je plus être comme elle ? L'avais-je seulement été ? Où était cette allégresse, cet attachement à la vie, qui aurait dû être si intrinsèquement liée à notre existence ? Je l'avais perdue visiblement. Teinté de noir et de sang, je m'étais perdu moi entre ces vagues. Pourtant, j'avais un rôle.

Et il n'y avait même pas besoin de me le dire, je le savais. Je savais quel était mon rôle, celui de demander l'aide à l'autre femme, femme que j'avais vu souffrir auparavant. Une louve pour une louve. Pourquoi tout devait-il être si binaire ? J'allais vraiment devoir aider à tuer une pauvre créature, une bête qui ne se rendait même pas compte du mal qu'elle pouvait causer. Je n'avais pas envie. Je ne l'aurais pas fait. Mais, y avait-il seulement une autre solution ? Je sentais en moi tenter de remonter le courage qui m'avait porté à m'agiter en vain, celui qui avait voulu que je tente de sauver autrui. Mais je ne pouvais plus désormais. Mon cœur était trop faible pour le porter. Mes larmes continuèrent, lavant mes mains du sang du ciel.

Mais j'avais beau refuser, j'avais beau rester silencieux, les roues du destin étaient en marche et je sentais l'instant fatidique se rapprocher lentement. Les mots de la fille du feu avançaient toujours plus. Elle était prête à risquer sa vie. Et moi ? Moi, j'étais pitoyable. J'étais une loque. J'étais moins que rien. En un sens, une partie de mon cœur espérait presque que l'on me largue avec elle, qu'on me laisse tomber, là, vers le rouge et le sombre, là où je n'aurais plus mal. Mais j'étais encore trop lâche, alors je savais que j'allais aller chercher la "rôdeuse", la femme, celle que l'on m'avait demandé. Mais pourtant j'avais si peur. Je me recroquevillai sur moi. Je voulais tellement que tout s'arrête, que le monde s'arrête et qu'on me laisse enfin tranquille, dans le silence... un silence éternel.

Mais la jeune fille avait cessé de parler. Elle avait cessé son discours qui la conduisait vers la mort. Elle ne disait plus rien, je ne le voyais pas, mais je savais qu'elle se tournait vers moi. D'un moment à l'autre, elle allait parler et je savais que tout allait s'arrêter, que je n'allais pas pouvoir rester ici. Elle allait peut-être me dire avec bienveillance que je pouvais rester ici, mais la douleur face à son propre destin dans sa voix allait me pousser à venir l'aider. Ou alors elle allait me jeter, me dire qu'ils avaient assez fait pour moi et que je ne pouvais plus rester ici sinon j'allais être en danger, et là encore leur sollicitude me pousserait à prendre le rôle que le destin voulait tellement que je prenne.

Mais pourtant ce fut bien différent de ce à quoi je m'étais attendu. Des mots fermes, déterminés, durs. Je ne m'étais pas attendus à ça. Je frottai un instant mon visage contre mes bras et mes genoux dans lesquels elle était enfouie, en grimaçant. Elle me forçait la main, j'en avais conscience. Et je n'aimais pas ça du tout. Je me sentais utilisé. Peut-être, enfin... je pense, peut-être que c'était sa manière à elle de prendre soin de moi, de me forcer à agir par moi-même. Mais je détestais tellement cela. Je le détestais, mais je savais que je n'avais pas eu le choix.

Je ne l'avais pas eu, et cela avant même qu'elle n'ouvre la bouche. J'étais né, je ne sais pas vraiment d'où ni par qui, mais j'étais né pour souffrir, martyr éternel, déchiré pour toujours. La vérité de ce triste fait s'imposait et s'imposait tellement fort à ma conscience que je savais que je ne pouvais pas m'enfuir. C'était mon rôle, mon devoir. Mes yeux se remirent à pleurer. Pour autant, je pris un grand souffle pour me remettre d'aplomb. Il s'étrangla dans ma gorge. Je voulus me relever pour faire face à mon destin. Mais mes chevilles tremblantes se dérobèrent. Alors, réduit à cette faiblesse, je pris néanmoins la parole. Je devais être brave. Ma parole était aiguë, instable. J'annonçai mon choix :

- Vous êtes des sortes d'ennemis, elle et vous, non ? C'est pour ça que c'est moi qui vais aller la chercher...

Je savais que j'aurais dû m'appuyer avec un ton sûr, affirmé, certain, mais je ne sais pas si ce que j'avais dit avait réellement sonné comme une affirmation, au lieu d'une question. Mon cœur devait-il être si lâche ? Je détournai les yeux, gêné parce que j'avais été incapable de répondre parfaitement à ses souhaits.

Et ce faisant, mes yeux se perdirent dans le flou des prairie de sang et de malheurs où des morts qui ne pouvaient pas être guéris et des cauchemars erraient sans pouvoir être sauvés, ou du moins sans que, moi, je ne puisse leur venir en aide d'aucune façon. Et cela me creva la cœur une fois de plus. Les immensités de malheurs qui se déroulaient devant mes yeux troubles, il me semblait qu'elles pleuvaient à l'intérieur de mon âme sans me chuchoter le moindre espoir de rédemption.

Je me retournai vers la jeune femme qui partageait la même cellule d'ombre. Elle annonçait déjà sa détermination à son amie. Je sentis un légère douleur dans mon ventre, comme une acidité qui irritait mon œsophage. Je la voyais ainsi conquérante. Mais moi, je me sentais en prison, emprisonné dans la tâche que l'on m'avait confié, emprisonné dans ce monde qui n’exsudait que la peur, la mort, les ténèbres et le feu, emprisonné oui, emprisonné dans mon cœur.

- Lâchez-moi là-bas dès que vous vous sentirez prêtes…

Mais ce n'était pas avec détermination que j'avais prononcé ces mots, c'était avec découragement, avec désespoir. Je ne pensais pas aux conséquences, je ne pensais pas aux risques, je ne pensais plus qu'avec peine. Je me voyais paisiblement accomplir ce qu'on m'avait demandé, peut-être mourir en essayant. Et, à ce point-ci, cela m'en était devenu égal. J'étais une marionnette aux mains d'un autre, les yeux parfois secs, les yeux parfois pleurant.

Le désespoir, oui, vu qu'il n'y en avait plus, d'espoir. Nous n'étions que des fétus de paille pris dans le destin, et j'en avais assez de résister. Quelques larmes coulèrent à nouveau, solitaires, sans sanglot. Il était sans doute mieux que les deux dames ne se préoccupent pas de mon état émotionnel, car je n'aurais sans doute pas pu tenir si l'on m'avait posé une question.

Pourquoi est-ce que je me sentais aussi vide ?

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MessageSujet: Re: Tout Feu, Tout Flamme   Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Icon_minitime1Dim 16 Jan - 3:17

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Partie 2/2 :

La tension était à couper au couteau, et alors que le coeur de la Flammèche menaçait d'imploser, un éclair de génie zébra son esprit. Ce fut néanmoins ce que je déduisis à l'entente de son égosillement. À partir de là, de ce que je supposai être l'amorce d'un long et laborieux monologue sur une nouvelle stratégie à adopter, débuta. La rôdeuse, flèches magiques ? Mais qu'est-ce qu'elle baragouinait encore ?! Par quel miracle un trait enduit de poison paralysant posséderait-il des propriétés mystiques ? Abrège ! Songeai-je après qu'elle m'eut supplié de lui faire confiance. Une fois n'étant pas coutume, Mayufu voulait de nouveau interpréter les bouffonnes pour enjailler la longue nuit de Lupa. Appâter la bête à dos de phénix pendant que moi, je canaliserai une force qui m'est inconnue pour un résultat inconnu ? Le fond n'était pas stupide, mais la forme méritait bien des injures ! Le monstre était capable de surgir de n'importe où ainsi que de modifier sa propre échelle. La Flammèche pensait sérieusement pouvoir l'occuper durant trois longues minutes en pirouettant simplement dans les airs ?! La réalité serait bien différente je le crains. Cependant convaincue de son intelligence nouvelle, la fille du feu se laissa gagner par l'excitation et énonça la seconde partie du script au farfadet. Mes yeux roulèrent d'eux-mêmes, qu'est-ce qui lui permettait de croire que je serais d'accord avec ça ? Lui faire confiance ? ah ah la belle affaire ! La Flammèche se croyait dans un de ces contes où les petits personnages finissaient par avoir raison de la gigantesque créature. Que faire équipe et croire en les uns les autres permettaient de venir à bout de tous les obstacles. Seul un esprit typiquement Humain pouvait prêter foi à ce genre d'ânerie.

Je m'évertuai donc à faire le tri, et ce fut vite expédié. Avoir recours à la lumière pour couper Lupa de ses ténèbres profondes, je pouvais toujours m'y risquer. Mais larguer ces deux inconscients droit dans la gueule du loup pour jouer à "attrape-moi si tu peux", je m'y refusais ! Contrairement à maintenant, la créature ne se mettait plus en scène. Après que la rôdeuse eut fait son entrée remarquée en cherchant à me clouer au sol, Lupa aurait pu nous déchiqueter avant même que l'on se rende compte qu'elle rôdait dans le coin. Au lieu d'agir comme la bête féroce qu'elle était supposée être, la blanche colombe se planta devant Mayufu afin de lui rendre une faux dont elle n'avait plus l'usage. La bestiole l'avait très certainement déduit en constatant l'absence de la moindre réplique de cette arme chez sa proie. Elle souhaitait simplement qu'elle soit, entière... Ce soir là, quand nous fûmes sa rencontre pour la première fois, et que nous dûmes nous replier dans l'antre de l'Umar de ce monde, Lupa aurait pu passer ma pathétique barrière les quatre pattes attachées derrière le dos. Etant donné sa monstrueuse puissance, tout en prenant en compte que je ne maîtrisais pas encore mes nouveaux pouvoirs, il lui aurait été facile de nous cueillir. Seules, et affaiblies comme nous l'étions, n'importe quelle bête féroce se serait repue de nos carcasses, mais pas elle, pas Lupa. Plus qu'une rixe pétaradante, j'étais convaincue que le monstre cherchait à exprimer toute sa puissance, un besoin nécessaire d'être lui-même. Existait-il seulement un Mortel capable de le confronter ? À sa place, j'en serais terriblement frustrée !

Je pensais cela car désormais Lupa avait pu voir tout ce que nous étions capable de faire, de lui faire. Et si on en croyait l'évidence, nous n'étions pas à la hauteur. Bien que mes songes demeuraient hypothétiques, mon moi d'autrefois se comporterait à l'identique. Une manière de dire que je comprenais ce monstre, tout du moins en partie. Si ma vision des choses n'avait point murie, la pulsion de la Flammèche à brûler cette île aurait d'abord été engendrée par la mienne, à l'instar de notre venue dans ce monde. La décision d'attaquer le village venait de moi, Mayufu n'a au final fait que reproduire le schéma que j'avais esquissé. Sans bien sûr se douter, ou même remarquer les changements qui s'opéraient en moi. Qu'elle l'eut fait pour me faire plaisir, ou pour satisfaire un besoin naturel, démontrait par la nature même de ses actes que notre complicité tendait à se faner. Je n'éprouvais plus ce besoin de conquérir le monde, de faire pleurer femmes et enfants, de voir des peuples entiers trembler sous mon ombre. J'aspirais à quelque chose de plus grand, et même si j'ignorais encore de quoi il était question, j'éprouvais de plus en plus de difficultés à introduire Mayufu dans mes desseins. Cette pensée enserrait mon coeur, mais je devais malgré tout la prendre en considération, et si nos Destins respectifs nous poussaient à voguer chacune de notre côté ? Déjà je m'y préparais, avant de me rétracter, puis en douter, pour finalement y revenir comme en ce moment... Ce qui me faisait tant hésiter trônait dans le caractère même de la Flammèche. Celui-ci était si perturbé, si instable, que je déduisais que c'était sa façon à elle de chercher sa route. Ce n'était hélas pas la seule raison qui me rattachait à cette dernière, outre le fait que nous nous ressemblions par notre manière de errer dans les ténèbres, un sentiment que j'étais encore incapable de qualifier m'interdisait d'imaginer mon avenir sans elle. Alors que d'un autre côté, et en dépit de tous mes efforts, je ne parvenais guère à l'illustrer dans mes éventuels projets.

Je savais qu'elle me suivrait, et ce, quels que soient mes choix. Une dévotion que je ne pouvais qu'admirer, mais est-ce que cela faisait d'elle une alliée compatible ? Non, en aucune façon. Je ne comptais pas la jeter comme la plume d'un coussin qui se serait fichée dans la joue, j'en serais incapable. Seulement, dans la mesure où nous réchapperions à ce cauchemar, une longue et profonde discussion s'imposera. À partir de là, et au terme de ce conciliabule, je saurais ce qui conviendra de faire.

Le gouffre à la fois obscur et sanglant qui s'étendait sous moi éprouvait le désir sadique de m'engloutir. Je ne le craignais point, j'allais même jusqu'à le narguer en laissant l'air glisser sous mes ailes, me faisant ainsi perdre de l'altitude. Bien qu'à l'affût, je me laissai gagner par le souvenir de cette forme tantôt mentionnée par la Flammèche. Une sensation de chaleur m'envahit aussitôt, comme si ce double de moi-même répondait présent. Je ne l'avais pourtant guère sollicité, mais il était là, libre, et entièrement dévoué à ma cause. Ce fut en tout cas ce que j'en compris. Bien que pas conciliable avec ma nature méfiante, je devais bien reconnaître qu'avoir un certain contrôle sur ce mystère avait des propensions rassurantes. Celui-ci pouvait bien être illusoire, bien folle je serais de m'en défier.

Le temps que je cogite, Mayufu put terminer son speech. Car voilà qu'elle me demandait ce que j'en pensais, tout en cherchant vainement à me convaincre avec son "fais-moi confiance". La confiance n'a rien à voir avec les compétences, Flammette ! Me pris-je à ironiser. Que devais-je lui répondre sans donner l'impression d'enfoncer le clou ? La rôdeuse, poubelle ! ton phénix, poubelle ! ton asticot, poubelle ! Mais je veux bien tenter la forme lumineuse ! Cela le faisait ou c'était trop sec ? À une époque, je me serais bien fichue de ses états d'âmes, de plus, il fallait bien avouer que ça simplifiait les choses. Mais aujourd'hui, tout semblait plus... compliqué. La moue de mon visage calqué sur la paroi ombrageuse de la sphère devait très certainement trahir cette pensée. Je devais lui répondre avant qu'elle ne se remette à m'assommer de ses "fais-moi confiance". Parce qu'une perte soudaine de patience pourrait tout aussi bien la faire plonger dans le vide, comme elle souhaitait à la base. Sauf que je semblais être la seule à en connaître la conclusion. J'allai donc chercher mes ailes d'ange et mon auréole, puis répondis...

- Et je suis supposée trouver ça drôle ? Je veux bien m'essayer à la lumière, mais il est hors de question que tu t'adonnes à des clowneries pendant que je me concentre. Si je dois encore venir te secourir parce que tu te seras surestimée, on finira par se faire croquer, c'est inéluctable. Contrairement à cette chose, je ne sais pas me transférer d'un point A à un point B, il est donc préférable de rester groupé. Mais si après ton résidu de Fée veut risquer son cul dans la forêt, je ne le retiens pas ! Ma voix fut peut-être un peu forte, mais je sus être diplomate. Du moins le supposai-je. À présent taisez-vous ! Avec cet ordre, mon visage disparut de la sphère.

Lupa pouvait surgir à tout instant, c'est pourquoi je demeurai sur le qui-vive malgré mon apparente méditation. J'avais le sentiment de pouvoir déployer la forme lumineuse d'un simple désir, mais comme je la craignais aussi, son apparition ne cessait d'être repoussée...

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En dépit du calme qui assourdissait les lieux, la rôdeuse sentit comme un essaim s'abattre sur elle. L'antre de la bête lui faisait clairement comprendre qu'elle n'était pas la bienvenue. Erinaë avançait la peur au ventre, mais elle avançait, et rien, si ce n'était la mort, ne lui ferait rebrousser chemin ! L'esprit de Lupa se cachait dans la Nature, et la jeune femme comptait bien en percer les secrets. À mesure qu'elle progressait, la sensation d'être observée se faisait de plus en plus présente. Mais là encore, la rôdeuse s'en moquait ! Puis elle finit par distinguer une petite tâche lumineuse poindre au plus profond des ténèbres. Semblable à la lueur que l'on associait au monde des esprits après que notre coeur ait cessé de battre, Erinaë se dirigea droit sur elle. À un moment, sa conscience eut beaucoup de mal à dissocier cette vague impression d'atteindre son objectif, à celui d'être morte, en route pour le purgatoire. Sa détermination retrouvée, la rôdeuse progressa mécaniquement jusqu'à ce qu'une silhouette aux courbes grâcieuses finisse par remplacer le flou de son halo qui l'avait guidé jusqu'ici. Prudemment, la traquée qui se faisait traqueuse traça quelques cercles autour de la présence. Loin d'être dupe, Erinaë savait cet être en lien direct avec Lupa, consciemment ou non. Puis doucement, ses cercles se changèrent en spirale afin de l'approcher.

-*Une femme ? Et quelques foulées plus tard. Une femme Elfe, ici, au coeur de ce que je suppose être Lupa ?*

De carrure plutôt chétive, l'Elfe était repliée sur elle-même, parfois secouée de soubresauts, comme prise de sanglots. Il fallut toutefois qu'elle lève brusquement la tête tout en s'écriant pour que la rôdeuse comprenne qu'il ne s'agissait point d'une femme, mais d'une enfant.

Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Horten10

- Qui... QUI VA LÀ ?!!

Les lèvres closes, Erinaë s'approcha doucement.

- Une dame ? ici ? mais... mais d'où venez-vous ?

La tâche allait sans doute s'avérée beaucoup plus délicate que ce qu'elle avait supposé. Un loup ça passait, une femme ça pouvait passer aussi, mais une gamine... La rôdeuse pouvait vaguement imaginer les raisons de ce phénomène, mais toujours était-il que psychologiquement, elle ne s'était pas préparée à cela. Bien que déstabilisée, Erinaë ne laissa rien transparaitre. De marbre, elle rétorqua d'une voix glaçante :

- C'est moi qui pose les questions ! La petite eut un mouvement de recul. Dis-moi ton prénom !

- Vous êtes méchante, mais vous ne me ferez jamais aussi peur que les yeux dans le noir ! S'offusqua l'enfant.

Ravalant sa salive, et oubliant le minois qui lui faisait face afin de se concentrer sur la véritable menace, la rôdeuse bondit à la gorge de l'enfant, porta ses lèvres jusqu'à son oreille, et susurra...

- Je ne suis pas là pour me faire des amis, et si tu refuses de coopérer, je n'ai aucune raison de te laisser en vie ! Le coeur de la jeune femme battait à tout rompre, mais pour le bien commun, elle devait être forte. Sentant que la gamine allait céder, la rôdeuse resserra son étreinte sur son larynx, avant d'ajouter : Il faut vraiment que je compte ?!

- Hor... Hortensia, je m'appelle Hortensia, s'il vous plait... vous me faites mal !

- Combien êtes-vous ?!

- Qu. quoi ? D'un mouvement sec sur son cou, Erinaë sut lui rappeler qu'il n'était pas très indiqué de lui faire répéter la question. Aie ! mais je suis seule ici, j'ai toujours été seule...

- Et les yeux dans le noir ?!

- C'est des yeux, pas un gens...

- Alors c'est quoi, et qu'est-ce que tu fais ici ?!

- S'il vous plait lâchez-moi, je n'arrive plus aie ! à respirer... En même temps qu'elle desserrait, la rôdeuse poussa un soupir de soulagement intérieur. Je ne sais pas, juste que... ça grogne. Et je ne sais pas ce que je fais là, il n'y a ni père ni mère, je suis toute seule... Finit-elle par confesser larmoyante.

- Dans ce cas fais revenir les yeux, je dois aussi leur parler !

- Mais je ne sais pas comment, c'est eux qui viennent, ils me font peur et ils repartent...

- Ils reviennent quand ?!

- Parfois rapidement, et d'autres fois je suis tranquille un moment, je ne sais pas...

Cela faisait beaucoup trop de "je ne sais pas" au gout d'Erinaë. L'enfant était clean, mais elle était aussi le vecteur du mal incarné. Quoi qu'elle pouvait représenter aux yeux du monstre, elle n'en demeurait pas moins sa racine. Tuer Hortensia pouvait être une solution à double tranchants. Dans le premier cas ; Lupa meurt, et toute sa lignée s'éteint avec elle. Dans le second ; Lupa se libère de ses racines et plonge Astrune dans une mare de sang. Hortensia pouvait aussi bien être sa force que sa faiblesse, et malheureusement, Erinaë n'avait aucun moyen de le savoir...

- Alors il va falloir les contraindre ! Moufta la rôdeuse avant de bousculer la petite qui chut sur son dos.

- AIE ! s'il vous plait NON ! Supplia Hortensia en voyant son assaillante engloutir la distance qui les séparait.

Avant l'incendie, Erinaë tombait régulièrement sur des corps déchiquetés, ils étaient par ailleurs si mutilés qu'il n'était plus guère possible de les identifier. Pour répondre de ses innombrables crimes, la créature sanguinaire devait être châtiée. Haïssant plus encore Lupa pour ce qu'elle lui contraignait de faire, la rôdeuse empoigna derechef la gorge de sa victime, la leva de terre, et lui éclata le nez sous l'impact de son front ! La fillette hurlait sa douleur, son désespoir, mais les yeux ne venaient toujours pas. Se pouvait-il qu'ils sachent que son coeur refusait d'attenter à sa vie ? Devait-elle aller plus loin que la violence physique ?

- Vous... vous êtes les yeux... Gémit l'enfant.

Son visage maculé de sang appuya sa plainte au point de remettre en cause la détermination de la jeune femme. Avait-elle bien fait ? Se pouvait-il que son obsession pour abattre ce monstre ait obscurci son jugement ? Hortensia était la source de Lupa, aucun doute sur ce point, et maintenant qu'elle était si proche du but, elle devait stopper son élan ? Combien d'enfants sont-ils déjà tombés entre ses griffes ? combien d'autres, comme William, ont-ils été la victime de dommages collatéraux ? Lupa sévissait depuis déjà six mois dans les contrées des collines d'Umar, qui pouvait savoir combien de braves lui servirent de repas ? Pour avoir souvent arpenter les terres maudites près de l'ancien temple de Loominëi, Erinaë savait qu'une malédiction ne se levait pas sans assécher quelques coeurs... Hélas, on en revenait au dilemme initialement posé ; cela aurait-il pour effet de l'occire, ou de la libérer ?

Sous le choc de sa propre mésaction, la rôdeuse en oublia sa haine pour Lupa. Bien que fuyante après le traitement qu'elle venait de subir, la petite Hortensia fut étreinte avec tendresse. Dans un premier temps celle-ci se débattit, mais à mesure que Erinaë se confessait, l'enfant s'assagit. D'une main presque maternelle, elle nettoya son nez, sans jamais cesser de s'excuser. De son côté, la fillette ne parvenait plus guère à contenir son flux émotionnel. Partagée entre la peur, la colère, la tristesse, et cette si oppressante solitude... Se croire morte sans pour autant avoir la paix. Alors cette inconnue, cette femme qui venait de la battre comme une criminelle, était le seul réconfort qu'elle pouvait trouver... Contrairement aux gémissements qu'elle avait pu entendre à son arrivée, ainsi que les pleurs qu'elle avait pu provoquer, Erinaë sentit son coeur se briser lorsque la petite se mit à sangloter à haute voix, sans rien retenir. Au travers de ses cris, la rôdeuse put vaguement imaginer l'étendue des souffrances qu'elle endura...

Pour ce qui était d'Umar, l'hésitation menait toujours la danse. Jusqu'à ce que l'obscurité toute entière ne prenne la forme d'une gueule géante, prête à se refermer sur elle et sa suite ! Alerte, la sorcière des ténèbres pouvait toujours expédier la bulle de Mayufu au loin, mais dans le cas où le monstre se comporterait comme un chien avec sa balle, ce fut un risque qu'elle jugea bon de ne pas courir. Et alors que les mâchoires se refermaient, Umar n'eut d'autres choix que de se laisser gagner par la lumière. Oh bien sûr, elle pouvait toujours faire usage de ses ailes pour échapper au broyeur, mais à quoi bon ? Cette forme gigantesque n'était pas la véritable Lupa, si tant est qu'elle en avait la forme, cela n'en demeurait pas moins une manifestation mystique. La créature était faite de chair, de poils et de sang, pas d'ombres et de vent ! À l'instar de son mur, seule la magie pouvait la contrer. Alors même si la sorcière ne savait pas où elle mettait les pieds, cette solution était pour elle la seule envisageable, en cette circonstance là en tout cas.


Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Umarav10

Scintillant de mille feux, son corps brilla au point de rendre aveugle quiconque s'hasarderait à le contempler. La lumière que son aura projeta fit littéralement s'évaporer la menace qui s'abattait sur eux. Cette forme ne permettait plus guère à Umar de manipuler les ombres, aussi la sphère qui préservait la Flammèche de l'extérieur, éclata ! Mais avant même que la gravité ne prenne le relai, Umar se saisit de Mayufu d'un bras, et du farfadet de l'autre. Son regard de braise se posa un moment sur le gamin. Inexpressif, puissant ! Le genre d'attention que vous faisait vous sentir plus petit que vous ne l'étiez. Puis il bascula sur Mayufu, manifestant une expression bien différente. Protectrice, aimante ! Un sourire furtif étira légèrement ses lèvres avant que sa lumière ne finisse d'inonder le territoire du monstre. Lovés tous deux contre son giron, les passagers d'Umar assistèrent malgré eux à la purification des lieux.

- Ne restez pas comme deux ronds de flan, scrutez la zone et repérez-moi cette bête ! Intimai-je, lasse de ce combat sans fin.

Curieux, j'étais pourtant certaine de mon désir de le broyer, et voilà que mon bras se montrait étrangement calme. L'ensemble de mes songes semblaient eux aussi, avoir subi une mutation. Et si je me tournais vers l'avenir, je ne pouvais le percevoir autrement qu'avec Mayufu. Se pouvait-il que cette forme redéfinisse mon caractère ? Je pourrais hurler au scandale en pensant qu'il s'agissait d'une laisse pour me museler, mais si je le désirais, j'étais parfaitement en mesure de tuer ce microbe ! Seulement il fallait que je le veuille. Mon autre face elle, ne se serait même pas poser la question, elle aurait agi par pulsion. Bref, ces deux là étant occupés à chercher le monstre, moi, je m'intéressais à un autre problème. La canidé affaibli, je supposais pouvoir briser la barrière qu'il avait érigé. Toute cette lumière, je n'étais franchement plus habituée à cela, mais maintenant que j'y étais, je comptais bien mettre un terme à cette riflette !

Sentant mon thorax surchauffer, j'éloignai la Flammèche et l'autre lutin de mon buste en maintenant chacun d'eux à bout de bras. Ma poigne serrait fortement l'habit de Mayufu, assurant ainsi sa sécurité face au vide. Quant à l'autre... étant torse-poil, il ne me restait plus que le fond de sa culotte pour le garder à niveau ! Certes il avait des ailes, et la Flammèche son phénix, mais mon instinct me vociférait de les garder près de moi.

Du coin de l'oeil je scrutai aussi les terres et autres hauts-fonds rougeoyants, et je fus assez surprise de ne déceler aucune trace du loup. Cela me rappela un épisode de mon enfance, un âge où la peur des araignées battait son plein ! Mon mentor se riait de moi en affirmant que la véritable trouille ne résidait point dans le fait de voir l'arachnide, mais plutôt de constater sa disparition après l'avoir vu ! En dépit de l'éclat que j'irradiais, je me refusais de baisser la garde. De là, je libérai un concentré de lumière depuis ma poitrine droit sur cette barrière que je ne pouvais voir. Le faisceau s'allongea à la même vitesse que ce qui le composait, puis frappa dans l'obstacle ! Comme je m'y attendais, rien ne se passa, mais je poursuivis la canalisation, un détail finira bien par me sauter aux yeux.

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Mayufu
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MessageSujet: Re: Tout Feu, Tout Flamme   Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Icon_minitime1Mar 25 Jan - 17:36

On pouvait en penser ce que l'on voulait du plan initial proposé par la jeune fille du feu, saupoudré d'un excès de désespoir, mais elle s'y serait tout de même tenue si cela aurait permis à sa bien aimée de fuir ou lui permettre de prendre le dessus sur ce combat, même cher payé. Mayufu avait sans cesse chercher à fuir ce monstre sanguinaire qui les traquait désormais depuis leurs arrivées dans ce monde. La raison du pourquoi Lupa le faisait lui échappait toujours. Le faisait-elle par amusement ? La peur de lui ressembler faisait-elle fuir Mayufu ? L'humaine n'était pas un monstre de la même trempe qu'elle, ni même de la même puissance. Bhaal ne l'avait malheureusement pas investies d'une puissance divine quelconque malgré les deux Déesses étant passée par là. L'une lui ayant arraché sa destinée, l'autre lui ayant mis un cran de sécurité à sa folie destructrice. Beaucoup trop de chose s'étaient passées en si peu de temps, la Flammèche ne parvenait donc pas à assembler correctement le fil de sa vie pour en déterminer la voie à prendre. Elle essayait désespérément un peu de tout faire afin de trouver cette dernière mais en vain, pour le moment. Pour cela qu'elle avait songé au sacrifice de sa vie pour sauver celle de Umar en premier lieu. Ainsi que celle du jeune garçon et de la rôdeuse accessoirement. Un bouillon d'émotions se mélangeaient entre elles en son intérieur, lui faisait passer de l'une à l'autre. Le cœur battant la chamade et cela était largement perceptible lors de l'élocution de son plan. Tantôt tremblante, tantôt accélérée, tantôt déterminée ou hésitante. Elle passait par tout les stades.

Néanmoins, l'attente d'une réponse mettant un terme à ce déluge émotionnel ne tarderait heureusement pas. Quand bien même elle s'y était préparée et s'y serait dévouée, même si complètement insensé. Elle s'attendait à ce que Umar balaye cette suggestion en y retenant qu'une seule solution : Faire appel à la Lumière qui avait surgis en elle un peu plus tôt, après la rencontre avec Xiris. Au moins, malgré qu'elle avait raconté que des bêtises, elle avait su proposer une solution viable à la situation, c'était déjà ça de pris pour l'aider à pas s'écrouler de honte, se contentant juste de détourner le regard, en se grattant le cou de la main droite, mordillant sa lèvre inférieur. Non, Umar n'avait pas tort de la rembarrer de la sorte. Elle se laissait emporter par ses émotions bien que celle-ci, désormais, n'était plus de trembler et rester sur place, incapable de rien faire. Bien au contraire.

Du coup, elle se contenta juste de se taire et lui offrir l'expression honteuse qui trônait sur son visage comme guise de réponse. Au final, Umar connaissait suffisamment bien Mayufu pour lire son comportement, chose que l'humaine avait encore bien du mal à faire malgré la confiance aveugle qu'elle lui vouait. Leur demandant alors de se taire, le visage de la sorcière disparu de la surface de la sphère dans laquelle elle se trouvait avec la jeune fée. Soupirant longuement, son regard se rivant sur l'obscurité qui les entourait. À en perdre son regard là-dedans, elle avait bien l'impression que son esprit lui jouait des tours à faire apparaître la mâchoire monstrueuse du monstre à chaque clignement des yeux. La forçant à ne vraiment pas baisser sa garde à nouveau. Mais à force d'être renfermée dans un silence assourdissant après l'exposition de son plan suicidaire, ses oreilles lui firent remarquer quelque chose. Ça lui pris un petit instant avant d'en être convaincue. Tout était devenu terriblement silencieux, comme si même Lupa avait disparu. Appuyant ses mains contre la paroi, Mayufu tentait de scruter le moindre mouvement mais elle n'y entendait que le sang pulser au travers de son corps. Umar allait-elle avoir le temps de faire surgir cette puissante lumière avant que le loup ne sorte de ses ombres pour les gober tout rond ? Inspirant longuement, se retournant face à la fée, Mayufu ne savait d'un coup plus rien faire ni quoi dire, comme si une timidité maladive l'avait assaillie de toute part depuis que sa voix avait été balayée lors de l'exposition de son plan. Non pas qu'elle était vexée, mais qu'elle s'était rendu compte qu'elle perdait trop les pédales et avait compris jusqu'où cela la poussait parfois à aller. À être complètement irrationnel et s'illusionner de plan aussi farfelus qu’inefficace, prenant le risque de mettre un terme à sa vie mais aussi à celle de Umar.

Un tremblement furtif, mais clair, mis tous les sens de l'humaine en alerte. ! Une sorte de vibration dans l'espace les entourant se formait pour se jeter sur eux trois. En effet, une gueule géante, sûrement plus grande que la précédente, avait subitement surgis des ombres, l'englobant totalement pour se refermer sur eux. Les yeux rouges de l'humaine balayèrent les alentours, dans l'espoir de trouver quelque chose, se retourner et observer Umar au travers de la paroi de la bulle d'ombre. Avait-elle senti le monstre surgir ? Forcément que oui. Se serait probablement une mauvaise idée de lui hurler l'évidence... Mayufu ne pouvait pas se résoudre à ce que cette dernière se fasse avoir aussi bêtement juste en méditant pour chercher sa seconde forme. Elle sentait sa présence. Décidant de prendre sur elle, elle avait foi en elle. Les secondes s'écoulèrent lentement, la Flammèche, d'un regard déterminé, fit comprendre à la fée de garder confiance et elle détourna son attention vers cette gueule béante se refermant lentement. De manière naturelle, elle aurait lancé toutes ses dernières forces dans un acte désespoir. Même si elle ne pouvait rien faire contre une telle force de la nature. Mais là, sa force, c'était de faire confiance à Umar et la laisser accéder à la lumière. Elle lui aurait hurlé de fuir, l'avertir, voire même d'insulter Lupa sur quatre générations mais le silence avait pris place.

Juste un son profond et ironiquement assourdissant, que manifestait le déplacement de cette puissance, avait envahit les lieux. Mais d'un battement de cils à l'autre, l'ambiance changea de ton. Lupa disparu plus vite qu'elle n'était apparue et une sensation de chaleur parcouru le dos de l'humaine qui comprit, instantanément, ce qui se passait. Se retournant furtivement, son corps eut rapidement le réflexe de se cacher les yeux et se retourner à moitié. Mais elle ne put pas trop s'inquiéter de sa vue lorsqu'elle sentit le sol de la bulle se dissiper, se préparant à ressentir la chute libre s'en prendre à ses tripes. Mais rien ne vint. A la place, elle sentait quelque chose tirer sur le dos de ses vêtements, la retenant dans le vide. Par réflexe instinctif, ses mains se levèrent, pour aller palper ce qui la retenait et relevant la tête, profitant que la lumière était moins vive pour observer sa source rapidement. Mayufu découvrit alors cette nouvelle forme d'Umar qu'elle avait vu lors de l'acte de résurrection que lui avait offert Xiris. Celle-ci lui souriait tendrement. Quand bien même la Flammèche n'avait qu'une expression complètement mélangée entre le soulagement et l'admiration, elle réussit à lâcher un faible chuchotement, souffle coupé et maladroit :

- Tu as réussis ! Lui souriant en retour.

Sentant alors qu'elle était fortement retenue et sécurisée, ses mains lâchèrent prises, dont la droite se maintiendrai agrippée à son épaule, le bout de ses doigts effleurant juste la poigne de la sorcière des Lumières, désormais, si on pouvait dire. Son éclat avait complètement irradié tout les environs. Plus aucunes ombres, permettant à Lupa d'agir à sa guise, avaient sa place. Cette lumière avait aussi le luxe de la réchauffer et ce, malgré que ses yeux peinèrent à s'habituer à nouveau à une telle intensité. Le vent caressant son visage et sifflant dans ses oreilles, Umar attira son attention à la fée et elle, histoire de quand même l'épauler à rechercher le Loup Géant qu'était Lupa.

Ni une ni deux, la jeune fille acquiesça et balaya les environs du regard. Elle aurait bien fait usage de sa flammèche optique lui permettant de détecter les sources de chaleur corporelle mais... dans une telle lumière, ce serait improductif. Elle blesserai son oeil plus qu'autre chose. Néanmoins, elle se souvenait de plus ou moins avoir repéré la rôdeuse un peu plus tôt, dans la forêt. Cherchant activement à reconnaître cet endroit, elle repéra la forêt, difficilement détectable, bien que presque entièrement brûlée. Ensuite, elle y repéra une forme humaine, assise en tailleur, semblant complètement immobile comme si elle avait décidé de faire de la méditation. Ne semblant nullement perturbée par ce soudains bain de lumière qui avait surgis et éclipsé Lupa. Que faisait-elle ? Attendait-elle le moment idéal pour s'attaquer à eux ou complètement autre chose ? Parce qu'au vu qu'elle l'avait protégée un peu plus tôt contre une charge meurtrière de Lupa, Mayufu se doutait bien qu'elles étaient plus tellement copines toutes les deux.

- Je ne la vois nulle part, Umar... ! Mais j'aperçois celle qui l'accompagnait, là-bas, dans la forêt. Elle ne bouge pas depuis tout à l'heure, juste assisse, je crois, comme si elle... méditait? Lança Mayufu, en pointant du doigt la direction de l'attroupement d'arbres calcinés où on pouvait distinguer la rôdeuse.

Un soudains mouvement, certes délicat, la fit s'éloigner de la sorcière, pendant désormais au bout de son bras par son manteau. La fée, quand à elle, pendait d'une bien piètre façon sûrement peu confortable pour elle. Pour peu qu'elle puisse voler à une telle altitude, évidemment, il pourrait s'en défaire et libérer la charge. Quand à la Flammèche, elle pourrait user de Bhaal si elle pouvait l'invoquer du temps qu'elle voulait mais ce serait user ses forces pour rien. Elle se doutait être un peu un poids mort à pendre comme ça au-dessus du vide. Mais la logique voudrait sûrement qu'elle se conserve pour tout balancer sur le coup fatal qui viendrait à arriver sur Lupa. Mais dans un sens, elle préférait tout de même se sentir proche de sa bien aimée.

Alors qu'une soudaine salve de lumière fut libérée par Umar, ainsi qu'une très forte chaleur, filant droit dans ce qui était le vide pour l'humaine. Que cherchait-elle à faire ? Qu'est-ce qui avait encore échappé à l'humaine à nouveau ? Elle put constater comme tout le monde que le rayon avait fini par s'écraser contre un mur invisible, sans raison. Perturbée, elle cherchait à comprendre elle aussi la signification de ce qu'elle voyait. Lupa les avait isolés dans un autre monde ou juste érigé des barrières ? Mais alors... Enfin... Pourquoi isoler aussi le jeune garçon alors que Lupa était visiblement revenue pour Umar et Mayufu ? Erinae, d'accord, vu qu'elle accompagnait cette dernière et était même devenue une de ses pairs. De sa propre volonté ou non, mais du peu qu'elle avait vu d'elle, elle s'était faite avoir et pas convertie de son plein gré, sans doute.

Et d'ailleurs, l'autre gamine, avait-elle été prise dans la cage elle aussi ? Tout cela, à la vue de ce rayon magique qui avait touché but dans le vide complet faisait resurgir les événements passés, de l'arrivée de Lupa à maintenant. Quel intérêt aurait-elle eu à isoler aussi la fée et les sirènes, dans la logique où elle ne voulait que Umar et elle ? Si elle tenait à jouer avec ses proies, devait rester quelques survivants dans les baraquements en feu mais la Flammèche n’apercevait personne d'autre. Parce que autrement... Si Le monstre avait isolé la zone complète, sans faire fit des autres individus présent dans celle-ci, la jeune fille aurait pu apercevoir d'autres personnes encore, en-dehors des sirènes qui avaient été massacrées plus tôt. Ils pourraient aussi peut être tous voir des gens s'attrouper autour de la zone, essayant d'entrer, non ? Mais rien, même pas de corps calcinés, ni de cadavres flottant ni même de blessés. Lupa aurait isolé que les deux sorcières si le but était de jouer sur leurs désespoir à elles seules. Mais en ce qui la concernait, Mayufu avait pour l'instant beaucoup de mal à saisir le sens de quoi que ce soit...

- Tu crois vraiment que c'est elle qui nous a coincé ici ? Enfin... pourquoi lui il est là ? Désignant le jeune garçon du regard, tentant d'essayer d'être moins stupide que son discours de tout à l'heure. Et je ne vois personne d'autres non plus... pas de cadavres, pas de blessés et les cris se sont estompés soudainement et je percute que maintenant que j'y repense mais la seule silhouette que j'ai discerné dans l'obscurité c'était la rôdeuse. Lupa... Elle nous voulait que nous, non ?. Demanda la jeune fille, toujours suspendue au-dessus du vide, les yeux levés vers la Sorcière de la Lumière.

Elle ne désirait pas trop s'avancer mais pensait tout de même que sa question exprimait clairement le doute quant au fait qu'elle trouvait illogique d'être les principales cibles mais d'en avoir d'autres, à côtés, complètement aléatoires, comme des cheveux tombés dans la soupe. Mais d'un coup, un détail la percuta à nouveau ! Avant que tout ne s'écroule ainsi avec Lupa, elle se souvint que le soleil avait comme "clignoté" plusieurs fois. La rencontre avec Lupa avait été faite de jour... Soudains elle avait installé les ténèbres et les deux sorcières s'étaient battues contre elle. Lupa manqua même de la tuer et, ce qui la sauva, ce fut le retour du soleil, comme si elle était sorties d'un mauvais rêves, blessant fortement son oeil au passage et forcément Bhaal à se poser en urgence. Paniquée, elle avait tenté de retrouver son amie mais rien, elle avait disparu et s'en était prise à la gamine malgré que la fée tentait de la calmer. La folie à l'état pure, se nourrissant de sa panique, l'avait saisie aux trippes. Elwing avait subit cela et s'était alors enfuies, la laissant seule avec le garçon. Laissant les questions de la Flammèche sans réponse... Cependant, le plus étrange survint juste à ce moment là. La cause de sa colère subite. Mayufu avait remarqué cet objet étrange que la gamine tenait en main, une sphère noire. Elle ne l'avait pas du tout avant sa rencontre et celle-ci était apparue au moment où Umar, Lupa et la rôdeuse avaient disparues dans la pénombre.

En premier lieu, elle s'était évidemment faite à l'évidence qu'Umar y était enfermée... mais elle aura jamais eu cette réponse. La petite s'étant enfuie, puis revenue, poursuivie par des personnes que Mayufu avait pas été capable d'identifier jusqu'à comprendre qu'il s'agissait des sirènes que Lupa avait massacrées. L'incendiaire avait tiré à vue en espérant l'aider et faire revenir Elwing vers elle, mais peine perdue... d'un battement de cils, elle avait disparu et les ténèbres avaient ressurgit et, à ce instant, elle retrouva enfin Umar.

- Et si... c'était cette gamine qui nous avait enfermés tous ? Elle tenait une sphère noire en main, quand tu as disparu avec Lupa et la rôdeuse, la première fois et le jour et la nuit se sont interposés deux fois... J'ai voulu m'en prendre à elle, convaincue que tu étais là-dedans. Le garçon m'a retenu et elle s'est enfuie... Mais d'un coup, sans rien comprendre, d'une seconde à l'autre, elle est revenue, poursuivie par des sirènes et s'est ensuite juste volatilisée devant nos yeux. Prenant le temps de lui résumé rapidement l'histoire, le regard toujours à la recherche de Lupa. Maintenant que ça m'est revenu... j'aurai dû y penser plus tôt évidemment... mais je ne pense pas que ce soit Lupa qui nous a coincés ici mais la gamine.

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MessageSujet: Re: Tout Feu, Tout Flamme   Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Icon_minitime1Dim 6 Fév - 18:20

Cependant, ce n'était apparemment pas aujourd'hui que pourrait se réaliser ce vide qui grandissait déjà en moi depuis tant de temps. J'avais pourtant préparé mon cœur... Non, à qui est-ce que j'essayais de mentir ainsi ? Je m'étais simplement laissé faire. Il y avait bien longtemps que je n'avais plus vraiment pris de choix. Perdu dans cette suite d'événements inextricable, dans ce destin malheureux qui m'enveloppait tel un linceul, je sentais bien que mes actions n'auraient jamais réellement de valeur, quoi que je fasse. C'est d'ailleurs pour cela que je m'étais résigné à être rejeté sur le sol, tel un appât, une offrande dont on ne dirait pas le nom.

Mais alors, comment expliquer ce que je ressentis finalement lorsque l'on annula mon sacrifice ? Même moi, je reste encore confus concernant cette masse vague, lourde, profonde qui me traversa. J'aurai dû être heureux, non ? heureux de n'être finalement pas condamné à cette mort certaine. J'aurais dû. Je pense qu'une partie de moi le fut effectivement, une partie seulement. Et cela n'était pas assez. J'aurais dû vouloir courir. J'aurais dû rire aux éclats. J'aurais dû remercier, mille fois remercier, cette étrange femme qui, bien qu'elle ne se soit pas montrée extrêmement bien attentionnée envers moi jusqu'à présent, me sauvait la vie, la vie, cette fois-ci encore. J'aurais dû... J'aurais dû... Mais non.

Non. Je fus triste à la place, triste et, je crois, presque rageur. Quoi ?! On me refusait même cela ?! On me refusait même la possibilité de devenir un sacrifice ?! J'avais donc réellement été réduit à ce point d'inutilité ? Où se trouvaient ce bon vouloir, ce courage, qui m'avait caractérisé, ou du moins avec lequel, moi, j'avais voulu me caractériser moi-même. Malgré tous ces désirs, était-ce vraiment cette silhouette pathétique et tremblante, était-ce ce moins que rien méprisé et rejeté, était-ce cela que je voulais être ? Je... Non, je ne crois pas. J'étais moi-même ; j'ignorais certes mon nom mais je savais une chose certains : je voulais aider.

Je recroquevillai mes membres sous mon corps, fermant les yeux. Je n'étais qu'une fée, un être fragile, plus fragile qu'un humain, mais cette réalité n'était pas celle que je voulais voir. Je voulais décider. Je voulais décider d'être autre chose. Alors je m'imaginai grandir, grandir, devenir fort et vigoureux comme le tronc d'un arbre. Je m'imaginai au cœur de mille et mille vents, parmi les odeurs, les sons, les lumières, comme des racines me connectant à la totalité du monde. Je m'imaginai souple et résistant, capable de plier mais jamais ne cédant, vif et vivant comme les feuilles, comme les herbes, comme les roseaux. J'étais moi-même, moi-même, et peu importe si personne n'était capable de me voir ainsi de l'extérieur. Je m'en fichai, c'était à moi de choisir, et puis c'est tout.

Et, lorsque la bulle éclata, j'abandonnai tout le reste. Les yeux fermés, concentré sur moi-même, je me mis à battre des ailes, fort, très fort, si fort que jamais la tempête ne devait plus jamais m'ébranler sans que vienne le printemps à mon secours. Je battis des ailes et je m'envolai. La terre, le sol, la gravité n'avait plus de prise sur moi. J'étais une fée, j'étais moi-même, je pouvais voler. J'ouvris grands le bras et je me mis à rire.

Puis, Umar vint nous attraper, comme dans l'étreinte apaisée d'une mère. Elle brillait telle un soleil qui vient de sortir soudainement des ténèbres d'une éclipse. Je sentis son regard sévère, puissant et, je dirais, juste. À côté de moi, dans son autre bras, je sentais la joie de sa compagne. La vérité, c'est qu'il y avait de l'amour dans cet être lumineux, cette femme aux remarques acerbes, cette dame qui avait changé. Je ne le voyais certes pas, mais je n'en avais pas besoin. Car, au fond de moi, je le savais. Et tout le monde aurait pu le deviner aisément. Il suffisait pour cela de ne pas regarder son visage à elle, mais celui de son aimée, abritée sous son éclat protecteur. Dans les yeux, je lui souris en retour. Je lui souris, parce que, moi, je le savais. Et tous les environs furent recouverts de clarté.

Je fermai légèrement les yeux pour m'habituer à cette nouvelle vue, tout en respirant à plein poumon. Je me sentais enfin libre, calme, capable de faire tout ce que je désirais. Glissant dans mes pensées, j'étais bien plus grand que ma simple enveloppe corporel. J'étais gigantesque, titanesque, j'étais grand comme le monde. Ouvrant les ailes et les bras pour embrasser l'air, tandis qu'elle m'écartais de son corps. Je sentais qu'il aurait suffi seulement qu'elle me lâche pour que je prenne mon envol. Car j'étais le vent. J'étais l'odeur de pin et de forêt. J'étais les feuilles qui s'agitent dans la tempête et suivent les saisons. J'étais même la douceur du silence et des ténèbres et la caresse du poil chaleureux des animaux qui courent. J'étais tout. Je me sentais tout.

Cependant, en entendant les mots de la jeune faucheuse, mon attention glissa paisiblement vers la rôdeuse. Je n'avais pas besoin d'ouvrir les yeux davantage, parce que je la sentais déjà. Elle faisait partie de moi, elle aussi, la température du bois humide et la tendresse de l'humus. Il est vrai qu'après l'avoir sortie de l'eau, comme dans un songe, je l'avais laissée seule. Je souris avec bienveillance. Il était temps que je vienne la sauver à son tour, elle aussi. C'était là que je sentais ma place.

Je me retournai vers les deux femmes. Elles avaient déjà commencé une nouvelle conversation. Elles, elles étaient déjà ensemble. Elles pouvaient veiller l'une sur l'autre, tandis qu'elles affrontaient des dangers toujours plus grands. Cela confirmait bien ce que je pensais : il n'était pas dans mon rôle de rester auprès d'elles mais plutôt de m'envoler vers des cieux plus éloignés, vers des endroits où l'on pourrait vraiment avoir besoin de moi et de mon secours. Ainsi, tandis que la fille du feu avait déjà commencé un nouvelle discussion sur cet espace en lui-même, je l'interrompis paisiblement :

- Excusez-moi, il faut que je vous dise quelque chose. Tout d'abord, je vous remercie grandement d'être resté avec moi aux moments où je me suis senti le plus faible et où j'en avais le plus besoin. J'ai conscience de ne pas avoir pu vous aider au meilleur de mes capacités durant les derniers instants. Et de cela je m'en excuse auprès de vous. Je sais que cela vous en a coûté et je vous remercie vraiment pour vos actes désintéressés envers moi. En ce sens, je vous dois certainement la vie par rapport à tout ce qui s'est passé, et je ne pourrai sans doute jamais réellement vous rendre grâce.

Ainsi, c'est pourquoi, même si nous ne sommes pas partis sur le meilleur des chemins ensemble et que, en soi, nous n'avons pas réellement les mêmes buts...
Pour lui en effet, il semblait complètement exclus de tuer la pauvre louve qui les attaquait, même si elle les mettait ainsi en danger. ...malgré tout cela et bien que aussi nous ne nous connaissions pas totalement les uns les autres, je voulais que vous sachiez que je vous considère comme des amis pour moi et que je vous souhaite le plus de chance possible dans ce que vous entreprendrez, quoi que cela soit.

Néanmoins, je pense que mon rôle est ailleurs. J'ai le sentiment que je pourrai être plus utile autre part, auprès de celle que vous appelez la rôdeuse. Il n'y en effet personne qui puisse veiller sur elle, elle. Cependant, ne vous inquiétez pas pour moi. Je ne vais pas vous dire que je sais tout-à-fait ce que je fais, mais j'ai foi en ce que mes propres bonnes actions ne peuvent amener que du mieux pour tout le monde.
J'avais conscience que cela pouvait paraître naïf, mais s'il y avait quelque en quoi je croyais c'était bien cette naïveté-là.

Et puis, il me semble que la bête est à peu près par là donc je ne risque rien, rajoutai-je finalement en pointant du doigt l'endroit où il me semble que j'avais senti Lupa. À vrai dire, je ne savais pas vraiment d'où venait cette certitude, mais j'avais foi en moi. Après tout, j'étais comme une racine reliée aux essences du monde entier. C'est moi qui l'avais décidé.

Puis, après avoir ainsi parlé et avoir adressé de derniers sourires rassurants envers les deux femmes, je caressai doucement la main qui me retenait encore, pour lui faire signe de me lâcher, leur adressant encore de dernières paroles de réconforts :

- Surtout, gardez confiance en vous-mêmes.

Puis, je me laisserais chuter. Je glisserais vers le sol et les ténèbres, mais je n'aurais pas peur, j'aurais confiance. Car, à tire d'aile, tel une libellule danseuse, je valserais désormais entre l'ombre et la lumière, glissant aérienne et silencieuse comme un insecte, vers celle que j'allais aider : la rôdeuse. Oui, j'allais l'aider. Oui, je ne craignais plus rien. J'étais moi-même ; j'étais extraordinaire ; rien ne pouvait me nuire.

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MessageSujet: Re: Tout Feu, Tout Flamme   Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Icon_minitime1Mer 23 Mar - 12:46

Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Umarav10

La douce quiétude qui s'était installée entre la Flammèche et moi, fut troublée par l'intervention orale de l'autre morpion. Si j'avais accepté de tolérer sa présence, c'était uniquement pour Mayufu. Qu'il n'aille surtout pas s'imaginer que tout lui était permis à la simple idée de me savoir plus magnanime. Je pris toutefois sur moi de prêter oreille à ses dires, si désuets soient-ils. Il nous remerciait, s'excusait de son inutilité, tourna autour du pot une fois, deux fois, avant de finalement dévoiler le fond de sa pensée. Une chance, car s'il aurait encore trainé en longueur, j'aurais fais un noeud de ses ailes pour le pendre avec ! Je serrai des mâchoires à l'écoute de ce que je redoutais, le microbe venait de faire savoir son désir d'aller pourrir la vie de quelqu'un d'autre. En somme, tous ces efforts que j'avais fourni pour ne pas l'achever, n'avaient servi à rien ! En ce qui me concernait, je ne voyais en lui qu'un faire valoir pour la Flammèche, un moyen pour elle de se détacher de moi à travers lui. Mais maintenant qu'il avait dévoilé ses intentions, la lumière qui irradiait de mon buste se mit à faiblir, jusqu'à cesser complètement. Le gamin voulait rejoindre la rôdeuse, celle-là même qui avait amené la bête, ne permit guère à Mayufu de lui répondre, puis me fit comprendre de le lâcher. Alors que ses doigts agressaient ma peau, ma poigne qui enserrait la seule fripe qui recouvrait la base de son corps décharné, se comprima sous la force de ma colère. Nous étions des tueuses, et avions déjà assassiné pour moins que ça. Solliciter ma patience en continuant de nous coller malgré mes tentatives pour le chasser, avant de tout-à-coup décider de tailler la route quand enfin je m'étais résolue à céder aux caprices de la Flammèche. J'avais de quoi me sentir trahie ! Aussi, après son ultime souhait à propos de la confiance, j'entrepris de le tuer !

L'air de rien, comme si cela lui était égal, Mayufu reprit son enquête à propos de Lupa. Le son de sa voix me parvenait du lointain, pendant qu'un souvenir étranger m'envahissait. Alors que j'étais sur le point de faire frire l'autre andouille avec mes pouvoirs sur la lumière, voilà que je flottais dans un environnement chatoyant cerclée par une foule de visages inconnus. Face à moi, une femme, deux nourrissons se pelotonnaient dans ses bras. Consciente de déphaser, je fis en sorte de m'extraire de cette vision fantaisiste pour revenir à la réalité. Il était hors de question que me disperser à cause d'une éventuelle fatigue. A mon retour, je fronçai les sourcils, ma main gauche était vide ! Mon absence avait manifestement contribué à la libération du morveux... Il me suffit de regarder en contrebas pour constater qu'il s'était sorti indemne de mes griffes. Je voulus plonger pour fondre sur lui tel un aigle, mais les murmures de cette femme résonnaient encore en moi : "Loominëi, Yelena...". Qui étaient ces chiards ? et surtout, pourquoi je me souvenais de ça ?! Depuis que nous arpentions ce monde, mon nouveau corps ne m'avait encore légué aucun de ses souvenirs, alors pourquoi ici et maintenant ? Serait-ce la faute de cette Xiris ? de cette forme lumineuse ? des deux à la fois ? Alors que mon regard suivait la chute du microbe, les paroles de la Flammèche reprirent, m'arrachant à mes songes.

Les déductions de Mayufu mirent un certain temps pour se frayer un passage au milieu de tout ce tumulte qui sévissait en moi. Et malgré ce fait indéniable, je compris qu'elle était dans le vrai. La gamine qu'elle avait préservé de mon courroux à l'instar de l'autre crevette, serait directement responsable de notre emprisonnement. Pas d'échappatoire pour une mort certaine ! Car il ne faisait aucun doute que je m'épuiserais bien avant cette Lupa... Cette fois-ci, j'avais toutes les raisons pour laisser exploser ma rage ! Instinctivement, j'agitai le bras reliant la main qui agrippait la Flammèche. La secouant frénétiquement d'avant en arrière, donc de droite à gauche pour elle, j'hurlai ma rage !

- Je t'avais pourtant dit qu'il fallait la noyer ! La secouant de plus belle, j'appuyai ma soufflante par une question. Je ne te l'avais pas dit ? HEIN ?! Je la violentai jusqu'à ce qu'un craquement finisse par faire retomber ma colère.

Déçue, affligée, je consentis à ce que la lumière me déserte. Ma métamorphose en être de la nuit s'en suivit, permettant aux ténèbres d'inonder à nouveau notre geôle. Umar s'était montrée négligente et trop permissive, une faiblesse qui les avait conduites tout droit à cette situation des plus fâcheuses. A cours d'idées pour se sortir de cette parallèle, la sorcière fut forcée de faire son grand retour pour un ultime combat. Bien que défaitiste quant à l'issue de cet affrontement, Umar comptait bien le mener à terme. Tel était le prix pour avoir sauver une gamine qui ne représentait strictement rien à leurs yeux...

Du côté de la rôdeuse, rien n'avait bougé. Hortensia lovée contre son giron, Erinaë ne cessait de scruter tout autour d'elle. Elle souhaitait avec ardeur que les yeux se mettent à luire, pour ainsi affronter le monstre sur son propre terrain. Mais dans l'espoir que cela se produise, la jeune femme devait se montrer patiente. Ecourter les pleures de l'enfant ne précipiterait point ses réponses. Aussi, le mieux qu'elle pouvait faire, et ce, en dépit même du danger qui la guettait au dehors, était d'attendre que la petite se confie à elle. Puis doucement, sans réellement s'en rendre compte, Erinaë se mit à fredonner une berceuse en Elfique, celle-là même que lui chantait sa mère, sa véritable mère...

Pendant ce temps, sur Astrune...

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Non sans difficulté, Elwing parvint à semer ses derniers poursuivants. Trouvant refuge dans les ruines encore fumantes d'Herlin, elle resta cachée pendant que les hommes du Roi infestaient la zone comme des cafards. Un vortex s'était formé sur la plage peu après sa fuite, à partir de là, il était facile de déduire que ces cancrelats venaient de la capitale pour restaurer l'ordre. Pas de bol ! songea t-elle en ricanant. Le globe ténébreux dans ses mains, l'Haliade en lustra la surface tout en se disant que justice avait été rendue. Mais s'était sans compter sur la discrétion d'un rescapé qui signala sa présence aux gardes ! L'idiot crut reconnaître l'incendiaire, et fut bien désolé de constater à quel point il fit erreur. Suspectée à cause de son comportement, Elwing fut menée jusque devant le sorcier responsable du portail dimensionnel. Si seulement il savait ce qu'elle pouvait faire, il en pâlirait de jalousie ! La gamine expliqua être également une victime, mais le mago lorgnait son orbe avec une insistance malsaine. Puis il finit par lui demander ce que pouvait bien être cette relique. Fidèle à elle-même, Elwing s'empressa de rétorquer !

- J'suis une voyante j'ai l'droit non ?! Beugla t-elle.

Les hommes encagés dans leur ferraille se mirent à rire, contrairement au sorcier qui demeura neutre. Il sentait bien l'énergie qui en émanait, car outre le fait qu'une boule de cristal noir soit contrindiquée pour la pratique de la voyance, celle-ci se mit tout-à-coup à briller comme une étoile ! Gênée, Elwing se hâta de la dissimuler sous ses vêtements. Bousculée par les soldats pour lui faire payer son effronterie, l'Haliade fit choir son bien dans le sable, lequel recouvra sa sombre apparence. Nul besoin d'être un prophète pour prédire le déclin des évènements qui allaient s'en suivre...

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MessageSujet: Re: Tout Feu, Tout Flamme   Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Icon_minitime1Lun 28 Mar - 13:35

Convaincue que son hypothèse tenait la route, la jeune fille restait là, suspendue au-dessus du vide par la poigne de son amie, attendant une quelconque réaction. Observant avec attention le moindre mouvement suspect sous ses pieds qui pouvait être fait. Espérant repérer Lupa et pouvoir enfin agir en étant avantagée par la lumière émise par la nouvelle forme de son amie. Néanmoins, la situation changea du tout au tout et elle ne viendra pas de la louve, c'était un peu plus surprenant. Aussi ironique que cela pouvait laisser paraître, Mayufu se retrouvait soudainement dans une situation extrêmement embarrassante vis-à.vis de Umar. Pourquoi donc ? Tout simplement que le jeune garçon qu'elle avait tiré des griffes de cette dernière, tout comme elle lui avait retiré la gamine un peu plus tôt, se mit à partir dans un monologue qui perdit immédiatement la jeune Féérunienne, décrochant littéralement de ce qu'il disait. Mais... qu'est-ce qu'il baragouinait ? Se faisait-il tant d'idée que ça ? Non. Mayufu ne l'avait pas sauvé uniquement pour le sauver lui, mais pour sauver Umar. La sauver d'une mise en garde lancée par la Dèesse Xiris elle-même, qui se tenait face à elle il y a encore quelques instants à peine. Pourquoi croyait-il alors qu'ils étaient tous des amis juste parce qu'elle avait agit de la sorte ? La jeune fille n'éprouvait rien à son égard. Tout ses actes allaient dans le sens de l'hybride, jamais elle n'avait ressentit la moindre affection pour ce dernier si ce n'est un instant de faiblesse extrême due à la panique et l'impuissance qu'elle ressentait. Certes, son comportement avait été tout l'inverse de ce qu'elle ressentait présentement, elle ne le savait pas pourquoi... Néanmoins, la peur panique que la Divinité de la Nature mette ses menaces en application la faisait complètement vriller sur son comportement, ne sachant alors plus sur quel pied danser pour être en adéquation avec toutes les attentes.

Mais ce qui était fait était fait, elle ne pouvait pas changer quoi que ce soit. La seule chose qu'elle retenait, c'était que, encore une fois, elle aurait simplement dû rejeter toutes présences avec hargnes afin de les éloigner directement. La Féérunienne fit la moue et braqua un regard noir sur le jeune garçon. Si elle en avait eu la force et une surface dur sous les pieds, elle lui aurait collé une gifle et envoyer valser son front sur le sol. Pour l'avoir tant ridiculisée même si elle le méritait au final. Bien évidemment, il avait décidé de partir vers la rôdeuse, comme elle l'avait indiqué plus tôt mais... au final, c'était plus contre elle-même qu'elle était en colère. D'avoir trahis Umar. De l'avoir forcée à accepter cette situation et de s'être laissée emporter dans un piège absurde. Mais Mayufu ne pouvait se résoudre à laisser une Divinité s'en prendre à son amie, quoi qu'il en coûte. Il fallait qu'elle le lui explique, maintenant qu'une accalmie s'était présentée mais elle ne savait pas si c'était le moment de le faire.

Muette comme une tombe, et tout aussi sourde aux paroles de ce garçon, la jeune fille suivit ce dernier chuter dans le vide et s'envoler d'un regard vide. Une grimace colérique traversant sa figure de part et d'autre. Ce coup-ci, elle ne bougerait plus le petit doigt pour qui que ce soit et se contenterait de contenir Umar du mieux qu'elle le pouvait. Il était temps pour elle d'arrêter de se planter. Elle devait des excuses à cette dernière, de toutes urgences, après une telle scène, afin de ne pas subir le contre-coup qu'elle craignait tant lui épargner.

- Umar... Je... AaAaAaAah ! Fut-elle brutalement coupée dans sa lancée, secouée de toutes parts, de plus en plus fort, la voix d'Umar s'étant subitement élevée pour la gronder. Tentant d'aggriper son avant bras de main droite, Mayufu tentait de lui faire comprendre d'arrêter jusqu'à qu'un gros craquement dans la nuque, faisant faire la grimace à la jeune fille. Arrête de me secouer ainsi ! Je me suis plantée, oui, je suis désolée Umar ! Mais je peux te l'expliquer ! C'est à cause de Xiris si j'agis ainsi, elle nous a implanté un truc que, si on tue ou nous nous fions qu'à nos pulsions, on dépérira sans pouvoir rien faire... Je te protégeai juste à ma manière jusqu'à trouver un moment pour te l'expliquer plus en détail qu'avant... Mais on doit se sortir de là avant que Lupa ne puisse reprendre toutes ses forces et de... Umar ?

De part le simple fait que l'environnement entier s'assombrissait et du changement de physique de son amie, l'humaine comprit qu'elle avait échoué. Une fois de plus. Mais elle n'avait ni trouvé les mots ni le moment pour lui expliquer ses gestes, Il fallait qu'elle le fasse rapidement et peu importe comment elle s'y prendrait. L'aura que dégageait Umar n'était pas bon elle ressentait bien qu'elle partait défaitiste quant à la situation et Mayufu ne permettrait pas au destin de la lui enlever, quitte à agir de manière étrange ou de se ridiculiser, s'il le fallait.

- Umar... Ne perds pas le contrôle sur toi, je t'en prie ! D'un mouvement maladroit mais quelque peu calculé, elle parvint à s'agripper fermement au bras de la sorcière et à se balancer jusqu'à pouvoir s'accrocher à elle, les bras enlacés autour de sa nuque et la serrer aussi fort qu'elle le pouvait pour ne pas glisser et tomber, le temps qu'elle la retienne. Son visage lové dans le creux de sa nuque. Je n'ai que toi. Je ne veux que toi. Je suis prête à mourir pour que tu vives, quitte à me sacrifier ou à me ridiculiser. Même si Xiris a mis un frein en toi pour que tu repousses ton côté violent et vils, je ne la laisserai jamais te faire quoi que ce soit. Pour cela que j'agis ainsi. Je ne suis pas douée pour m'expliquer mais je suis sûre que tu peux comprendre que je te protégeais. Alors, je t'en prie... ne sombre pas. On s'en sortira, toutes les deux, je crois en toi.

La serrant toujours de toutes ses forces, pour la réconforter, pour s'excuser, pour ne pas tomber aussi, la jeune fille espérait que ses mots toucheraient juste. Espérant aussi ne pas avoir été trop maladroite sur sa manière de faire mais elle n'avait pas trouvé d'autres choses, laissant alors son instinct agir, peu importe la manière que celui-ci avait décidé de faire. Au final, elle pouvait bien mourir, ça lui était égale, tant que Umar pouvait survivre. Elle ferait tout en ce sens, même d'affronter Lupa seule, peu importe de savoir si elle avait aucunes chances contre elle. Ses bras se serrant autour de sa nuque, les yeux fermés, elle attendait, n'espérant qu'une réponse. Peut être bien même qu'elle était dans le faux et était plus envahissante que jamais et ne faisait que gêner. Peut être bien. Mais peu importe. La mort dont elle était revenue tout à l'heure lui avait bien fait comprendre qu'il ne fallait pas se priver de dire ou démontrer ce que l'on ressentait vis-à-vis de l'être cher. De ce fait, elle nourrissait un espoir incommensurable sur la volonté d'Umar de vaincre.

- S'il te plaît, laisse la lumière en toi exploser, à nouveau... je suis persuadée que c'est la clé pour sortir d'ici et qu'on puisse enfin s'en aller de là... J'aurai tout le temps de me faire pardonner après et de m'expliquer... Lui suggéra d'elle dans un murmure.

Trop faible pour agir elle-même, bouillonnante de frustration. N'ayant même pas de quoi faire crépiter un petit incendie, la jeune humaine ne pouvait que ravaler sa fierté et accepter sa faiblesse du moment. De ne pas pouvoir aider Umar autrement que par les simples gestes et mots. Néanmoins convaincue de ce qu'elle lui proposait, en plus de la soudaine disparition de la louve avec cet afflux de lumière, l'humaine misait tout dessus. Dans la pénombre, malheureusement, Umar s'épuiserait probablement avant Lupa... à moins qu'une puissance insoupçonnée ne finisse par émerger de par la résurrection causée par Xiris ? Dans tous les cas, peu importe le scénario qui se présenterait à elles, Mayufu avait foi en Umar et personne d'autre.

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MessageSujet: Re: Tout Feu, Tout Flamme   Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Icon_minitime1Mar 31 Mai - 11:40

Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Elwing10

Le séant enseveli dans le sable, Elwing dévisagea le mage depuis l'arrière de ses cheveux qui retombaient en cascade devant son visage. Pour qui se prenaient ces nigots de la capitale ? Ronfla t-elle dans son for intérieur. Parce qu'ils faisaient deux fois sa taille, et qu'ils étaient douze fois plus nombreux qu'elle, ils pouvaient tout se permettre ? Peut-être qu'auprès des petites gens la méthode avait fait ses preuves, mais pour l'Haliade, cette approche avait tout d'une déclaration de guerre. Entre mère qui se trouvait sur l'autre versant de l'île, implorant sans doute son miroir afin de savoir quoi faire, et son père tourbillonnant parmi les morues de Thelxépia, nul n'était en mesure de tempérer le feu qui brûlait en elle. Aussi, après avoir essuyé une nouvelle série de moqueries de la part des gardes qui l'encerclaient, Elwing se releva les bras croisés devant sa poitrine, elle le fit lentement que son corps donna l'impression d'être contrôlé par une force invisible. Et quand enfin elle fut debout, elle écarta ses cheveux à l'aide de ses index en partant du sommet de son front, jusqu'à la base de son cou. Par ce geste, le jeune fille révéla ses intentions par un étrange rictus qui campait sur la commissure droite de sa bouche. En s'attardant sur son faciès, le responsable de l'escouade allouée à la sécurité de Chaara-khole se sentit coupable d'une chose qu'il ne pouvait définir. Il aurait beau être aussi pur que le nourrisson qui vient de naître, le mage éprouverait malgré tout ce sentiment de culpabilité. Son expression d'abord amusée se mua rapidement en un masque grave et livide, plus encore lorsqu'il comprit être la proie de son regard glacial.

- Je pense que vous allez très bien vous entendre ! Ricana l'enfant avant de frapper dans ses mains.

Après que ses paumes s'eurent entrechoquées, le jour laissa place à une nuit sans lune ! Surpris par cette soudaine obscurité, les hommes d'armes se prirent à regarder en tout sens. Une opportunité que Elwing sut saisir en détalant vers la mer. Car oui, cette fois là l'Haliade ne se volatilisa point. Et pour cause, celle-ci avait rendu au réel, l'ensemble de ses prisonniers !

- BONNE BOURRE ! Beugla t-elle alors qu'elle ratait sa course pour se crouter dans le sable.

Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Um12

Fidèle à elle-même, la flammèche était désolée de ce qu'il se passait. Quand bien même elle fut à l'origine de tout ceci, son discours demeurait identique aux précédents. Umar songea à cet instant qu'il ne lui était point nécessaire d'avoir d'ennemis avec une alliée aussi anarchique ! Désormais enroulée autour de son cou tel un boa constricteur, Mayufu supplia la sorcière de ne point succombée aux ténèbres. Elle l'entendit, mais éventa ses paroles, qui prises en défaut, ne lui donnait plus le droit à l'écoute. De ses mains puissantes elle se saisit de ses bras, délia son étreinte avec aisance, et ce, malgré la robustesse des muscles qui les bardaient. Umar la garda suspendue un instant, la fixa une dernière fois, puis la laissa choir dans l'abime qu'elle avait fait naître. Un long cri serait bienvenue, mais là encore, la flammèche lui retirerait ce plaisir... D'une manière ou d'une autre, elle s'arrangeait toujours pour lui ternir ses envies, lui arracher ses satisfactions. Alors pourquoi cela devrait-il demeurer un songe ? Le temps de jubiler à la manière dont elle pourrait se débarrasser de son fardeau, Umar permit à une poignée de mots d'atteindre le siège de sa conscience. Hélas, eux se liant à son humeur du moment tendait à tourner l'évènement aux frontières du ridicule : "Ce n'est pas moi c'est Xiris !" avait-elle laissé entendre. "Je te protégeais contre ta vilénie, ta violence !". Telles étaient les phrases que la sorcière des ténèbres entendait. Sa vilénie et sa violence ? Oui, sans doute que fracasser une île sur une grande ville pouvait être perçu comme vil et violent, surtout si c'était pour secourir une créature vile et violente comme cette bécasse de Mayufu ! Sa rage montait crescendo à mesure qu'elle vomissait son fiel.

A l'instar d'un serpent, Umar siffla pour que cette fille ferme son clapet. Hélas, enfermée dans son obstination, celle-ci n'en fit rien, conseillant même de laisser la lumière faire son retour afin de reprendre le duel. Mais qu'est-ce qu'elle ne comprenait pas dans sa démarche ? Contrairement à elle, la nuit ne lui avait jamais fait défaut, et si jamais elle venait à périr au coeur de cette dernière, Lupa serait alors son digne successeur !

Le hurlement du monstre retentit à ce même instant, comme s'il cherchait à donner raison aux pensées d'Umar. Motivée pour se débarrasser de la gêneuse, la Démone concrétisa le songe qui l'avait tantôt investi. D'un geste sûr, elle défit les bras de la flammèche qui cerclait son cou, puis la garda suspendue au-dessus du vide en la maintenant par ses poignets. Un second hurlement fit écho, et bien qu'il galvanisa Umar pour affronter le Destin que lui avait imposé Mayufu, elle n'était cependant pas suffisamment souillée pour la lâcher de cette hauteur. Aussi réduisit-elle la distance entre le sol sablonneux et sa personne, et quand elle estima l'heure venue, Umar prononça ces mots :

- Va plutôt croire en ceux pour qui tu t'es parjurée ! Puis avec un regard lourd de sens, elle ajouta : Laisse donc la vile et violente Umar à ses démons !

La démone prit soin de siphonner à celle qui fut sa protégée, la part d'énergie qu'elle lui avait prêté au cours du combat, et même s'il n'en demeurait qu'un fragment d'étincelle, la flammèche aura tôt fait de s'en rendre compte. Pas de phénix pour amortir sa chute, pas de feu pour percer l'obscurité, et pas même la chaleur pour repousser les moustiques. Tout comme elle, Mayufu allait se retrouver sans rien, nue face à la fatalité ! Aussi, lorsqu'elle fut à cinq mètres du sol, Umar lâcha la fille de Bhaal sans même assister à son atterrissage. Sans doute aurait-elle dû, car dès que la flammèche fut accueillie par le sable de la plage, un homme drapé d'une cape apparut derrière elle, dos à dos. Elle aura tout juste le temps d'entendre une voix familière s'écrier "Bonne bourre !", qu'un soldat fera remarquer au mage la présence de Mayufu. Mais un hurlement, troisième pour certains, épargnera à cette dernière le traitement qu'avait pu subir Elwing un peu plus tôt. Naturellement, les guerriers se regroupèrent autour de leur meneur.

Un grognement survint depuis Timur, puis un autre, à peine dix secondes après le précédent, depuis Barat. Le mage n'avait encore jamais ressenti pareille saveur sur sa langue. Il comprit néanmoins rapidement qu'il s'agissait là du gout de la terreur. Il voulut rappeler la gamine pour s'excuser, et ainsi espérer qu'elle défasse ce qu'elle avait orchestré, mais il se savait déjà mort. Pas une seconde il se serait douté qu'une fillette d'apparence si banale, pouvait libérer une puissance issue des cauchemars les plus enfouis. Ses hommes le supplièrent de les reconduire à Nandis en balafrant le décor d'un de ses portails dimensionnels, mais le mage s'y refusait. Pas question de risquer la tranquillité de la capitale pour une poignée de fantassins. Au lieu d'exaucer leur voeu, le mage ordonna aux hommes de se battre s'ils voulaient de nouveau profiter du confort de leur foyer, et que si l'envie de fuir les prenait, la froideur de la tombe sera leur seule et unique demeure ! Mais le monstre se moquait bien du moral des troupes, car d'un seul bond, il fondit sur l'escouade pour la mettre en pièce. Des membres et des organes jaillirent telle une pluie de serpentins un jour de carnaval. Des cris d'effroi et de douleur déchirèrent la nuit, tandis que des lambeaux de chair recouvraient la plage. Et quand le silence fit son retour, les ténèbres se replièrent face aux assauts de la lumière du jour, laissant une Elwing plus pâle qu'un os blanchi par le soleil de Pyros. Le visage à moitié recouvert de sable, elle finit par détacher son regard des restes ensanglantés, pour se fixer sur l'incendiaire ! Consciente de la colère qu'elle avait dû susciter en l'enfermant dans sa sphère, la petite voulut prendre ses jambes à son cou pour disparaitre vers le large.

Les plaintes de la population locale ne tardèrent point à se faire entendre depuis l'autre côté de la bute. Mais alors que tout laissait croire que le pire était passé, un vent violent se leva, emportant avec lui nombre de cimes calcinées. Souffrant d'un air de déjà vu, cette tempête naissante suffit à faire taire les pleurs et les cris. L'Haliade prit cette annonce de mauvais augure très au sérieux, si bien qu'elle tenta de réitérer l'exploit de la sphère, et tant pis si celle-ci l'encombrait une fois matérialisée ! Sauf que cette fois là, rien ne se passa. Quand soudain, sortant du rideau de fumée qui s'échappait des ruines d'Herlin, une femme tout de blanc vêtu s'avança en direction de l'incendiaire. Auréolée du même mystère qu'à sa première apparition, la blondasse aborda son obsession dans un silence éloquent.

Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Lupa10

De puissantes rafales soulevaient le sable par kilos, aveuglant quiconque se trouverait sur la plage. Exception faite de cette femme qui semblait venir d'un autre monde, un monde où le vent et le sable n'avaient pas prises sur elle. Quand elle accosta l'incendiaire, elle se retrouva à nouveau hors du temps, comme la première fois. L'inconnue à l'ombre monstrueuse lui afficha un sourire nappé de la sauce de son dernier repas, les hommes de Nandis. Celle-ci resta plantée devant la fille du feu quinze longues secondes avant de porter sa main jusque sur sa joue. La délicatesse guida son geste, jusqu'au moment où un ongle insidieux s'insinua dans la chair de sa vis-à-vis, marquant sa pommette d'une toute petite entaille. La femme finit par porter l'extrémité tranchante de son index jusque dans sa bouche, mais avant qu'elle n'eut le temps d'exprimer son ressenti, une masse ombrageuse s'abattit sur elle ! Umar tenta de s'interposer, sans pouvoir hélas en découdre, car Lupa venait de se volatiliser. Il n'y avait plus la moindre trace de cette dernière, l'accalmie qui s'en suivit confirma par ailleurs cette observation.

Dès l'instant où elle largua Mayufu, Umar s'isola dans les ombres pour faire le point. Et bien que la flammèche méritait ce qui lui arrivait, la Démone peinait à se reconnaitre. Et pour être tout à fait honnête, elle avait tout d'une adolescente en cet instant. A la recherche d'une nouvelle identité, la fille du feu ne l'aidait point. Mais m'en débarrasser serait tirer un trait définitif à tout ce que je fus ! Que devais-je faire ? Il fallut que cette femme, Lupa, menace la Flammèche pour que je mette de côté mes tourments. Je lui vins en aide, mais l'autre avait déjà disparue. Où était-elle ? quand reviendrait-elle ?

Umar n'imaginait point qu'à l'instant où elle lâcha Mayufu, celle-ci avait cessé de lui appartenir. Désormais, c'était dans l'ombre de Lupa qu'elle allait marcher ! Mais ça bien sûr, aucune des deux ne le savaient encore. Les premiers symptômes paraitront dans quelques heures, et quand la lumière sera faite sur l'infection qui sévissait en elle, une course contre la montre pourra alors débuter. Quant à Erinaë, aucune information ne filtra, si l'on mettait de côté l'attroupement de gens dépossédés de leur foyer qui s'amoncelaient autour d'elle.

¤ 7 Khole Gaïa ¤
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Mayufu
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MessageSujet: Re: Tout Feu, Tout Flamme   Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Icon_minitime1Dim 5 Juin - 15:15

Accrochée au cou de l'hybride, au milieu de la pénombre, Mayufu ignorait à quel point elle était en train d'éveiller une profonde colère au sein de son amie. Jamais elle aurait pu s'imaginer ce qui allait se produire sous peu mais, néanmoins, malgré les maladresses comises ainsi que cet aveu de faiblesse de sa part, ce qui était un fait, la Flammèche ne pouvait être plus que sincère. Sa maîtrise des mots était complètement à refaire tout autant que sa manière de s'exprimer. Parler trop la menait souvent à se planter et décrédibilisait ses propos. Quand bien même ses sentiments étaient forts, la gaffe était faite. Son regard rougeoyant plongé dans les yeux de Umar, la jeune fille sentait bien que quelque chose n'allait pas du tout. Mais étant arrivée au bout de sa phrase, elle avait même pas fait attention au sifflement émis par la sorcière des ombres. Entre sa sensation d'impuissance et cette faiblesse physique, Mayufu s'était fourvoyée. Complètement confuse et voulant sortir de cet endroit au plus vite et de ce fait, elle n'avait pas fait attention aux émotions bouillonnantes de son amie. Celle-ci semblait bien déterminée à maintenir sa forme ténébreuse. Non pas que Mayufu ne la préférait pas ainsi, mais que les faits avaient bien démontré que Lupa avait subitement disparu à l'apparition de l'intense lumière émise par l'hybride. C'était bien qu'elle la craignait, non ? Mais comment pouvait-elle aussi comprendre ce qu'elle avait derrière la tête ? Si elle persistait à rester tel quel, c'était que quelque chose avait échappé à l'humaine... Cette dernière ne parvenait pas à mettre le doigt dessus. Déglutissant lentement, Mayufu voulu dire quelque chose, ou du moins, s'expliquer sur sa perte de contrôle. Mais avoir vécu sa presque mort, même un très court instant, cela lui semblait être une douleur infinie qui la rongeait toujours de l'intérieur. Consciente que tout cela venait de son impulsivité, de sa propre faute. Mais elle ne désirait pas que cela se produise à nouveau...

Un rugissement survint alors, faisant sursauter l'humaine, toujours accrochée au cou de son amie, ne s'osant pas à regarder autour d'elle. Le souffle rapide et saccadé, le cœur battant la chamade, elle sentit les mains de Umar défaire son étreinte. Aux premiers abords, Mayufu ne résista pas, ayant l'habitude d'être tenue de la sorte et que, évidemment, elle devait la gêner à se tenir à son cou ainsi. Mais même avec cette certitude au fond d'elle, quelque chose la gênait : L'expression que la maîtresse des ombres affichait ainsi que la rudesse de ses gestes. Même en situation compliquée, cette dernière avait toujours veillé à être la plus délicate possible. Les yeux levés, tentant de comprendre ce qui se tramait dans sa tête, Mayufu entendit le second hurlement. Cette fois-ci, elle tentait de discerner la présence de Lupa autour d'elle. Mais rien. Le Monstre était fusionné aux ténèbres... Si seulement elle avait encore de l'énergie à revendre, elle aurait tout fait pour distraire Lupa, ne serait-ce que quelques secondes afin de laisser Umar s'en débarrasser. Sauf que le Destin avait jugé que cela serait trop facile...

L'altitude diminuant, la Fille de Bhaal s'attendait à sentir le sol sablonneux et mouillés se heurter à ses pieds mais rien. Une toute autre sensation pris place dans son être... un poids immense sombra sur elle d'un coup, prenant place en son coeur. Tous ses membres s'engourdirent alors, des fourmillements du bout des extrémités au reste de son corps, au passage de cette étrange sensation. Son cœur s'emballa légèrement, palpitant de manière erratique, semblant lui aussi paniquer de ce soudains épuisement général. Le temps qu'il fallut à son cerveau tournoyant pour comprendre ce qu'il lui arrivait et de relever la tête pour interpeller Umar, cette dernière sentit soudainement les mains de son amie la lâcher. Agrippée par la gravité, ses tripes se soulevant, la jeune fille se retrouva enfermée dans un autre espace temps que son environnement.

Tout le monde aurait normalement hurlé à un tel moment mais pas Mayufu, qui était en pleine réalisation de ce qu'il venait de se passer. Son amie venait-elle réellement de la lâcher dans le vide, sans se soucier si elle était bien posée et lui siphonner le peu de force qu'il lui restait ? Bien que les mots de l'hybride sonnaient encore fortement dans sa tête, la fille aux cheveux noir de jais était incapable de comprendre en quoi elle s'était parjurée ! Pour avoir tenter de protéger des gens qu'elle ne pouvait pas encadrer ? Qu'avait-elle pas compris dans le concept de la protéger d'une mise en garde implantée dans leurs corps par la Déesse de la Nature ?! La jeune fille n'avait nullement eu l'intention de l'humilier ou de lui faire défaut, au-delà de ses propres tares mentales en tant que Fille de Bhaal. Au grand jamais ! Si celle-ci croyait cela, alors, elle s'était lourdement trompée ou était trop impliquée dans ce combat qui pouvait la mener à sa mort quasi certaine ! La Flammèche comprenait bien qu'elle était d'une maladresse sans nom quand il s'agissait de s'exprimer, préférant les actes. Mais ironiquement, elle avait souvent ce besoin irrésistible de devoir se justifier ou s'expliquer et, souvent, à rallonge. L'amenant dès fois à se prendre de pleine face une paroi rocheuse pour l’assommer. Quant bien même elle se savait dans le juste, ayant été malencontreusement investie de la bêtise même sur l'instant T, la jeune fille ne retiendra pas sa colère d'avoir été larguée ainsi, sans la moindre explication ni une quelconque consigne. Surtout dépouillée de ses forces restantes. Faisant alors d'elle un bout de viande sur pattes pour le Monstre que ce dernier n'aurait qu'à gober tout rond !

La chute lui semblait si lente. Perdant petit à petit de vue Umar, se retrouvant seule avec elle-même avant de toucher le sol de plein fouet. Lâchant alors un gémissement suivis d'un grognement aux premières sensations de douleur. Tombée sur les pieds, son corps ne soutenait plus son poids. À peine ses chaussures touchèrent un grain de sable qu'elle se retrouva sur les fesses, glissant brusquement, se faisant mal au bas du dos, des ondes de choc parcourant son corps déjà très éprouvé. Du sable envoyé à la figure, elle s'étouffait à moitié en tentant de reprendre son souffle qui avait cessé dès le moment qu'elle avait été lâchée dans le vide. Avec peine, elle parvint à s'appuyer sur ses genoux, se tenant face contre le sol, son corps entier tremblant de fatigue, elle parvint avec difficulté à reprendre le contrôle de son souffle et crachait le reste du sable dans sa bouche. Jusqu'à qu'une voix familière vint soudainement lui vriller les tympans. La gamine serait-elle de retour ? Ses yeux tentant de percer les ténèbres pour discerner un semblant de silhouette, elle ne trouva rien ressemblant à cette peste. Elle n'entendit que des pas s'éloigner rapidement dans le crissement du sable et suivit d'un bruit lourd et sourd, comme si quelqu'un se jetait à même le sol. Néanmoins, à la place de ce qu'elle espérait trouver initialement, plusieurs hommes se tenait autour d'elle. Tous armés d'armures de métal et d'armes dont un, semblant être le meneur du groupe, et magicien de surcroît, se tenait debout devant elle après qu'un des soldats fit remarquer la présence de la Flammèche au sol. Encerclée, Mayufu aurait préféré faire une meilleure entrée en scène. Sale comme jamais, tout son être trempés d'eau salée et de sang, avec un mélange de sable et cendre. Comparé à cette petite troupe toute propre et étincelante.

Relevant la tête légèrement pour fixer le supposé meneur de la petite troupe, l'humaine ne dira rien ni même tentera de les prévenir. Parce que à peine ils avaient remarqué qu'elle était là qu'un nouveau hurlement retendit, propageant des vibrations à travers tous ses membres. Elle eut même l'impression que les ténèbres mêmes tremblaient... Un soupir lasse et désespéré que seule Mayufu pouvait comprendre sur l'instant présent s'échappa difficilement de sa bouche. Plongeant un regard vide de sens dans celui du mage qui, à l'entente du hurlement, sombra dans une panique impossible à masquer. Mayufu l'observait tout en tentant de se relever, ses jambes tremblantes sous son poids. Les soldats se rassemblant autour de leur magicien qui leur ordonnait de se battre. À moitié debout, la Flammèche savait qu'il ne fallait surtout pas rester ici, que quelques pas pouvait encore lui donner un peu de répit. Gardant une forme d'espoir en Umar quant à un plan volontairement caché pour plus de réalisme et tendre un piège plus facilement au Loup géant. Un premier grognement se fit entendre... Les sursauts de peur des hommes l'entourant étaient palpables sans même les voir. Le regard flamboyant se tournant vers là où provenait le second grognement qui venait de déchirer la pénombre, Mayufu n'attendit pas une seconde pour tenter de se décaler de quelques pas et tenter de se défaire d'un assaut aussi soudains que brutal. Ne prenant toujours pas la peine de prévenir les soldats... À quoi bon de le faire de toutes manières ? Jamais ils n'avaient vu pareille chose, ils ne la croiraient même pas. Ils seraient d'autant plus incapable de faire quoi que ce soit dans ce noir total en plus de perdre un temps précieux à parlementer. Il valait mieux tenter de se sauver elle-même, aussi fin était l'espoir qu'elle pouvait nourrir.

Sans surprise, une masse énorme sombra sur le groupe d'homme à côté d'elle. Le premier n'eut même pas le temps de se rendre compte de ce qu'il se passait qu'il fut instantanément coupé en deux, les deux bouts propulsés sur la Flammèche qui se retrouvait propulsée au sol, pleine poire dans le sable. Un amoncellement de tripes et de sang se déversant sur elle. Une cacophonie de cris mêlés à des grognements inonda les oreilles de l'humaine tentant de se passer pour morte sous les morceaux de corps s’empilant autour et sur elle. Sentant les mouvements d'air que provoquaient Lupa, elle ne pouvait que prendre son mal en patience et respirer le plus lentement possible tout en subissant les tripes et éclaboussures de sang. Du coin des yeux, elle apercevait la masse monstrueuse réduire en charpie les soldats et le mage. Ils ne pouvaient évidemment rien faire et Mayufu retenait son souffle. Ses mains se crispant dans le sable se mélangeant à l'hémoglobine. Autant elle n'étais pas sensible à de telles visions d'horreurs...mais ce monstre, même juste légèrement esquissé dans la trame ténébreuse, l'effrayait complètement. Espérant, priant le peu d'espoir qu'elle avait encore pour que Lupa l'oublie complètement ou ne l'ai pas vue du tout. Néanmoins, si une telle chose devait se passer, c'est que la bête avait forcément une idée derrière la tête. Il lui était impossible de ne pas la voir ou ne pas la sentir. La faiblesse et la peur de Mayufu devait largement juste se faire ressentir par n'importe quoi à des kilomètres à la ronde tellement son corps tremblait. Seule, abandonnée. Ne voyant pas Umar surgir après un tel massacre. Ne lui venant pas au secours alors que Lupa n'avait qu'à faire un petit geste pour la tuer sans la moindre résistance... l'humaine commençait à réaliser qu'elle était seule. Vraiment seule. Face à cette puissance surpassant la nature même. Plaquée face contre le sol, elle ne lâchait pas la scène des yeux, du sang en quantité perlant sur son visage, glissant le long de sa chevelure poisseuse.

Mais aussi brutal et rapide que fut cette attaque, la silhouette monstrueuse disparu subitement, balayée par des rayons de lumière surgissant de tous les sens. Une chaleur douce cassera son visage, lui faisant alors comprendre que le vrai jour était revenu. La lumière n'était pas aussi intense que celle émise par Umar, comme elle aurait espéré la voir. Restant ainsi quelques secondes, immobile, sous cette décharge de chair, de sang et de boyaux. S'assurant que Lupa n'était plus dans les parages avant d'enfin reprendre son souffle et se redresser d'un coup pour se débarrasser du poids du mort sur elle qui l'étouffait complètement. Ses pensées filaient à toutes vitesses, l'empêchant de vraiment se rendre compte à quoi elle venait d'échapper. Ses mains bougeaient de manière désordonnées, cherchant à la débarrasser des bouts de tripes qu'elle avait sur elle. S'essuyant le visage par simple automatisme, de manière très grossière. Son cœur ne désirant que s'enfuir de son thorax, ses poumons se gonflant et dégonflant beaucoup trop vite pour qu'elle arrive à reprendre le contrôle. Mais au moins, la lumière était là. Jamais elle n'avait été aussi rassurée de sentir les rayons du soleil s'écraser sur son visage. Ce fut dans un geste pour s'ébouriffer les cheveux pour les défaire du sable et du sang, du mieux qu'elle pouvait, que la Flammèche laissa tomber son regard sur une présence à ses côtés. Comme paralysée, celle-ci semblait tout autant désorientée qu'elle de se retrouver en tête à tête ici, pensant sûrement ne plus trop risquer de croiser la fille de Bhaal hors de sa sphère.

Ses mains quittant lentement ses cheveux, Mayufu se releva doucement, tentant vainement de cacher l'extrême faiblesse dont elle faisait preuve. Ses yeux flamboyant n'ayant pas quitter pour le moins du monde cette gamine dont elle ne savait quoi penser. Autant elle mourrait d'envie de l'étriper et la faire souffrir aussi longtemps que la vie serait capable de supporter sa présence dans son être. Autant elle se savait incapable de faire quoi que ce soit dans son état actuel et qu'elle ne prendrait pas le risque de se faire renfermer dans cette sphère ténébreuse. Ce fut seulement lorsqu'elle se tenait enfin droite, qu'elle soupira longuement en fermant les yeux, faisant ainsi comprendre à cette peste qu'elle ne lui ferait rien. Détournant le regard, se frottant le visage de ses mains, ses yeux peinant à supporter cette soudaine clarté retrouvée. Lui offrant alors la scène de massacre qu'elle avait enclenchée y a quelques heures de cela. D'énorme nappe de fumée s'élevant dans les cieux, des gens s'affairant ici et là et semblant ne l'avoir même pas remarquée. Face à cela, Mayufu se revoyait sauter de son île pour plonger et répandre le chaos ici bas. Le bruit causé par cet immense incendie envahissant à nouveau son esprit, se mêlant aux plaintes et aux cris qui lui parvinrent enfin aux oreilles et l'extirpèrent de ses pensées. Son regard se perdant dans le décors et le ciel, croissant la route de Limouria qui se trouvait plus loin au-dessus. Le visage marqué d'immenses cernes sous les yeux, la jeune fille fut parcourue d'un soudains frissons. Le vent commençait à se lever et pas un vent comme les autres. Il ne lui fallu pas plus pour comprendre la source de ce phénomène. Elle était toujours là et, en plus, seule avec la Flammèche. La gamine semblait elle aussi avoir saisi le danger puisqu'elle semblait tenter de réitérer de faire appel à son pouvoir, au vu de ses expressions qui traversaient son visage, mais rien ne se passait... Soit elle était complètement épuisée elle aussi, soit il n'y avait qu'une personne pour le moment capable de bloquer ce dernier sans la moindre difficulté.

Le microclimat se changea à nouveau en terrible rafale de vent, emportant les poussières, les cendres et le sable avec lui. L'éblouissant complètement, Mayufu faisait à nouveau face à cette silhouette macabre sortie de ce rideau de sable. Une silhouette vêtue de blanc, au visage se voulant pourtant apaisant et rassurant. D'une beauté surnaturelle. Mais toute cette scène confirmait ses soupçons... Lupa n'en avait qu'après elle, comme complètement obsédée par sa personne. Mais pourquoi ? Si elle croyait que la Fille de Bhaal se plierait à sa volonté, même dans un combat d'usure, elle perdrait son temps. Néanmoins, pour le moment, elle ne pouvait clairement pas opposer quoi que ce soit face à elle. Ni même la moindre distance puisque, si elle ne bougeait que d'un pas, elle s’écroulerait comme un vieux torchon. Tentant alors de faire de son mieux pour au moins voiler la panique qui s'installait en elle à mesure qu'elle s'approchait dans ce silence si oppressant. L'incompréhension, mêlée à de la défiance, se lisait parfaitement sur son visage.

Comme la première fois, un silence mystique s'installa subitement. Le temps s'arrêta lui aussi de s'écouler, laissant Mayufu et Lupa à nouveau en tête à tête. Umar toujours absente. L'humaine hurlant dans sa tête que c'était le moment de surgir pour la tuer. Qu'elle était suffisamment focalisée sur la jeune fille pour ne pas percevoir l'hybride arriver dans son dos et la réduire en charpie. Mais rien. La seule chose qui se produisit était ce sourire ensanglanté. Le regard de la proie du monstre se perdant dedans, noyée à la vue de ce sang qui encrassait ses dents pointues. Inspirant longuement, se doutant bien qu'elle allait bien finir par venir rajouter le siens, Mayufu releva la tête pour plonger son regard flamboyant dans celui de cette chose, pendant des secondes qui lui parurent une éternité. Se tenant au moins droite et fière, ne se dérobant pas face à elle, lui prouvant que sa peur ne guiderait pas ses pas et qu'elle n'obtiendrait donc d'elle aucuns cris. Aucunes supplications. Aucuns gémissements. Seulement un silence accablant et un regard qui soutiendrait le siens. Tellement concentrée à cette tâche que la Fille de Bhaal fit rapidement prise au dépourvue au contact de sa main sur sa joue. Bouchée bée, souffle coupé, le temps semblant paradoxalement s'arrêter à nouveau. « Qu'est-ce qu'elle voulait à la fin?! » se demandait inlassablement l'humaine. Elle avait beau retourné la question dans tous les sens, tout lui semblait tellement absurde. Cette femme l'avait quand même traqué jusqu'ici, elle, spécifiquement. Pourtant elle n'avait rien de plus qu'elle. Voulait-elle simplement juste lui mettre la main dessus et l'arracher à Umar ? C'était forcément le plus logique mais impossible. Bien que pour le moment, Mayufu éprouvait un vide considérable en son sein, elle ne trahirai jamais sa bien aimée.

Sa main froide glissa sur sa joue, leurs regards toujours plongés l'un dans l'autre avant qu'un plissement des yeux du côté de Mayufu survint, son visage déformé part une grimace. Une douleur aiguë, ainsi qu'un petit filet chaud s'écoulant sur sa joue, lui fit comprendre ce que venait de faire Lupa. Cette dernière portant ce même doigt à sa bouche. La main tremblante, frottant sa nouvelle plaie, fixant le bout de ses doigts, comprenant sans en saisir le sens de ce que voulait cette Lupa : Une goutte de son sang ? Tout ce foutoir que pour ça ? Relevant les yeux, désireuse d'enfin pouvoir espérer des explications, une énorme masse d'ombre surgissant de nulle part lui coupera l'herbe sous les pieds. S'abattant sur Lupa qui disparu tout aussi vite, laissant la place à une Umar guettant tout autour d'elle à la recherche de sa cible. Mais plus rien... même la tempête avait cessé d'un seul coup, tout le sable retombant mollement au sol. Les rayons de lumière perçant à nouveau cette nébuleuse de poussière qui se dissipait petit à petit. Laissant les sons de la nature reprendre leur droit et englobé cette nouvelle scène d'une Mayufu face à Umar, enfin sortie de sa cachette. Se mordant la lèvre inférieure, les yeux humides de rage et de tristesse, la Fille de Bhaal s'approcha lentement de son amie. Ses émotions étaient intenses. Elle voulait la prendre dans ses bras. Elle voulait lui mettre un poing dans la figure. Elle voulait la gronder. Elle voulait la remercier d'être intervenue, aussi tardivement que cela l'eut été. Mais rien ne vint, à nouveau. Le regard perdu, une expression hagard, exprimant l’égarement dans lequel elle se trouvait.

- Umar...Soupirant longuement à nouveau, lasse de cette situation, le regard fuyant vers le sol, sa respiration sifflant au travers de sa gorge. Merci d'être revenue... Lâcha t'elle alors, finalement soulagée d'être en sa présence même si une colère au fond d'elle lui criait de lui reprocher le fait d'avoir été abandonnée.

Mais elle n'en fera rien, décidant d'enfouir cette sensation au fond de son être et d'oublier ce qu'il s'était passé. Après tout... tout ce qui c'était déroulé ici, c'était de sa faute, rien de plus. Elle aurait dû y passer définitivement à maintes reprises... Sauf que Umar s'était toujours occupée de faire en sorte que ce ne soit jamais le cas. Luttant éperdument à rattraper ses bêtises. Estimant alors que piquer une colère n'était qu'un pure caprice, ayant bien compris que l'hybride en avait cure de l'entendre geindre à rallonge, Mayufu opta pour le silence. Acceptant cette fatalité. Essuyant grossièrement son visage avec ses mains, sentant enfin son état mental se rétablir à la détente de son corps qui n'était plus en alerte de part l'absence du Monstre. Mais ce face à face avec ce dernier la perturbait toujours autant et cette plaie à la joue la picotait toujours. La grattant légèrement en relevant son regard vers Umar, elle ne savait plus où se mettre. Désireuse de saisir son bras. Une main tendue mais paralysée par l'hésitation de ce que pourrait provoquer un tel geste maintenant..  

- Si t'étais pas arrivée, je ne sais pas ce qu'elle aurait fait mais... Elle semblait ne vouloir qu'une goutte de mon sang... Tenta t'elle d'expliquer sommairement, s'évitant à nouveau de se perdre dans des phrases hasardeuses. Mais on devrait en profiter d'être revenue dans notre plan et retourner sur Limouria, au plus vite. J'ai des choses à te dire, je pense... Notamment des excuses à te faire.

Ses yeux rougis par la fatigue, le visage sale et blafard, Mayufu tenait à peine sur ses jambes. Même la gamine, silencieuse pour le moment, pourrait lui décrocher la tête d'une pichenette si elle le désirait... Son cœur palpitant lui faisait tourner la tête. De temps à autre ses yeux partaient légèrement vers le haut, synonyme d'une perte de connaissance soudaine que la jeune fille s'évitait d'avoir en se secouant la tête en plus de cela. Son corps se balançant dangereusement. Mais quoi qu'il puisse désormais se passer, l'humaine ne faisait que démontrer un besoin sincère à Umar de se retrouver seule avec elle. Aussi loin que cette situation avait dérapé, elle avait au moins compris ce qui n'avait pas été avec elle-même. Tout cela était absurde... commettre un tel massacre, créer un centre névralgique de rencontre divine pour côtoyer la mort elle-même pour enfin comprendre qu'elle n'agissait pas par nature. Du moins, pas dans ce monde. Le sang de son père n'avait plus prise sur sa personne. Son être tout entier ne faisait que répondre à son esprit malade et vile. Répondre à un passager noir qui se terrait au fond d'elle, dans son subconscient. Même Umar passerait pour une gentille à ses côtés, elle qui n'avait eu guère envie de se mêler à tout ça à la base, n'étant plus envieuse de répandre des massacres de masse. La Fille n'était qu'une bête assoiffée de sang dans l'état actuel des choses. Une égoïste ne répondant qu'à ses propres attentes sans se soucier des besoins de celle qui habitait son cœur. Ses discours n'avaient en réalité que servis à la protéger elle-même de la violence qui sévissait en elle, de la vilenie qu'elle laissait s'abattre autour d'elle.

- Purée... tout est de ma faute. Lâchait-elle dans un souffle, plongeant son visage dans ses mains. Qu'est-ce que je suis à la fin, si ce n'est qu'une malade...? Finissait-elle en marmonnant tout bas, serrant les dents et serrant les poings à s'en faire saigner les mains. Je pensais te protéger. Je pensais agir pour ton bien. Mais en réalité, c'est moi la vile et violente que l'on doit laisser à ses démons et c'est toi qui m'a protégée et sauvée. Tu ne voulais pas de ça et tu n'as eu de cesse de me protéger. Je pensais agir sous le joug de mon père, le Dieu Bhaal, mais en réalité... ce n'était que mes pulsions et j'y répondais. Je ne suis pas mieux que cette Lupa...

Que devait-elle maintenant faire pour se faire pardonner auprès d'Umar sans partir dans des discours éloquent sans aucuns fonds et long à en crever ? Mais déjà, la pardonnerait-elle seulement pour cela ? Devrait-elle finalement songé à s'en aller seule ou se laisser embarquer par Erinae ? Mais surtout, est-ce que la sorcière des Ombres ne se porterait-elle pas mieux sans une telle aiguille dans le pied à gérer et canaliser en permanence ? Aussi loin que pouvait l'imaginer Mayufu, elle n'avait aucunes idées de s'il était seulement possible de trouver un moyens d'encadrer sa violence et son envie de laisser sa fureur se déverser sur un monde qui n'était même pas le siens. Tout ces gens ne la connaissaient même pas comparé à ceux sur Féérune. Mais étaient-ils seulement différent de ceux-là ? Ce qui était sûr, dès le moment où elle fut larguée à la merci de Lupa, l'humaine avait réalisé à quel point elle s'était trompée sur elle-même et avait blessé son amie. Elle avait un énorme travaille à faire sur elle-même afin de pouvoir s'assurer être un levier pour cette dernière plutôt qu'un frein. Beaucoup à faire pour se faire pardonner et apprendre à transformer son passage au noir en une arme bien plus efficace que de juste tuer au hasard. Néanmoins, tout cela dépendrai évidemment de son amie... c'était elle qui aurait le dernier mot. Mayufu, entièrement coupable, n'aurait strictement aucuns poids là-dedans malgré son impossibilité à s'imaginer mise à l'écart et séparée d'elle.

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MessageSujet: Re: Tout Feu, Tout Flamme   Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Icon_minitime1Mar 30 Aoû - 15:19

Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Umarav10

Mayufu parlait, mais je ne parvenais guère à la comprendre... Ses émotions hurlaient après moi ! Elles brayaient, tandis que ses lèvres remuaient pour laisser s'échapper des sons qui se perdaient dans cet océan de cris. Sans même m'en rendre compte, mon aspect de lumière succéda à celui des ombres. Mutique, vaincue par cette cacophonie, je baissai les yeux. Le sable sous mes pieds, la brise dans mes cheveux, le parfum du large, plus rien de tout cela n'avait de sens. Comme si le monde lui-même avait perdu sa saveur, et que nul autre que moi, n'était coupable de cette agueusie. Eprise de colère, j'avais commis l'impensable... En une phrase suivit d'un geste, j'eus condamné ma seule alliée. Bien qu'au tréfond de mon âme, ce n'était pas l'acte que je désavouais. Mais la pensée qui me traversa, l'espace d'un dixième de seconde, peut-être même moins, j'eus souhaité sa mort. Je voulus que cette Lupa me débarrasse d'elle ! Pourquoi ? pourquoi pareil voeu ? Cachée derrière ma puissance, je me savais particulièrement lâche. Sur Féerune, je traquai la nuit venue, expérimentai de nouveaux sorts sur des gamins comme l'oiseau traite la chenille. Lorsque la Flammèche est arrivée, ma vie fut complètement chamboulée ! Alors je crois qu'il n'y avait pas à chercher plus loin, ce que je voulais, c'était retrouver ma stabilité d'antan, et Mayufu était un obstacle à sa réalisation. Paradoxalement, je n'avais aucun désir de redevenir celle que je fus, adonc, que devais-je faire ?

Je devais me focaliser sur ce que je savais, et ce dont j'étais certaine, c'est que la perte de la Flammèche me chamboulerait d'autant plus. Oui... j'étais perdue, et personne ne pouvait, ni même ne voudrait, guider une Démone. Mon unique phare dans cette obscurité insidieuse, résidait en cette part de mon être qui déraillait. Pour la première fois de mon existence, j'allais devoir faire preuve d'un réel courage. Se battre, n'importe quel chihuahua le pouvait ! Donnez lui en plus le pouvoir sur les ombres, et il vous fera un carnage. Peut-être même plus efficacement que moi. Le vent émotionnel de la Flammèche finit par changer de direction, et se prenait désormais pour cible. Vouant un véritable culte pour l'autodestruction, je finis par comprendre, avec bien du retard, que j'étais la stabilité pour Mayufu, le phare que je désespérais de trouver. Nous étions alliées certes, voir même des amies, mais son choix n'en restait pas moins farfelu. Comment donner corps à ce dicton : L'aveugle guide le paralytique ? Ne cherchez plus... Ironie mise à part, je savais à présent à quel point je m'étais parjurée pour elle. Son phare l'avait abandonné à la tempête, sa lumière avait cessé d'être. Et désormais, son éclat, malgré son retour, était plus terne que jamais. Il serait égoïste de songer au fait de comment me faire pardonner. J'allais donc prendre sur moi jusqu'à trouver la solution que je supposai être la meilleure.

J'avais conscience de la pression que je m'infligeais, mais j'étais aussi convaincue du bienfondé de cette étape. Il devenait primordial de me forger un courage digne de ce nom, et Mayufu se trouvait justement être le parfait challenge pour ça. Et peut-être que, hypothétiquement, celle-ci pourrait à son tour m'aiguiller, devenir ma lumière ? Bien sûr, en l'état actuel, ce n'était même pas la peine d'y penser, mais avec le temps... Oui, même les Démons pouvaient rêver.

- Assez ! tais-toi à présent. Je fus à la fois ferme et compatissante. Et bien que mon instinct froussard me criait de m'exiler dans le premier trou venu, comme je l'eus toujours fait. Je l'envoyais paitre en me saisissant tendrement du visage de Mayufu. Mon pouce d'écrivit quelques cercles autour de la petite entaille que j'avais consentis par mon absence. Puis d'une douceur que je ne me connaissais point, je l'attirai contre moi, jusqu'à la lover dans la chaleur de mon giron. Mes ailes finirent par nous envelopper, nous offrant ainsi toute l'intimité dont on avait besoin. Pardonne-moi... Avais-je soufflé, une larme fuyant mes yeux clos.

L'instant fut aussi court que long, car d'une part, je me refusai de mettre un terme à cette étreinte, et de l'autre, je ne souhaitai guère attendre que l'on vienne nous interrompre. C'est pourquoi, et sans trop savoir comment d'ailleurs, nous nous envolèrent en direction de notre havre de paix. Portées par la lumière qui m'auréolait, je n'eus guère à battre des ailes. C'est ainsi, isolées de la vue de tous, que nous disparûmes sur Limouria...

[OUT : Umar et Mayufu s'envolent pour Limouria ~ICI~...Arrow]

Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Erina10

Au terme de la berceuse, la petite Hortensia somnolait à moitié, recroquevillée dans les bras de la rôdeuse. Le visage encore marqué de son coup, Erinaë ne s'osait à la contempler. A ce moment, on pouvait bien abuser de son corps sur Astrune, qu'elle s'en moquerait éperdument. Présentement, seule lui importait cette fillette esseulée, perdue et abandonnée dans la Nature. En dépit du monde chaotique qu'elle avait quitté pour se retrouver ici, la rôdeuse s'étonnait du calme qui régnait dans l'antre de Lupa. L'atmosphère devrait vrombir de sa colère, et le sol se gorger de sang ! Mais non, pas un pet de vent, rien ne semblait filtrer entre les deux mondes. Le temps passé eut l'effet d'une nuit entière sur la jeune femme, alors quand Hortensia sursauta dans un cri d'effroi, Erinaë sentit son coeur se soulever, s'arrêter, puis repartir de plus belle en tambourinant contre sa poitrine comme pour sortir au dehors ! Puis la fillette murmura entre deux reniflements : "Les yeux... ils arrivent !". Aussitôt, la rôdeuse se releva, et fit toujours en sorte de garder Hortensia derrière elle, et ce, malgré ses incessants retournements. Il lui fallut pas moins de six tours avant d'entrevoir quelque chose germer à quelques pas de sa position.

Avançant à reculons, Hortensia toujours derrière elle, Erinaë s'assura de mettre une distance de sécurité entre le monstre supposé, et l'enfant. Puis elle apparut ! Le soupir ébahi de la petite laissa entendre que c'était la première fois qu'elle la voyait. La rôdeuse fut toute aussi étonnée de voir une femme à la chevelure blonde, s'agenouiller sur le sol ténébreux. N'attendant point de savoir ce qu'elle allait faire, Erinaë s'annonça d'un ton rauque :

- Vous êtes qui ?! que venez vous faire ici ? Elles en avaient le son, la forme, l'expression, mais ce n'étaient pas des questions.

Après sa bévue auprès de Hortensia, la jeune femme n'était pas prête de réitérer l'exploit, à savoir qu'elle aussi pouvait être une alliée. Une erreur bien grossière de sa part, car voilà que cette ravissante demoiselle, se tourna en monstre. Quintuplant de volume, les yeux s'approchaient dangereusement de la rôdeuse. La petite était en larmes, elle hurlait, suppliait pour que le cauchemar s'en aille. En retour, la créature gronda à vous secouer les tripes ! Hortensia se replia sur elle-même, avant que Erinaë ne lui dise : - Ne craint rien mon enfant, on est aussi sur mon terrain !

Droite comme "i", enracinée comme une montagne, la rôdeuse adressa la suite de ses paroles directement à Lupa : - Oui, tu as raison de grogner, il est plus que temps pour toi d'affronter un adversaire à ta taille ! Et alors que le loup géant bondissait sur l'arrogante femelle, celle-ci se transforma à son tour en un ours gigantesque ! Peluche venait de faire son entrée.

Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Llll11Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Ourse10

Un combat de titans s'engagea alors, laissant la pauvre Hortensia subir les secousses de leurs tumultes ! De son énorme patte hérissée de griffes, l'ourse gifla violemment la face gauche de Lupa, la faisant valser dans une série de tonneaux, laquelle se releva aussi sec pour charger directement dans la bedaine de son assaillante, qui manqua d'écraser la fillette en basculant vers l'arrière. Plusieurs échanges de ce genre suivirent le début des hostilités, si bien que Hortensia dut migrer jusqu'à l'autre bout de l'antre pour s'épargner une mort aussi soudaine que sanglante...

Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Horten10

Lors d'une ultime volée, les yeux se fracassèrent contre le sol, puis glissèrent jusqu'à elle... D'abord terrorisée, l'enfant parvint à se rassurer devant le semblant de calme qui parcourait la bête. Sa langue ressortait, et à son extrémité gluante perlait une mystérieuse goutte de sang. Mystérieuse, car elle se ne détachait point de son support visqueux, elle demeurait là, comme la rosée sur la pointe d'une feuille. A maintes reprises, Hortensia assista à une scène qui, "aujourd'hui" encore, échappait toujours à sa logique. Parfois, une goutte de sang, en tout point semblable à celle-ci, se décrochait du vide pour s'écraser devant elle, avant de disparaitre à jamais. Malgré la peur, et surtout poussée par une curiosité maladive, la jeune fille parvint à se saisir de la larme sanguine. Une main qu'elle retira juste à temps, car les mâchoires de Lupa claquèrent férocement. Hortensia sursauta, et voulut disparaitre de son champ de vision, mais son acte ne passa guère inaperçu, et devint malgré elle, la cible du monstre. Fort heureusement, l'ourse intervint juste à temps pour lui faire manquer son coup. Les dents et les griffes s'agitèrent à nouveau, laissant ainsi la fillette seule avec sa goutte de sang. Mais le liquide finit par s'écouler dans le creux de sa main, avant de s'assécher, comme si le fait de l'avoir prise aux yeux, avait rompu le charme qui la préservait...

Au même moment, sur les abords de Limouria, la coupure sur la joue de Mayufu disparut, laissant ainsi entendre qu'elle n'avait plus à s'en soucier. Hortensia, bien malgré elle, avait sauvé cette fille d'une malédiction certaine.

Déçue, l'enfant fit la moue, tandis que Lupa hurlait à la mort ! Peluche bondit de tout son poids pour lui fermer son clapet, mais celle-ci se volatilisa, et ce, en même temps que Hortensia, laissant ainsi la rôdeuse seule avec ses tourments. Quittant sa forme d'ours après s'être assurée de sa solitude, Erinaë s'en retourna sur Astrune, et constata qu'une personne bienveillante avait pris soin de lui couvrir les épaules. Si l'incendiaire avait fui les parages, l'archère abandonnerait alors sa traque pour partir à la recherche d'Hortensia. Désormais, elle en faisait une affaire personnelle.

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Elvin
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MessageSujet: Re: Tout Feu, Tout Flamme   Tout Feu, Tout Flamme - Page 2 Icon_minitime1Dim 31 Déc - 21:59

Et, tel un nouvel crépuscule, la lumière se dilua et s’éteignit à nouveau. Mais peu m’importait à ce moment. Oui. Je ne craignais plus rien ; j'étais extraordinaire ; rien ne pouvait me nuire. Je me l’étais promis, juré, et je ne comptais pas changer. Oui, mon cœur resterait stable désormais. On avait besoin de moi, je ne pouvais plus me permettre de faiblir. Je devais trouver la dame des bois. Voilà. Je fermai les yeux dans les ténèbres et je respirai, profondément. Je m’imaginai ne faire qu’un avec le vent. J’avais vu où se trouvait la rôdeuse toute à l’heure, je la sentais même presque sur le bout de mon nez. Ignorer le reste, rester concentré.

Après tout, les ténèbres n’étaient pas si importantes, non ? Quand il fait si sombre, il n’y a plus rien pour nous faire peur. Comme s’il n’y avait même plus rien du tout, il n’y plus que nous, nous seul, nous seul à décider. Oui, j’étais le seul à décider de mon destin. Ce choix, je l’avais fait : j’allais aider qui je pouvais aider. J’allais rejoindre cette personne, si fragile, que j’avais sauvée du sang. J’allais prendre soin d’elle.

Ces deux femmes, la fille du feu et celle ailée, m’avaient bien aidé mais, j’avais des yeux, j’étais capable de me rendre compte que jusqu’à présent j’avais surtout été un poids pour elles. Elles étaient déjà si puissantes, elles n’avaient pas besoin de moi, elles pouvaient vivre, survivre, combattre seules. En revanche, qu’en était-il de cette personne ? Qu’en était-il de ce corps que j’avais vue se tordre et se distordre, douloureusement, entre les arbres ? Qu’en était-il de cette forme que j’avais exhumée de cette boue cuivrée, que j’avais bandée, recouvrée, abritée ? J’avais dû la laisser sur la grève alors, mais je ne la laisserai pas tomber.

Oui, je ne la laisserai pas tomber. Et comme pour marquer encore plus ma décision, une aube nouvelle se leva à son tour. Ce n’était qu’une timide aurore mais cela me suffit à ce moment-là. Je sentis mon cœur se calmer encore et j’ouvris les yeux sur la forêt au-dessous de moi. Sourd aux menaces de la brise, je savais ce que je cherchais, je savais qui je cherchais et plus rien ne pouvait plus m’en détourner. Je me laissai glisser sur le sol de terre et me mit à courir dans une destination, dans cette destination qu’intimement je savais la bonne.

Je courrai à travers les buissons et l’humus, sautant, vif et sans hésitation. Le sirocco ennemi s’était levé. Il tentait de m’aspirer de son souffle sec. Mais j’étais déterminé. Il hurlait, portait des cris, des larmes. Il voulait me retenir. Mais je ne pouvais pas m’arrêter. Il sifflait du sable et des crocs de poussières, comme des lames dans ma chair. Mais il me fallait continuer. Peu importait ses obstacles, peu importaient ses énièmes mirages. J’avais cessé de les écouter. Mais s’ils étaient vrais ? Je ne pouvais plus me permettre de me laisser aller à ces vagues à l’âme. Non, je devais la retrouver.

Mais pourquoi me précipitai-je ainsi, au fond ? Pourquoi cette femme plutôt qu’une autre ? Je ne savais même pas où j’allais. Je ne savais même pas qui j’étais. J’ignorais tout, alors pourquoi avançai-je encore ? J’allais me perdre, sans doute, pour peu que je puisse me perdre encore. J’avais les yeux rouges, douloureux. Pouvais-je seulement voir où j’allais dans ce monde embué ? Je reniflais. Je ne voulais pas m’arrêter de courir, mais j’avais si mal. Les épines m’avait éraflé les pieds, les bras, les joues. Mes muscles me criaient à l’aide. Mais je continuai de foncer, tel un demeuré. Je voulais être sûr de moi mais je cavalais déjà depuis tant de temps, des minutes qui me paraissaient comme des heures. Les griffes du vent finissaient déjà par retomber et il n’y avait plus rien pour sécher mes yeux.

Il me fallait bien me rendre à l’évidence, j’étais perdu. Je bondissais, je trottais, je cherchais, mais je ne faisais qu’errer. Mes pas finissaient par se perdre et se tarir. Je marchais, je boitillais, je pleurais, mais je ne servais à rien. Était-ce là mon destin ? Non ! Je ne voulais pas ! Mais alors quoi ? J’étais là, immobile, au milieu de bois vides. ...encore fois, si je pouvais me permettre de me le faire remarquer. Non ! Cette fois-ci j’avais un objectif ! Mais où étaient passées toutes ces belles résolutions, n’étaient-ce que de vœux pieux ? Non. Je respirai à nouveau, me gonflais de l’air de la forêt. Ne plus penser, avancer.

Et je la vis alors. Il me sembla que mes genoux manquèrent de céder sous mon poids. J’avais été davantage frappé par mes inquiétudes que je ne l’avais pensé. Mais là, plus rien d’autre n’importait. Elle était là, en bas, près d’un grand sapin d’eau, juste au bord des bois, là où les racines se mêlent de sable et émergent de la poussière. J’avais juste été porté trop loin et je l’aurais ratée. Mais elle était là, devant moi maintenant. Elle dormait, presque paisiblement, assoupie contre un oreiller de roche.

Mon sang ne fit qu’un tour, la roche ! Je me précipitai auprès de la dame des bois. M’appuyant de tout mon poids, je fis tomber la pierre plus loin, afin qu’elle ne risque pas de la blesser à nouveau d’une façon où d’une autre. Puis, je m’affairai autour de celle que j’avais tant cherché. Mes mains bougeaient d’elles-mêmes, précises, concentrées. Elle avait une blessure à la tête, il fallait y apporter les soins. Sans vraiment en prendre conscience moi-même, je me mis à les appliquer. D’abord ici, puis je passai aux autres parties de son corps, ses blessures, ses griffures, mais tout était bien mineur face à cette première blessure. Méthodique, j’exécutai les soins avec une maîtrise que je ne me connaissais pas moi-même, comme si je l’avais fait depuis tant de temps.

Lorsque je repris conscience de moi-même, je ne pus m’empêcher de m’en étonner. Je me fascinai moi-même, placé devant ces soins dont j’étais pourtant la source. Je me mis à penser à moi-même, à qui j’étais. Un médecin ? Je ne sais pas pourquoi, mais face à cette idée mon cœur se remplit de chaleur, une chaleur à en faire rosir mes joues. Cette idée me ravissait et me comblait. Une partie de moi ne pouvait s’empêcher d’en douter mais, à cet instant, elle n’était rien face à la joie qui remplissait ma poitrine. Je souris. J’étais content que tout se soit bien passé, en définitive.

Je levais les yeux vers le ciel, des fumées sombres teintaient encore l’éclat du soleil. Le vent, qu’on sentait certes un peu moins ici que sur la plage, était frais, mais pourtant j’étais heureux. Je m’assis auprès de la dame des bois, la borda d’un large tissu, la veilla. J’espérais qu’elle se réveille bientôt. Comme ça, nous pourrions être deux à être heureux. J’étais vraiment heureux. Alors, pelotonné comme j’étais, je joignis les mains devant moi, et je commençai à prier :

***Bonjour Gabriel. Je ne sais pas pourquoi c’est lui que je priai. Je voulais juste vous dire que je suis content. On a eu beaucoup de problème auparavant. D’abord, je me suis réveillé au milieu de nul part, je me suis fait emporté par le vent, je me suis retrouvé au milieu d’une bataille. Puis la nuit est tombée, s’est relevée, est retombée à nouveau, est repartie. J’ai vu des choses étranges, horribles même je pense, le monde qui change, le sang, Lupa et… enfin… tout va bien maintenant. C’est ça le principal, non ?

Tu sais, j’ai même pu aider quelqu’un. C’était une femme que j’avais croisé dans la forêt. Elle allait mal là-bas, mais elle va mieux maintenant. J’ai l’impression qu’elle a tendance à se cogner la tête, il faudra que je fasse attention maintenant. Je ne voudrais pas qu’il lui arrive de mal. J’ai eu du mal, moi, j’ai eu du mal à aider quelqu’un. J’ai même pensé un moment que j’étais complètement inutile. Mais elle est là désormais, et je veille sur elle. Elle va bien aller, je pense. Je suis content d’avoir pu la secourir.

Oh ! J’en ai même découvert plus sur moi. Je crois que je suis médecin, enfin que je l’étais. …mais je ne suis pas sûr, hein. Je ne sais pas encore si c’est ce que je veux être plus tard, mais en tout cas je trouve cela agréable de pouvoir être utile, de les soigner. Au fond de moi, j’aimerais bien les soigner d’un coup, comme par magie, mais on va y aller par étape, d’accord. Ha ha !

Bref, je ne sais même pas vraiment pourquoi je t’adresse cette prière. Je crois que j’étais content, que j’en avais envie. Tu m’as un peu manqué dans les événements d’avant, même si je ne sais pas pour quelle raison. Je t’aurais bien adressé une prière alors, mais… je ne sais pas, j’avais l’impression que cela ne t’aurait pas rendu heureux. Mais là, je suis content. Prends bien soin de nous, et de toi aussi. Eh bah… je ne sais pas vraiment comment finir une prière. Amen ? Bonheur ? Puisse jamais aucun souci n’arriver ? Et… hmm… merci.***
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